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Le Monde s’ouvre la voie de la désinformation à vie

Publie le mardi 5 septembre 2006 par Open-Publishing
20 commentaires

de Romain Migus

Au jeu de la joute médiatique pour disqualifier la démocratie vénézuélienne, le journal Le Monde, s’est particulièrement illustré ces derniers mois. Les différends articles publiés sur la révolution bolivarienne avaient tous en commun leurs lots d’inexactitudes, de matrices d’opinions négatives et d’erreurs factuelles qui entretiennent une image erronée et mensongère du processus bolivarien.

L’article récent de Paolo A. Paranagua respecte bien cette logique en accumulant des anecdotes négatives au sujet du président Hugo Chavez, dont l’imputation à peine voilée de vouloir être président à vie.(1) L’on se trouve encore une fois face un exemple de "journalisme d’imputation", pour reprendre le mot d’H. Maler et R. Lambert à propos d’une autre tentative médiatique de déstabilisation du gouvernement bolivarien (2), qui fait fit des faits et de la réalité politique du pays qu’il prétend décrire.

Sous le titre "Venezuela : Hugo Chavez s’ouvre la voie pour une présidence à vie", Paolo A. Paranagua note que le président vénézuélien "a annoncé l’organisation d’un référendum ouvrant la possibilité, de se faire réélire indéfiniment". On peut déjà remarquer la différence cruciale qu’il y a entre le titre de l’article et la phrase du journaliste. Alors que le titre accuse clairement le président Chavez de dictateur, le contenu de l’article peut paraître plus modéré au lecteur, incluant la notion de réélection. Cependant à nier les mécanismes légaux de la démocratie vénézuélienne, le contenu de l’article poursuit finalement le même but que le titre.

Le référendum que veut organiser le chef de l’Etat vénézuélien sur ce thème le 2 février 2010, ne sera que consultatif. Comme l’a dit Chavez, " si [la majorité de l’électorat] répond oui, il faudra modifier la Constitution pour que la réélection puisse être indéfinie". Or sur ce point, l’article 343 alinéa 5 spécifie qu’un projet de réforme constitutionnelle n’est possible qu’au long d’un processus que devra ratifier au minimum 66% des députés de l’Assemblée Nationale. Aprés l’échec de la stratégie de boycott électoral des élections parlementaires du 4 décembre 2005 (3), le palier des deux tiers de l’Assemblée Nationale apparaît comme une formalité, la totalité de l’hémicycle vénézuélien appuyant la gestion gouvernementale. Cependant, ce projet de réforme constitutionnel pour être validé doit, comme le stipule l’article 344 de la Constitution, être soumis à un referendum qui cette fois ne sera plus consultatif mais entérinera la modification constitutionnelle.

Comme on peut le voir, le pouvoir de l’Exécutif dans la réalisation de la modification de la Constitution se limite à un rôle de soutien à l’un ou l’autre choix du referendum populaire. Comme n’importe quel homme politique, il se prononce sur ce qu’il pense être le meilleur pour le pays de son point de vue. En aucun cas, comme le laisse entendre l’article du Monde, une modification du texte constitutionnel ne peut être un caprice présidentiel imposé au peuple souverain.

Mais c’est précisément l’objectif de l’article. Faire croire que Hugo Chavez règne tel un monarque sur la République Bolivarienne du Venezuela. Ainsi, lorsque Paranagua nous dit que "la Constitution de 1999 a été inspirée par M. Chavez lui-même", il oublie volontairement (ne mettons pas en doute ses compétences) de rappeler que si la trame du texte a bien été inspiré par le Président et ses proches conseillers, la Constitution a été élaboré tout au long d’un processus qui incluait un referendum pour savoir si le Venezuela devait changer ou non de Constitution, une élection d’une Assemblée Constituante qui va travailler plus de trois mois pour établir la Charte suprême, l’élaboration d’un cahier des charges faite par les organisations de base et transmit à cette assemblée constituante afin d’enrichir leur travail, et enfin la ratification de la nouvelle Constitution par referendum populaire.

