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Des intermittents du spectacle s’invitent sur le plateau...

Publie le dimanche 19 octobre 2003 par Open-Publishing

Des intermittents du spectacle s’invitent sur le plateau de Star Academy
LEMONDE.FR | 19.10.03 | 10h20
La police a interpellé trois manifestants, a annoncé de son coté la préfécture de Seine-Saint-Denis. Les trois manifestants ont été interpellés pour "violences, effraction et troubles à l’ordre public, sur ordre express du préfet".
Les intermittents du spectacle, qui protestent contre la réforme de leur régime d’indemnisation du chômage, ont mené une action-éclair samedi 18 octobre dans la soirée en direct sur le plateau de TF1 obligeant la chaine de suspendre la diffusion de Star Academy, une de ses émissions les plus populaires.

"Star-Ac", enregistrée en direct dans des studios de la Plaine-Saint-Denis, au nord de Paris, avait commencé depuis quelques minutes lorsque une cinquantaine d’intermittents ont fait irruption sur le plateau. Ceux-ci se sont dirigés vers l’animateur Nikos Aliagas qui a laissé l’un d’entre eux prendre la parole pour exprimer leurs doléances. Après la prise de parole, l’animateur a introduit une page de publicité.

Le vice-président de la chaîne, Etienne Mougeotte, a alors pris la décision d’interrompre l’émission et de lui substituer un épisode de la série policière "Julie Lescaut".

Hors antenne, les intermittents ont voulu continuer à s’exprimer. Les vigiles de la chaine sont alors intervenus pour les faire évacuer. "J’ai pris la décision d’arrêter Star Academy parce qu’il y eu violences et voies de faits", a indiqué M. Mougeotte qui a précisé qu’il a déposé plainte pour ces motifs contre les intermittents.

La police a interpellé trois manifestants, a annoncé de son coté la préfécture de Seine-Saint-Denis. Les trois manifestants ont été interpellés pour "violences, effraction et troubles à l’ordre public, sur ordre express du préfet", a ajouté la préfecture. Lors de l’intrusion des intermittents, "il y a eu des échauffourées. Deux personnes ont dû être hospitalisées, une hôtesse de TF1 qui a le bras cassé, ainsi qu’un manifestant. Certains ont quelques écorchures", a-t-elle encore indiqué.

"Je suis prêt à discuter mais jamais je n’accepterai de travailler sous la violence", a affirmé Etienne Mougeotte en rappelant que sur la même chaine, en juillet dernier, à Nice, un temps de parole avait été accordé aux intermittents pendant la diffusion -également en direct- de l’émission de téléréalité "Nice People". Après la diffusion du feuilleton de substitution, l’émission a pu reprendre, vers 23 H, en présence de son invité Jacques Dutronc.

"LE GOUVERNEMENT, SEUL RESPONSABLE"

Jean Voirin, secrétaire général de la fédération CGT du spectacle, a estimé dimanche que l’irruption d’intermittents du spectacle samedi soir sur le plateau de l’émission de TF1 Star Academy "n’est absolument pas illégitime". Interrogé par l’AFP, Jean Voirin a affirmé que l’intrusion d’une cinquantaine d’intermittents dans les studios où se tenait en direct l’émission vedette de la chaîne est "la conséquence de la posture prise par le gouvernement, et singulièrement le ministre de la culture et de la communication, Jean-Jacques Aillagon, depuis plusieurs mois".

Selon lui, "cette attitude a pour résultat une colère certaine qui se traduit naturellement par des formes d’action tous azimuts". "Le gouvernement est le seul responsable de cette exaspération", a poursuivi le responsable syndical.

De son côté, la coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France a exprimé dans un communiqué son "soutien sans réserve" à l’action des intermittents samedi soir. La coordination a rappelé que le geste "s’inscrit en cohérence avec la semaine de mobilisation et de résistance organisée du 13 au 19 octobre, contre la politique de destruction systématique des droits sociaux, de l’éducation, des protections sociales, et de tout système mutualiste et collectif".

UNE SEMAINE D’ACTIONS

L’intrusion des intermittents samedi soir a été l’élément le plus spectaculaire de la semaine d’actions organisée du 13 au 18 octobre par les intermittents du spectacle.

Jeudi, une manifestation - à l’appel de la CGT, syndicat majoritaire dans ce secteur d’activité - a rassemblé entre 2 500 et 3 000 personnes dans les rues de Paris. Au même moment, quelques manifestations et interventions se sont déroulées dans une demi douzaine de villes en régions. Le même jour, l’émission de Laurent Ruquier "On a tout essayé" sur France2 a également été momentanément interrompue.

Les intermittents du spectacle protestent contre la refonte de leur régime spécifique d’indemnisation du chômage qui entrera progressivement en fonction à partir du 1er janvier 2004. Ils manifestent depuis plusieurs mois. Le mouvement a notamment provoqué l’annulation de plusieurs festivals cet été (Avignon, Aix-en Provence, Francofolies de la Rochelle).

Cette semaine, les manifestants - regroupés notamment au sein de coordination s- appelaient à une "semaine de la culture morte pour le spectacle vivant". Pendant la même période, ils appelaient les téléspectateurs à boycotter télévision et cinéma dans le cadre d’une opération "écran noir".

Avec AFP