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participer à une coalition avec le PS ?

Publie le lundi 28 août 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Rémy Jean écrit, dans son texte, à propos de précisions à même de contenter la LCR :

“Il me semble que l’on pourrait ainsi s’accorder pour dire ensemble que « nous ne participerons pas à une coalition gouvernementale dominée par un Parti Socialiste dont l’orientation reste fondamentalement social-libérale ». C’est clair, c’est net, ce n’est pas susceptible d’interprétation. Notre collectif peut-il dire cela ?”

A mon avis, non, les Collectifs ne doivent pas dire cela. Pour une raison de fond. Nous voulons que le profil de la candidature soit de vocation majoritaire, et par conséquent s’adresse à toute la gauche, et en particulier aux 65% d’électeurs de gauche qui votent socialiste. Nous voulons que des électeurs socialistes puissent voter pour nous aux présidentielles, mais pour leur candidat socialiste local aux législatives, ou vice-versa. Nous ne leur demandons pas, à l’avance, de “rompre avec le parti socialiste”.

Il faut attaquer avec toute la clarté possible la politique sociale-libérale, et on pourra attquer nommément Ségolène Royal (ou autre) pour ce qu’elle aura dit ou fait. Mais il ne faut pas attaquer le PS en tant que parti, ni sa direction (dont font partie Mélenchon, Filoche, Dolez, etc...) en tant que telle. Faire cela, c’est dire aux électeurs socialistes que, pour s’intéresser à nous, il faut d’abord qu’ils rompent avec leur parti, avec leur direction. C’est anti-unitaire. Et pas efficace.

Nous, nous sommes sûrs à 100% que le PS est dominé par le social-libéralisme et qu’il y a 0% de chance qu’il puisse évoluer positivement, en tant que parti. Mais nous sommes dans une situation où 65% de l’électorat de gauche pensent différemment de nous. Par conséquent, non seulement il ne faut pas attaquer le PS en tant que tel (ni sa direction : l’appel à l’opposition “base-sommet” est une vieille tactique gauchiste qui n’a jamais marché), mais à l’inverse il faut systématiquement réclamer le débat avec lui et même dire que nous voulons tout faire pour pouvoir gouverner avec lui, et que nous voulons en examiner les conditions (débat public sur les contenus). Déclarer à l’avance que le PS a une orientation qui “reste fondamentalement sociale-libérale” est à la fois entièrement juste et très sectaire vis-à-vis du peuple de gauche auquel on veut s’adresser en son entier. A l’extrême limit,e il faudrait écrire : « nous ne saurions participer à une coalition gouvernementale dominée par un Parti Socialiste dont l’orientation resterait fondamentalement social-libérale ». C’est-à-dire qu’on ne décide pas, à l’avance, pour les 65% d’électeurs de gauche qui votent socialiste, que leur parti est pourri jusqu’à la moëlle, on essaie de cheminer avec ces 65% pour que, d’eux-mêmes, ils en concluent que les meilleurs candidats socialistes sont les nôtres.

Il faut faire la même chose que pour le 29 Mai ! Comment avons-nous gagné ? En attaquant le PS en tant que tel ? Ou en dénonçant la constitution (explication du contenu) et en critiquant la campagne des “ouistes” ? Faisons de même : dénonçons le programme de la droite et popularisons notre programme et critiquons ce que dira ou fera la ou le candidat du PS, mais sans “décider” à l’avance qu’on n’ira pas au gouvernement avec le PS.

Nous sommes tous persuadés qu’on ne peut aller au gouvernement avec le PS, mais démontrons-le, non point dans un texte de proclamation de démarrage de la campagne, mais dans le feu même de la campagne, au cours de laquelle nous chercherons systématiquement le débat avec le PS (et à travers lui, avec ses électeurs) en lui proposant à l’inverse d’examiner dans l’unité les conditions d’un gouvernement commun. Et ce sont les électeurs qui trancheront ce débat !

