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LE SYNDROME DU LEMMING

Publie le lundi 31 juillet 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

de Le Yéti

Dans les années 60, courait la légende du suicide des lemmings. Pris d’une incontrôlable pulsion de mort suicidaire, ces petits rongeurs de Norvège se précipitaient en masse, nous racontait-on, du haut des falaises qui dominaient les fjords.

C’est un mythe que ce suicide collectif, démenti depuis par toutes les études scientifiques - les lemmings ne sont pas si fous ! Mais il éclaire sur l’esprit échauffé des humains qui l’ont propagé.

Et si Israël était devenu le propre artisan de sa future destruction, se ruant tête baissée, tels les lemmings de la légende, vers le néant, l’anéantissement ?

Saisi de la même fureur que celle prêtée aux minuscules campagnols nordiques, Israël vient de partir une nouvelle fois à l’assaut du Liban, pulvérisant, massacrant, mutilant, sous des prétextes sans commune mesure avec des actes aussi gravissimes. "C’est le Hezbollah ou nous !" proclament-ils. Mais il y a une grande différence entre les gens du Hezbollah et Israël.

Israël est né de la volonté des nations victorieuses de la Seconde guerre mondiale. C’est un État artificiel résolument colonialiste, ne reposant sur aucune réalité historique, sinon celle d’une communauté religieuse. A-t-on jamais vu autre pays fondé sur une appartenance religieuse ? Israël est bâti sur du sable. Dès 1948, dans une lettre au New-York Times, des Juifs aussi peu suspects que Hannah Arendt et Albert Einstein s’inquiétaient déjà des dérives "fascistes" (je cite) qui accompagnaient la création de cet État, avec la complicité des États-Unis.

Le Hezbollah, comme le Hamas ou Al Quaïda et tous les extrémismes islamiques modernes, ne préexistaient pas à la création d’Israël. Ils sont nés sur les ruines laissées par ce nouvel État, n’existent que par ces décombres. Ce sont nos folies qui nous font engendrer nos propres démons, sécréter les venins qui nous tueront.

En multipliant les exactions meurtrières, en atomisant Cana, Israël n’éradique pas le Hezbollah, il le renforce et le légitime comme résistant unique à sa démence. Car c’est bien de démence dont il s’agit. De celle qui conduit un forcené à massacrer tout ce qui l’entoure avant de disparaître à son tour. De cette rage meurtrière et froide qui s’empare des puissants quand ils se rendent compte que leur puissance a atteint ses limites. Tous ces morts civils, ces cadavres d’enfants pulvérisés, c’est autant de kamikazes en gestation pour les temps à venir.

Quelle différence entre un kamikaze islamique et Tsahal ? La disproportion des moyens logistiques et c’est tout.

Cela en est fini de tout espoir de paix pour des générations dans cette région du monde. Envolée la perspective ne serait-ce que d’une simple coexistence de raison. Israël va jusqu’à décourager ceux qui, à défaut de le soutenir, admettait son existence comme un fait accompli incontournable de l’Histoire.

Alors quoi ? Que reste-t-il à Israël et à ses formidables moyens logistiques pour aboutir à ses fins, éradiquer ces "terroristes" toujours plus nombreux qui l’entourent et le menacent. Quelle autre solution trouveront-ils, poussés au cul par le monstre états-unien, sinon la ...

La solution finale ?

Combien doit-être douloureux pour des Juifs d’entendre cette expression terrible ! Pourtant, elle court désormais dans tous les esprits. J’essaie d’imaginer les sentiments qu’aurait éprouvés aujourd’hui le vieil ami juif auquel je dois tant, lui qui passa son adolescence à Auschwitz et ses premières années d’adulte dans les prisons staliniennes. Sans doute, serait-il agité des mêmes émotions que celles qui bouleversent maintenant sa fille, la mère de mes enfants : un terrible sentiment de douleur, de colère et de honte devant cette barbarie prétendument "civilisée", ce gâchis humain irrémédiable, ce suicide collectif qui n’est plus un mythe.

Le Yéti

Messages

  • Extrait de l’album "Pawn hearts" (1971) : "Lemmings", du Van der Graaf Generator

    "We have looked upon the heroes
    and they are found wanting ;
    we have looked hard across the land,
    but we can see no dawn ;
    we have now dared to sear the sky,
    but we are still bleeding ;
    we are drawing near to the cliffs,
    now we can hear the call.

    The clouds are piled in mountain-shapes,
    there is no escape except to go forward.
    Don’t ask us for an answer now,
    it’s far to late to bow to that convention.
    What course is there left but to die ?"

    "Nous avons cherché les héros
    et les avons trouvés dans le besoin ;
    nous avons cherché longtemps sur cette terre
    mais ne pouvons voir aucune aube ;
    maintenant nous avons osé enflammer le ciel
    mais nous saignons encore ;
    nous nous approchons des collines
    et pouvons enfin entendre l’appel

    Les nuages sont empilés en forme de montagne,
    il n’y a pas d’échappatoire si ce n’es d’aller de l’avant.
    Ne nous demande pas une réponse maintenant,
    il est bien trop tard pour s’incliner devant cette convention.
    Quel route nous reste-t-il, si ce n’est de mourir ?"

  • Merci à toi Yéti pour ce beau texte, clair, simple et limpide dont je partage totalement le contenu, comme le sens.
    Fraternellement,
    Tzigane