En ne rappelant que la proposition du président Chavez au détriment de toutes les étapes du processus constitutionnel, Mr Paranagua fait coup double. D’une part, il nie tout le processus démocratique qui a donné naissance au texte constitutionel, et laisse entendre que Chavez au mépris des institutions et de la séparation des pouvoirs fait seul la pluie et le beau temps au Venezuela. D’autre part, il semble indiquer que comme Chavez a inspiré seul la Constitution, il peut très bien la modifier au gré de ses envies, et notamment pour être réélu indéfiniment. Or comme nous l’indiquons ci-dessus, les institutions vénézuéliennes et le peuple souverain ont le dernier mot dans le Venezuela démocratique.

Un autre révélateur du but politique poursuivi par le journalisme du Monde nous est donné par l’exemple du pays voisin du Venezuela. Le 19 octobre 2005, la cour constitutionelle de Colombie attribuait au Congrès le droit d’approuver la loi autorisant la réelection du président de la Colombie, Alvaro Uribe. Nous avons beau épluché les archives du Monde, nous ne trouvons aucun type d’article comme celui de Mr Paranagua pour s’inquiéter d’une dérive totalitaire du président Colombien, alors que celui-ci a été réélu le 28 mai 2006.

Dans sa volonté d’isoler Chavez de toute velléité démocratique, Mr Paranagua écrit : "M. Chavez brigue un second mandat de six ans le 3 décembre. Depuis l’instauration de la démocratie, en 1958, il est le premier président vénézuélien à bénéficier de cette possibilité." Placé dans le contexte général de désinformation que génère l’article, le lecteur du quotidien du soir peut à juste titre s’inquiéter de cette rupture avec presque 50 ans de démocratie représentative. Nous nous permettons de rappeler à Paolo Paranagua et à ceux qui le lisent que les présidents Carlos Andres Perez (1974-1979 et 1989-1993) et Rafael Caldera (1969-1974 et 1994-1999) ont tous deux été élu par deux fois président du Venezuela. Le cas d’Hugo Chavez n’est donc pas si étranger que ça à l’histoire démocratique vénézuélienne.

De même, l’exposition du "projet du chef de l’Etat vénézuélien par le journaliste du Monde" parait vide de sens et grandiloquent pour le lecteur français. Il est vrai qu’extraire 48 mots d’un discours programmatique de trois heures n’est pas chose aisé... Cependant, au vu des résultats éthiques, sociaux, économiques, internationaux, énergétiques du gouvernement bolivarien, l’extrait choisi par le journaliste fait tout à fait sens pour la majorité des vénézuéliens qui s’apprêtent à reconduire leur président pour poursuivre leur expérience révolutionnaire.

Le tableau dressé d’un Chavez dictateur ne serait pas complet sans le sempiternel rapprochement avec le président cubain Fidel Castro. Ne dérogeant pas à sa qualité de journaliste d’imputation, Paolo Paranagua nous signale comme conclusion de son article que "avant de revenir à Caracas, M. Chavez avait fait une escale à La Havane, où il a rendu visite à son ami Fidel Castro, au pouvoir depuis quarante-sept ans." Nous ne commenterons cette opinion que pour signaler au spécialiste de l’Amérique du Sud pour le quotidien du soir, que depuis le 31 juillet dernier, Mr Fidel Castro Ruz n’est plus au pouvoir dans l’île caribéenne.

Romain Migus

Notes :

(1) Paolo A. Paranagua, Venezuela : Hugo Chavez s’ouvre la voie à une présidence à vie, Le Monde, 04/09/06.

(2) Henri Maler et Renaud Lambert, Le journalisme d’imputation : Chávez accusé d’antisémitisme, Acrimed, 11/01/06.
http://www.acrimed.org/article2241.html

(3) Romain Migus, Venezuela : l’offensive politico-médiatique continue, 09/12/06.
http://www.mondialisation.ca/index....

Messages

  • Il n empêche que l on observe une personnification à outrance du pouvoir au venezuela, et cette reforme constitutionnelle n est pas là pour l’arranger.

    Précision : Il ne s agit pas de voir systematiquement en Chavez le diable, bien au contraire ; il s agit simplement d etre mefiant, Les antecedents sont malheureusement trop nombreux pour ne pas avoir d arrieres pensees.

