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Plaidoyer pour un candidat unitaire « médiatisé »

Publie le mardi 29 août 2006 par Open-Publishing
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Rien ne s’oppose à ce que nous ayons un candidat « médiatisé », terme que nous devrions utiliser de préférence à « médiatique », qui jouit d’une médiocre réputation et sert principalement à disqualifier un rival. Mieux. Il nous faut un tel candidat. Sortir de l’impasse

Le choix d’un candidat pour les présidentielles, porte-parole des antilibéraux, dans un délai relativement court, suscite à juste titre de nombreuses craintes. La personnalisation du débat sème la discorde. L’élection présidentielle, dans la configuration institutionnelle présente, implique la personnalisation. Dans le contexte d’éclatement qui caractérise la gauche antilibérale en France, trouver un candidat de rassemblement soulève donc de sérieuses difficultés. Une candidature issue des rangs de mon parti (le parti communiste) ou d’un autre, en présence de candidats déjà déclarés se réclamant plus ou moins de la même sensibilité, produira peu d’effet. Je ne suis pas un spécialiste de la sphère médiatique. Des personnes plus qualifiées que moi apporteront la réplique. Je souhaite cependant faire une ou deux objections à des propositions qui ont été faites récemment. Je pense à la candidature d’un tiers candidat (par exemple clémentine Autain) susceptible d’être soutenu par nos principaux chefs de file antilibéraux.

La tentation est grande de faire de l’investiture de notre candidat un test, un banc d’essai, pour montrer la direction à suivre en matière constitutionnelle. Dans la VIe république, les pouvoirs du président seront amoindris et le bipartisme relégué aux oubliettes. Beaucoup attendent cela. L’idée de confier la désignation de notre candidat pour les présidentielles à nos candidats députés puise bien sûr aussi à cet espoir de voir le législatif rétabli. C’est un souci légitime, tant le pouvoir de nos élus nationaux a été diminué par le bas (décentralisation) et par le haut (avec les institutions européennes). Choisir comme candidat(e) une personnalité peu connue peut concourir aussi à relativiser l’importance de la fonction présidentielle et à préparer la révision constitutionnelle. Une telle solution présente plusieurs avantages qui ont été habilement exposés. Un candidat soutenu par un collectif de leaders « charismatiques » est notamment de nature à intéresser les médias et l’opinion. Tel n’est pas le sens de la proposition qui vient d’être faite. Les bénéfices médiatiques ne sont en effet envisagés que comme un effet en quelque sorte collatéral. Il s’agit d’abord de nous rassembler, et non pas, c’est entendu, de réussir un « coup » médiatique. Mais je voudrais pointer du doigt un double danger, qui risque d’amoindrir (simple hypothèse, je ne suis pas devin) l’avantage supputé, c’est-à-dire, in fine, un plus grand nombre de voix pour le candidat unitaire.

Un candidat nécessairement médiatisé

J’ai pu observer que le régime présidentiel avait aussi ses partisans dans les rangs du parti communiste. On oublie peut-être un peu vite à quel point subsiste en France un écho du discrédit de la IVe République. On ne doit pas non plus méconnaître l’attachement encore fort à certains aspects de la Ve république, qui n’est pas si moribonde qu’on veut bien le dire, malgré le discrédit de la classe politique. Si l’on opte pour un affaiblissement de la fonction présidentielle, il faudra s’en expliquer soigneusement aux électeurs. Nos adversaires n’hésiteront pas à agiter le spectre d’un gouvernement des partis. D’un mot, selon moi, le candidat devra offrir au public des garanties d’indépendance à l’égard des partis.

Cette indépendance n’inspirera pas confiance aux militants des organisations engagées dans le processus. On doit donc s’attendre à la plus grande méfiance envers un tel candidat. Cette méfiance est naturelle. Elle est même très saine. C’est pourquoi l’éventuel candidat pressenti est à mon sens dans l’obligation d’annoncer un programme précis, fondé sur la charte antilibérale, et assez radical pour rassembler toute la gauche antilibérale. Il faut que notre candidat soit aussi ferme dans son programme et dans les engagements pris qu’il sera libre à l’égard des partis. Cela pose aussi la question des alliances dans l’éventualité d’une victoire. Quelle sera alors sa position ?

Le vainqueur des présidentielles aura été, nécessairement, très médiatisé pour l’emporter. Notre candidat(e) doit en passer par les fourches du « haut clergé médiatique ». Cela plaide, je crois, en faveur d’un candidat déjà fortement « médiatisé ». Mais ce candidat doit encore clarifier ses positions.

De : jerome viret