Accueil > Intermittents : Ici Paris contre les preneurs d’otage

Intermittents : Ici Paris contre les preneurs d’otage

Publie le jeudi 23 octobre 2003 par Open-Publishing

http://acrimed.samizdat.net/article.php3?id_article=1307

Intermittents : Ici Paris contre les preneurs d’otage

Mise en ligne : mardi 21 octobre 2003

L’intervention d’intermittents du spectacle lors de l’émission en
direct de « Star Academy », la violence des vigiles de TF1 secondés
par la Police, la mise en examen de quatre d’entre eux, les
déclarations outragées d’Etienne Mougeotte ont fait l’objet
d’invraisemblables commentaires des partisans médiatiques du « 
dialogue social », surtout quand il n’a pas lieu. Il n’empêche : « 
Chaque semaine, laissez-vous transporter dans un monde magique,
unique et paradisiaque : le show-biz. Entrez dans l’intimité des
grands de ce monde en vous abonnant à Ici Paris ! » [1].

Et cette semaine, vous serez servis… Ici Paris, 21 octobre 2003. A la
« Une », une photo de Nikos et ce titre : « Star Academy prise en
otage ! », avec une mention obligée : « Exclusif ». En pages
intérieures, le même titre et ce chapô : « Le prime time de la Star
Academy, l’événement de la semaine pour des millions de
téléspectateurs, vient de vivre des heures terribles. (…)

Une cinquantaine d’individus a fait irruption sur le plateau, malgré
la bonne volonté de l’animateur, la situation a rapidement dégénéré
 ».

La légende d’une photo de Nikos nous apprend que ce dernier « a fait
preuve d’un courage et d’un sang froid extraordinaire » (sans s…) Et
l’article de relater ces « heures terribles » qui ont vu « un
commando d’une centaine de personnes, certaines cagoulées, forcer le
barrage de sécurité de l’entrée du studio », devant un « Nikos
imperturbable ». Seulement voilà : « (…) malgré toute la bonne
volonté de Nikos, le climat est lourd, une étrange sensation de
violence larvée pointe… ». Une étrange sensation …de journalisme à
sensation, même pas larvé qui poursuit ainsi son dur labeur : « Un
homme se décide à s’exprimer, mais demande que que toutes les
personnes qui l’accompagnent puissent le rejoindre. C’est alors que
la situation déjà angoissante ressemble de plus en plus à une prise
d’otage. »

Suit le récit évidemment palpitant des événements : coupure de
publicité, lancement d’un épisode de Julie Lecaut, « la flamboyante
représentante de l’ordre ». Et le romancier d’Ici Paris de préciser :
« Il fallait un drame pour en arriver à de telles extrémités. C’est
bien un drame. C’est bien un drame qui a lieu, hors écran. A peine
l’antenne fut-elle coupé que la production a voulu faire sortir les
académiciens pour assurer leur sécurité. Les intrus se sont alors
opposés avec une telle violence que les services de sécurité on dû
intervenir ».

Qu’importe si cette version « terriblement dramatique » est
falsifiée. Il faut poursuivre : « Pendant ce temps, à la porte du
plateau, l’échauffourée commence à prendre des allures d’émeute et la
production se voit obligée de faire appel aux forces de l’ordre. Mais
malgré leur intervention rapide, au moment où la Star Academy devait
revenir à l’antenne, ses héros, ses stars, vivaient en direct le
drame de la violence. » Evidemment, c’est pour défendre les « otages
 », que services de sécurité et forces de l’ordre ont été « contraints
 » d’intervenir !

Nous sommes déjà au deux tiers de l’article lorsque nous apprenons
que la police a rencontré « une certaine résistance de le la part des
intermittents du spectacle en grève, puisque c’est d’eux dont il
s’agit ». Il était temps de le dire, même à la sauvette ; Notre bon
journaliste - Giani Laurezon puisque c’est de lui dont il s’agit -
n’a pas encore fini son chef d’œuvre : « (…) A peine la reprise de
l’émission, Nikos fait à peine allusion à l’horrible drame ou aux
conséquences terribles qu’il aurait pu avoir ». On s’épargnera la fin
(l’héroïsme des « jeunes artistes » de la Star Academy), comme on
économisera les commentaires : Ici Paris est, bien sûr, totalement
apolitique et ses journalistes sont de simples sosies de véritables
journalistes.

[1] C’est ainsi que le site " Info-Presse ", un organisme
d’abonnements en ligne présente les " concept du journal "