    • Au fait dans notre sublimissime démocratie, chez nous en France, y a t’il une limitation du nombre de mandats pour le président de la République ? et bien non ....

      Quand à la personalisation du pouvoir , il faut cesser de réagir de façon pavlovienne et essayer de considérer que la démocratie peut prendre des formes diverses selon les lieux, les époques et les circonstances.

      Jips

    • Comme vous dites, mon fin observateur, il s’agit simplement d’être "méfiant". Je dirais même plus TRES MEFIANT à l’égard de tout ce qui ne va pas dans le sens de la politique américaine dans la région et dans le monde !
      Beuve-Méry, le fondateur du Monde, doit s’interroger si c’est bien le même journal, devenu torchon.
      Tzigane

    • Sauf que la personnification à outrance du pouvoir venezuelien n’a de réalité que dans les journaux qui se réclament d’information et sont devenus des instruments de propagande. Romain Migus vit au Venezuela, il sait de quoi il parle. Quand je lis les articles de Christine Legrand sur le Chili, où je vis, je suis attérré. Idem pour ceux de Jean-Michel Caroit sur la République Dominicaine ou Haïti.

      Jean-Michel Hureau

      Remarque : j’ai vécu aussi au Venezuela et en République Dominicaine.

    • D’où vient "la personnification à outrance" sinon de nos médias eux-mêmes, qui résume Cuba à Fidel Castro et ignore tout un peuple ? Pareil pour le Venezuela ? Qui décrit des leaders populistes en occultant la réalité des peuples ? Qui nous vend la politique en France même comme des marques de savonnette, achetez Sarkozy ou achetez Segolen, les deux marques préférées des Français...
      Danielle Bleitrach

    • Bien sûr il serait temps de ne plus évoquer la démocratie qui est une notion devenue vide de sens démocratique. Il est temps de redéfinir une liste de vertus indispensables à un régime pour se revendiquer de la démocratie et non pas de cette caricature occidentale.
      Voila un thème que l’on aimerait voir se développer sous la forme d’une tribune dans l’Humanité si ce journal n’acceptait de disparaitre en stérilisant le débat politique, en l’enfermant dans une opposition politique molle et dépourvue du dynamisme. Voila qui lui permettrait de survivre en renouvellant son lectorat.
      Spinoza.

  • j’avais lu l’article hier mais je sais que "LeMonde" n’est plus ce qu’il était.
    Je l’avais constaté avec force concernant mon pays l’Algérie. et il ne s’est pas gêné, pendant ce que nous appelons la décennie noire, pour essayer de nous enfoncer plus encore.
    D’ailleurs cela n’a servi srictement à rien sauf à relativiser les nouvelles qu’on peut lire ici et là.
    Du ’Monde" ou d’ailleurs tant qu’il y aura d’autres journalistes, d’autres médias, d’autres points de vue.
    La vérité (du moins son approche approximative) finit toujours par éclater.

    Ahmed

  • Que faire si vous lisez le journal "Le Monde" ?

    Vous ai-je déjà raconté mes dîners mondains ? Non ? Où avais-je donc la tête.

    Il y a quelques années, je me suis trouvé à la table d’un groupe de personnes qui se réclamaient tous de "gauche". Et oui, je ne dine-mondaine pas avec n’importe qui. Donc, ces personnes ont entamé une des ces délicieuses conversations sur la marche du monde - qui nous paraissait à l’époque pas très bien marcher, justement. C’était avant "maintenant" et nous ne connaissions pas notre bonheur.

