Les images montrent bien la violence des vigiles.

Retour sur l’action des intermittents à la Star Academy. Les images montrent bien la violence des vigiles.

Les images témoignent

Lundi soir, la Coordination permanente des intermittents d’Île-de-France manifestait devant TF1. Une nouvelle revendication s’est ajoutée à la demande du retrait du protocole d’accord : le retrait des plaintes contre les quatre intermittents interpellés après avoir interrompu, samedi dernier, Star Academy, en pénétrant sur le plateau : " Les trois premiers ont été arrêtés alors qu’ils voulaient porter plainte contre les vigiles, explique une des membres de la Coordination. Et le quatrième a été arrêté le lendemain à son domicile. "

Et si Étienne Mougeotte parle de " prise d’otages " et nie qu’il y ait pu y avoir violence de la part des vigiles, les images tournées sur place par les intermittents sont sans appel. 21 h 15, studio de la Star Academy à La Plaine-Saint-Denis : après que la porte en verre du hall a explosé - " non du fait d’un coup mais parce que, d’un côté comme de l’autre, ça poussait ", explique un des manifestants - on voit clairement les vigiles passer à tabac des intermittents ayant l’outrecuidance de vouloir pénétrer sur le plateau en scandant : " intermittents en colère ! "

Même le cameraman auteur de ces images a été violemment pris à partie. Il a néanmoins réussi à sauver la cassette qui, depuis, est entre les mains de l’avocate des quatre personnes retenues plus de quarante-huit heures au commissariat de Bobigny avant d’être relâchées sous contrôle judiciaire. On les accuse au mieux d’" entrave à la liberté du travail et d’expression ", au pire de " violence en réunion ", voire de " menace de mort " !

" On ne nie pas avoir voulu entrer en force, explique un intermittent. Parce que la Star Académie, c’est un symbole. À la fois des boîtes de production mais aussi de ce que seront la culture et le divertissement avec ce nouveau régime. Mais à aucun moment nous ne nous sommes montrés agressifs. "

Samedi soir, les intermittents s’étaient partagé la tâche : " Une trentaine d’entre nous s’étaient mêlés au public devant le hall, tandis qu’une soixantaine attendaient du côté de l’issue de secours qui donne directement sur le plateau de la Star Academy, explique l’un des membres de la coordination. Le premier groupe a donc foncé sur l’entrée principale pour faire diversion tandis que l’autre est passé par-derrière. Mais on ne s’attendait pas à une telle violence... "

D’où la confusion sur le plateau : " Après avoir déployé une banderole clamant : " Éteignez votre télé ", on a hésité à prendre la parole, explique un manifestant. Les deux porte-parole étaient encore retenus dans le hall. D’un côté, on nous tendait un micro et de l’autre, on apprenait que les nôtres se faisaient tabasser... "

Et TF1 de reprendre la main : après une page de pub, Mougeotte a décidé d’envoyer Julie Lescaut, la fliquette à " visage humain " de la chaîne, bien loin du comité d’accueil qui attendait les intermittents au sortir du plateau.

Avant-hier, une délégation a été reçue par la direction de TF1. Qui a refusé tout droit de réponse, envisageant mollement un éventuel débat autour de l’intermittence sur LCI. Et se donnant jusqu’à demain pour retirer ou non la plainte. En tout cas, la détermination des intermittents est intacte, cette action faisant suite, entre autres, à la diffusion jeudi dernier, durant l’émission de Laurent Ruquier On a tout essayé, d’une séquence invitant les téléspectateurs à éteindre leur poste. En attendant une nouvelle rencontre demain avec les patrons de la Une, les intermittents appellent à une journée d’action le 30 octobre.

Sébastien Homer

http://www.humanite.presse.fr/journal/2003-10-22/2003-10-22-381112