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Des intermittents tabassés par de zélés vigiles

Publie le jeudi 23 octobre 2003 par Open-Publishing

La coordination parisienne dénonce les violences intervenues lors de
l’interruption de « Star Academy », samedi.

Des intermittents tabassés par de zélés vigiles

Par Bruno MASI

jeudi 23 octobre 2003

« Deux femmes ont tenté de gravir les escaliers. Un membre de la production
les a attrapées et mises à terre, avant de leur donner des coups de pied. »
(Un technicien)

L’intervention des intermittents lors de Star Academy, samedi soir, a
peut-être laissé les élèves sans voix. Mais elle a suscité un flot
conséquent d’interprétations quant aux violences ou dégradations perpétrées.

Réunie au Théâtre de la Ville hier après-midi, la coordination parisienne a
présenté sa version des faits, images à l’appui, une bande vidéo ayant
échappé à la saisie de l’équipe de sécurité.

Dès l’interruption de l’image, TF1 évoque « l’invasion violente du plateau ».

Le lendemain, le quotidien le Parisien parle d’« un groupe sombre, amer, face
à une assemblée très jeune, très colorée et parfaitement ludique ».

Etienne Mougeotte, vice-président de la chaîne et directeur de l’antenne,
renchérit en laissant planer le doute sur le retrait de sa plainte pour
« violences et voies de faits » et rappelle « ne jamais discuter sous la
contrainte ». Au journal télévisé de TF1, on revient sur « la vitre brisée par
les coups des intermittents ». Bref, le mouvement se radicaliserait et
deviendrait agressif.

« Tous étaient corrects. »
L’intrusion sur un plateau de télévision, de surcroît celui d’une émission
de variétés destinée à un jeune public, ne peut apparaître que violente.

Mais, à aucun moment, les images vidéo ne montrent des intermittents
- dont beaucoup sont des jeunes femmes - survoltés, belliqueux, voire
armés.

Pour l’un d’entre eux, le mouvement depuis trois mois « a multiplié les
actions de ce type. Même si certains mots fusent, nous sommes à chaque fois
pacifiques. Ce fut d’ailleurs notre arme face aux cars de CRS. Alors que
nous étions devant les studios de la Star’ Ac, les rumeurs les plus folles
circulaient déjà. » On parle de voitures incendiées, de caméras cassées, ou
d’un coup de poignard donné à l’animateur Nikos Aliagas.

Un technicien d’Endemol, qui travaillait sur le plateau samedi soir,
précise : « Ils étaient sur scène. On a négocié leur départ. Ils ont quitté
tranquillement le plateau. A l’intérieur, tout le monde était correct, il
n’y a pas eu de coups, ni de casse de matériel. La production nous a demandé
de vérifier nos caméras et le décor pour voir s’il y avait eu des
dégradations. Tout était en place. »

Une chose est sûre : le service de sécurité a fait preuve d’un zèle
indéniable. Contrairement à ce que pouvait laisser entendre TF1, l’équipe de
vigiles n’était pas réduite.

Quand la situation s’envenime, ils font le ménage : « Au moment où les
intermittents sont devant les portes, à quelques mètres de là, il y a un
plateau qu’il faut protéger et 6 millions de téléspectateurs, raconte un
journaliste présent à La Plaine-Saint-Denis.

Le studio compte beaucoup d’enfants. Certains se sont mis à pleurer, pas
parce que les intrus étaient violents, mais parce que leur spectacle allait
s’arrêter. » « Je suis arrivé, tout le monde était déjà dehors, complète un
photographe de presse. La sécurité était surexcitée. Ils étaient tellement
vexés de s’être laissés déborder !

La situation était très exagérée. Les cassettes vidéo ou les pellicules
photos étaient systématiquement saisies. » L’équipe de LCI, présente sur les
lieux, est sommée de rentrer sa caméra. Plus tard, les appareils photos sont
rendus, vidés. Sur les appareils numériques, des doigts d’honneur figurent
en gros plan.

Sans sang-froid.

Alors que des échauffourées éclatent devant les portes du studio, sur le
plateau, des membres de la production perdent leur sang-froid : « On a vu les
intermittents rentrer sur le plateau, explique un technicien. Deux jeunes
femmes ont tenté de gravir les escaliers. Un membre de la production les a
attrapées, puis mises à terre, avant de leur donner des coups de pied. Un
important service de sécurité avait été mis en place. Ils attendaient la
venue des intermittents et ont l’habitude de cogner. Quand ils ont fait
rentrer le public dans le studio, ils ont récupéré toutes les images que les
spectateurs avaient pu prendre. »

http://www.liberation.fr/page.php?Article=151886