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Vers la criminalisation des intermittents en lutte ?

Publie le dimanche 19 octobre 2003 par Open-Publishing

Confédération nationale du travail

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Contact CNT spectacle RP :

spectacle.rp@cnt-f.org

Paris, le 19 octobre 2003

La Confédération nationale du travail exprime son soutien avec les quatre
intermittents du spectacle arrêtés suite à l’action d’hier soir dans le
studio de Star Academy, à La Plaine-Saint-Denis.

L’action organisée par les intermittents en lutte avait pour objectif la
lecture à l’antenne de leurs revendications. Immédiatement, les vigiles
ont tenté d’instaurer un rapport de force violent. Tandis qu’une partie
des manifestants parvenait sur le plateau, déployait une banderole « 
Éteignez vos télés » et prenait la parole en direct, les autres
subissaient les violences d’une trentaine de vigiles. Mais c’est après la
sortie de ceux qui étaient sur le plateau que les vigiles se sont
déchaînés, encouragés par un individu, apparemment une responsable de TF1,
confisquant les caméras et appareils photos. Par ailleurs, Etienne
Mougeotte avait ordonné la suspension de l’émission.
Bilan : un manifestant hospitalisé, plusieurs intermittents commotionnés
et blessés. Plusieurs caméras et appareils photos ont été par ailleurs
détruits ou saisis par les vigiles, qui les ont rendus après avoir effacé
les images. La police a pris le relais en arrêtant 3 manifestants désignés
par les vigiles (!), un quatrième manifestant étant arrêté à son domicile
dans la matinée de dimanche.

On peut s’interroger, au regard du déroulement des événements, sur ce qui
semble être une stratégie délibérée de TF1 de s’opposer violemment à un
mouvement de fond. La chaîne n’est pas ignare en matière de manipulation,
en particulier de manipulation des images. Elle a empêché les manifestants
de repartir avec leurs propres images, et a utilisé les siennes, dès le
journal de 13h, dimanche, pour propager la version officielle, en montrant
la violence des manifestants. L’Etat a profité de l’occasion en procédant
à plusieurs arrestations immédiates, confirmées par une arrestation le
lendemain, ceci légitimant la version offerte par TF1 sur un plateau. Même
si toutes les actions qui avaient eu lieu jusqu’alors s’étaient déroulées
dans le calme, les intermittents quittant le plateau une fois leurs
revendications exprimées (comme lors de l’émission de Ruquier sur France
2, On a tout essayé, jeudi 16).

La CNT est partie prenante de la lutte des intermittents pour la
sauvegarde des annexes 8 et 10, qui concernent leur indemnisation en
périodes de chômage. Un système imparfait, mais qui permet à nombre
d’entre eux de vivre de leur profession, un système que le MEDEF s’attache
à démanteler, avec la complicité de la CFDT et la bienveillance active de
l’Etat. Nous dénonçons la logique répressive, la criminalisation d’un
mouvement légitime, qui fait peur parce qu’il s’installe dans la durée en
restant puissant, parce qu’il est structuré par des coordinations
régionales démocratiques, parce qu’il est soutenu par des syndicats, CNT,
CGT, SUD, respectueux de la volonté des travailleurs du secteur.
La Confédération nationale du travail est solidaire de ses structures
intervenant aux cotés des intermittents, leur réaffirme son soutien
interprofessionnel, et soutiendra concrètement les quatre camarades
interpellés. Elle restera vigilante en attendant de connaître leur sort.