En d’autres termes, pour satisfaire 1501 militants de la LCR (sur 3000), ne perdons pas les 65% d’électeurs de gauche qui votent socialistes.

Cela dit, il faut discuter avec la LCR. Si, à mon avis, il est hors de question d’attaquer le PS en tant que tel et le principe du désistement si nous n’arrivons pas en tête au premier tour, en revanche, on peut parfaitement préciser beaucoup mieux ce qu’est le social-libéralisme et ce que serait un gouvernement dominé par le social-libéralisme (cela revient au même, d’ailleurs, que de définir mieux ce qu’est l’antilibéralisme de gauche).

L’antilibéralisme de gauche, c’est le fait de considérer que, dans la société, tout est politique, rien n’est “naturel” (et surtout pas l’économie) ; c’est de considérer que l’État (central, régional, local) a le droit et le devoir d’être, au nom des citoyens, le principal régulateur de l’activité économique ; c’est de considérer que les citoyens ont le droit, par une décision politique, de mettre des pans entiers de l’économie en dehors des lois du marché (monopole de service public). Etc. Le social-libéralisme est l’accompagnement vaquement social du néolibéralisme. Serait un gouvernement social-libéral un gouvernement :
 qui ne révoquerait pas les lois scélérates votées par la droite et certaines lois néolibérales votées par les gauches précédentes
 qui ne rendrait pas la Sécurité sociale aux assurés sociaux (un assuré, une voix) et ne rétablirait pas la retraite à 60 ans, avec 37,5 annuités et demi et 75% du meilleur salaire
 qui refuserait de renationaliser les entreprises dont la société aurait décider politiquement qu’elles doivent relever dsu service public
 qui n’interdirait pas les licenciements dans les entreprises et groupes qui font des bénéfices
 qui ne déciderait pas une augmentation des salaires afin de regagner les 10% supplémentaires de PIB confisqués par le capitalisme depuis 20 ans, à commencer par le SMIC à 1500€ nets
 qui ne mettrait pas en chantier une VIe République sociale
 qui ne quitterait pas l’OTAN
 qui ne demanderait pas la renégociation de tous les traités européens.

Préciser tout cela est dévastateur pour l’orientation social-libérale, mais n’attaque pas le PS en tant que tel et permet facilement de débattre avec son électorat. Vouloir attaquer le PS en tant que tel (quelle qu’en soit la “formule”), c’est en fait renoncer à une candidature de masse (rassemblement antilibéral de la gauche) et revenir à une petite candidature de témoignage de la gauche de la gauche (rassemblement de la gauche antilibérale : PCF-LCR-LO... qui ne viendra pas).

Précisons ce que nous entendons par social-libéralisme, précisons aussi que, indépendemment même du gouvernement, notre groupe parlementaire ne votera pas la confiance à un gouvernement social-libéral, ne votera pas son budget, etc. Mais pas question d’attaquer le PS ou le parti des Verts en tant que tels.

Michel Cahen
Collectif Gironde)

Messages

  • Toute vérité n’est pas bonne à dire ?


    Cela se discute...mais uniquement sur la manière et la façon de le dire.

    Je ne comprends donc pas si l’article de michel cahen, c’est de la naîveté, de l’ignorance...ou autre chose ?

    Dire "nous refusons un gouvernement PS social-libéral" ou bien nous
    "nous refusons un gouvernement PS qui ne prendrait pas les mesures suivantes : 1) 2) 3) 4) 5) etc , t
    out en sachant fort bien à l’avance que ce gouvernement ne prendra absolument jamais les mesures en question 1) 2) 3) 4) 5) et même ne s’y engagera pas d’un pouce, je ne vois pas en quoi ce sera plus "pédagogique" et susceptible d’influencer qui que ce soit dans l’élecorat PS.

    C’est du domaine du rève politique ou de "l’esprit tortueux".

    Cela relève du "nous sommes prêts à soutenir un candidat du PS sous réserve... qu’il abandonne la politique du PS."