    Légèrement ennuyé par la tournure de la conversation, je tentais de m’intéresser à ma voisine - de gauche, évidemment. Soudain, une phrase traversa les airs et eu l’outrecuidance de réveiller mon attention : "moi, à part le journal "Le Monde", je ne vous aucun journal qui en vaille la peine". Le malheureux qui prononça cette phrase fatidique avait, comme dirait notre président, perdu une occasion de se taire. Il se trouvait justement que le Monde, selon une ligne crapuleuse qui le caractérise, venait de publier sur quatre pleines pages une attaque en règle contre les Sandinistes au Nicaragua. L’auteur de ces quatre pages mémorables, si ma mémoire est bonne, se nommait De la Grange. Il racontait les scènes d’horreur quotidiens dans le Nicaragua Sandiniste. Il parlait de "charniers" découverts ici et là. Monsieur parlait de beaucoup de choses. Monsieur n’avait, à l’évidence, jamais mis les pieds au Nicaragua. Ou alors il y était allé mais n’était pas descendu de l’avion. Ou alors il est descendu de l’avion mais n’est pas sorti de l’aéroport. Ou alors il est sorti de l’aéroport et alors c’était un menteur.

    Dans la même veine, l’hebdomadaire français Le Figaro Magazine publia une photo de "massacres perpétrés par les Sandinistes à l’encontre des Indiens Miskitos". On y voyait une pile de cadavres qui brûlaient et la légende était bien dans le ton. Jeanne Kirkpatrick, représentante des Etats-Unis, brandit ce même numéro du Figaro Magazine à la tribune des Nations Unies pour fustiger le massacre.

    Il se trouva que le photographe qui avait pris cette photo tomba sur la revue et reconnut SA photo. Il s’agissait d’une photo qu’il avait prise lors d’un tremblement de terre et les corps qui brûlaient étaient ceux des victimes que la Croix-Rouge incinérait pour éviter une épidémie. Même que l’on était supposé voir les dits membres de la Croix-Rouge avec leurs uniformes dans l’arrière plan. Mais voilà, l’arrière plan était devenu invisible à cause d’une épaisse fumée noire qui s’échappait. Epaisse fumée qui par ailleurs n’existait pas dans la photo originale. Le photographe déposa plainte et il s’avéra que la rédaction du Figaro Magazine avait bien fait retoucher la photo pour les besoins de la démonstration.

    L’hebdomadaire fut condamné à environ 600 euros d’amende pour avoir publié une photo sans autorisation. On ne connaît pas le nombre de Sandinistes condamnés à mort par les Etats-Unis suite à cette photo.

    Vers la même époque, l’hebdomadaire l’Express parlait d’une "dictature marxiste-léniniste" (sic) au Nicaragua.

    Par hasard, je me suis retrouvé au Nicaragua quelques jours plus tard. A la sortie de l’aéroport, un tract me fut tendu. Il s’agissait d’un tract de l’opposition qui décrivait à peu près les mêmes horreurs. Sur la route de l’aéroport vers le centre de la capitale, une série de panneaux publicitaires vantaient les mérites de partis politiques - tous de l’opposition. Arrivé au centre de la ville, le seul quotidien en vente était La Prensa. De l’opposition, vous l’avez deviné. Et, arrivé à l’hotel, j’ai allumé la radio. J’ai eu du mal à trouver autre chose que des stations qui dégueulaient leur haine de la dictature Sandiniste.

    Bref, j’ai vaguement eu l’impression, dès le premier jour, que j’avais été légèrement mené en bateau. La suite me prouva que c’était tout à fait exact.

    A fil des ans, la stratégie du journal Le Monde devenait à mes yeux de plus en plus limpide et suivait un schéma bien rodé. Phase 1 : je mentionne une agitation dans un pays d’Amérique Latine. Phase 2 : je révèle le degré de corruption du gouvernement en place. Phase 3 : je démontre une légère sympathie, ou compréhension, pour les forces de l’opposition. Phase 4 : je découvre que les forces de l’opposition sont aussi pourris que le gouvernement en question. Si les forces de l’opposition en question se retrouvent au pouvoir, ou proche du pouvoir, ou s’ils deviennent populaires, il reste la Phase 5 qui consiste à tirer à vue. Vous pouvez vérifier, ça marche à tous les coups. Une rapide analyse des articles du Monde sur le commandant Marcos est TRES révélatrice.

    On aurait presque dit que les journalistes travaillaient d’une façon très intelligente pour d’autres forces que celles de la vérité ou de l’information. Ne me demandez pas qui, je tiens à ma peau.

    Et c’est comme ça qu’on se retrouve à la table de gens de gauche qui disent des trucs du genre "ah ouais... tu parles, les Sandinistes ne sont pas meilleurs que Somoza". Fin du débat.