    Ce n’est pas parce que l’on va tenter de "biaiser", de détourner les vraies questions et formulations (par souci "tactique" dira-t-on) qu’on va gagner un bout d’électorat PS (d’ailleurs très hétérogène et très volatile et très mouvant, on l’a vu en 2002).

    C’est de la politique politicienne (mais, à la différence de celle qui est menée par le PS, celle-ci est "petite" et vouée à l’échec).

    Bonne chance aux idées loufoques !

    Bastien

    • Non , je crois par expérience locale que la tactique proposée par Michel Cahen peut être utile. beaucoup de gens à gauche n’ont pas les idées claires sur le PS et attaquer le PS de front vous vaut la qualification de gauchiste.
      Expliquer le texte et les programmes.

    • Une grande partie des électeurs socialistes réfutent le libéralisme autant que nous, comme a pu le démontrer la campagne contre le TCE. Il faut je pense leur montrer clairement la différence qu’il existe entre nous et le PS. Attaquons les idées, le parti, ses représentants, c’est un tout, mais gardons nous bien d’attaquer les électeurs socialistes (beaucoup plus nombreux que les adhérents !), ils sont en majorité dans notre camp. Montrons leur que le vote utile c’est le notre (celui du candidat unitaire). Ne réduisons pas les électeurs socialistes à des moutons qui se braqueraient si nous attaquions le parti pour lequel ils votent habituellement avec un mince espoir de changement. Ne reproduisons pas les erreurs de nos adversaires lors de la campagne référendaire (prendre les citoyens pour des imbéciles, avoir un discours ambigue, ...) !!! Il faut s’adresser aux electeurs (par défaut) du PS, pas aux fanatique du parti. Soypns fort, cohérents, convaincant, mais ne tombons pas dans de basses manoeuvre politicienne du genre : nous savons que le PS est libéral, mais gardons nous de le dire pour ne pas brusquer les electeurs potentiel des rangs du PS !!! Soyons sérieux, si un electeur du PS se braque parce que nous affirmons haut et fort que nous ne sommes pas libéraux et que nous ne voulons pas participer à un gouvernement avec des socio-libéraux, c’est qu’il ne partage pas nos convictions et il ne votera pas pour nous quoi qu’il arrive !! Ceux qu’il faut convaincre sont ceux qui partagent nos idées sur le fond et croient que c’est le PS le mieux à meme de les defendre parce que "parti majoritaire’ à gauche !!! Anti-libéralilement, Yann.

  • Juste pour information, et contrairement à ce qu’indique Michel, ni Mélenchon, ni Dolez, ni Filoche ne font partie de la direction actuelle du PS (secrétariat national). Le premier fait partie du bureau national (qui est différent du secrétariat national qui dirige le parti autour de Hollande), et les deux autres du Conseil national.

    • ce qui importe, c’est qu’au terme de la campagne qui va s’engager, une majorité d’électeurs fassent clairement la différence entre deux voies possibles (et non trois). Pour celà il est en effet contre productif d’attaquer sur le themme "contre le PS". En revanche il est essentiel que chacun puisse saisir les enjeux, les options, les possibles, la nature des obstacles et les moyens de les surmonter. C’est pourquoi, sans brutalité excessive, même si nous sommes tous animés d’un mépris total pour la direction socialiste, il faut rester dans l"explication rationnelle.On le voit partout, le réflexe identitaire fait toujours suite au sentiment ou à la réalité d’une agression. L’electeur socialiste est comme tout le monde s’il perd ses illusions sur le PS il peut aller voir ailleurs.

    • Cher 83-35,

      Tout à fait d’accord avec ton écrit : on veut construire ou on veut détruire.
      J’ai dèja eu l’occasion d’écrire qu’il convient de nous occuper de nos affaires,celles de l’A.U,qui ne sont pas vraiment règlées à ce jour,c’est le moins qu’on puisse dire (attendons le 10 septembre en sachant que la charte définitive est en bonne voie et me convient tout à fait).
      Les problèmes du P.S,du P.C,de la LCR....et de bien d’autres,les concernent en premier lieu et il est de plus en plus évident qu’ils devront assumer leurs choix.
      En ce qui nous concerne,à l’A.U,plaçons-nous nos espoirs dans le peuple (donc les électeurs-rices) ou dans les partis ?
      L’A.U existe avec plus de 400 comités et il va s’en créer bien d’autres d’ici peu,avec sa charte définitive surtout.Il va donc nous rester à désigner notre candidat-e pour la présidentielle et nos candidats-es pour les législatives.
      Mais il va surtout nous incomber,à nous militants-es de l’A.U de faire connaitre aussi largement et efficacement que possible ,et notre programme et nos candidats-es.
      En tout cas,pour moi, le reste n’est que bla-bla car c’est au peuple et à lui seul d’en décider.
      Salutations fraternelles 83-35
      Jean-claude COUALAN

  • Non, la question des relations avec le PS ne relève pas de la manoeuvre, ni du désir de "plumer la volaille".

    Si nous parvenons à lancer une candidature unique anti libérale aux présidentielles et des candidatures anti libérales aux législatives, c’est bien pour peser sur la vie politique. Dans ce cas, comment exclure à l’avance de discuter avec le PS (ou avec les partisans de Chevènement) ?

    Bien sur, nous sommes anti libéraux, et eux sont libéraux. Et alors ? Nous devons seulement discuter avec nous-mêmes ? Qu’est-ce que c’est que ce débat ?

    On peut imaginer cent cas dans lesquels il est évident qu’il faudra conclure des accords avec le PS.

    Voici deux ou trois exemples : Ségolène fait 18%, Bové 16%, Ségolène va au second tour et Sarkosy gagne.
    N’est-il pas évident que nous sommes disponibles à un accord de désistement avec le PS pour limiter la victoire de Sarko et si possible lui imposer une cohabitation ?

    Maintenant, imaginons qu’il y ait une majorité "de gauche" qui sorte des urnes, et que Sarkosy accepte la cohabitation. Il appelle... Fabius comme premier ministre. Fabius est un artisan essentiel du NON de gauche. Que devons-nous faire ? Le soutenir (sous conditions) avec ou sans participation, ou bien joindre nos voix à celles de la droite pour le faire tomber ?

    Un autre cas : C’est Bové qui arrive en tête au premier tour, et il gagne la présidentielle.
    Pour les législatives, nous allons refuser de discuter d’un accord avec le PS ?

    Supposons que nous ayons après les législatives 24% pour l’alliance anti libérale, et 27% pour le PS. Qu’est-ce qu’on fait ? On refuse de discuter d’un accord parlementaire, avec ou sans participation ?

    Je pourrais évidemment multiplier les exemples.

    En fait le "principe de Krivine" signifie très exactement : soit on gagne la présidentielle et on a la majorité tout seuls aux législatives, soit on va à la pêche.

    Ca n’est pas sérieux. En politique, on ne déclare pas à l’avance qu’on ne discutera pas. Et si on discute, on ne peut pas exclure une négociation. Et si on négocie, on ne peut pas exclure un accord. Accord ou pas accord, cela dépend : du rapport des forces, de ce que les uns et les autres peuvent céder. Dans tout accord, il y a ce que l’on gagne et ce que l’on perd.
    Un bon accord est celui qui apporte quelque chose au peuple.

    Le principe Krivine signifie : la politique ? Pouah ! Vive la pureté de l’opposition à vie !

    Boudine, Marseille

  • D’accord avec toi sur ton texte, plus précisément sur le paragraphe " l’antilibéralismede gauche......- qui ne demanderait pas la renégociation de tous les traités européens".

    C’est avec ce contenu, que nous pourons, à tous les niveaux, avec nos candidats, confronter les candidats socialistes avec leurs positions devant les citoyens.

    Nous avons encore du travail à faire dans nos collectifs, afin de dégager une volonté de candidature unique à tous les niveaux.

    Claude TACH. Gironde