    Evidemment, j’ai laissé tomber un définitif "Le Monde, c’est de la merde. De plus, quand un journaliste est aussi nul sur le Nicaragua, où certaines questions sont quand même assez vite tranchées, j’émets de sérieux doutes sur n’importe quel autre sujet qu’il aurait à traiter. Il n’y a pas de raisons qu’un journaliste soit aussi con à 10.000 km et redevienne subitement intelligent une fois à la maison."

    Je vous fais grâce de l’ambiance qui régnait après cette intervention. J’étais devenu, comment dire ?, enfin vous savez bien, un mec "bizarre".

    Le silence qui s’installa était aussi épais que la malhonnêteté de George W. Bush. Bref, j’étais un salaud.

    Soudain, une petite voix s’éleva à l’autre bout de la table. C’était une copine qui militait pour la Palestine (et oui, déjà...). Elle dit "il n’a pas complètement tort, j’ai remarqué la même chose sur la Palestine. Sur la Palestine, ce journal est nul.". Je n’étais plus seul. Désormais, il y avait n salaud et une salope à cette table.

    Soudain, une autre voix s’éleva. Un copain qui militait contre l’Apartheid en Afrique du Sud. "Moi, en ce qui concerne l’Afrique du Sud, je pense que le journal Le Monde est en dessous de tout". Trois.

    "Sur l’économie, ce journal est nul à chier". C’était un copain professeur d’économie. Quatre.

    Je voyais la victoire à portée de main. En effet, nous étions quatre personnes, chacun un "spécialiste" dans un domaine qui lui tenait à coeur, et chacun trouvait ce journal très mauvais dans le domaine question. "Ah tu vois !" ai-je osé exclamer. Je pensais que la démonstration allait de soi.

    Et l’autre : "Ouais, bon, d’accord. Mais c’est quand même un bon journal".

    Toute ressemblance avec des gens de VOTRE entourage n’est pas fortuite.

    De plus, ce soir-là, je n’ai pas pris de dessert.

    Viktor Dedaj

    • Toujours égal à toi-même Viktor !

      A propos du Nicaragua, Ernesto Cardenal, curé et ministre du gouvernement sandiniste de Daniel Ortega a dit un jour quelque chose du genre : "Quand je lis ce que l’on écrit sur mon pays, je me pose des questions sur ce que je lis sur les autres pays".

      Jean-Michel Hureau

    • il ne s’ouvre pas (le Monde) il est "béant" depuis pas mal de temps. Paranagua le bresilien en charge de l’Amérique latine est le diffuseur de tous les messages émanant du gouvernement des Etats-Unis... Plus la petite touche qui lui est personnelle et qui l’a poussé à annoncer qu’Evo Morales et Hugo Chavez étaient fâchés, et que Evo Morales éviterait Caracas au moment même où ce dernier débarquait dans la capitale vénézuélienne. Ce bidonnage ayant provoqué l’hilarité de ses collègues, paranagua n’a pas cédé et a affirmé que c’était Fidel Castro qui les avait réconciliés (en surface bien sûr). Ce diable de Fidel castro ne sait pas quoi faire pour contrarier Paranagua...

      Danielle Bleitrach

    • Aujourd’hui même Paranagua a encore sévi sur Cuba cette fois... Admirez l’artiste :

      "L’imaginaire affaibli des Cubains"
      LE MONDE | 05.09.06 | 14h45 • Mis à jour le 05.09.06 | 14h45
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      Comment interpréter l’apparente apathie des Cubains face à la maladie de Fidel Castro ? Le sociologue français Vincent Bloch, qui a vécu deux ans à La Havane, évoque la dissimulation et la manipulation suscitées par un univers coercitif omniprésent. Le "recours à la terreur massive" des premières années de la révolution castriste a laissé la place à des "embardées répressives" qui ciblent une dissidence minoritaire, mais "les Cubains ont intégré les contraintes légales et idéologiques au coeur de leur comportement quotidien", explique-t-il.

      "La population vit dans l’obsession de ne pas se faire remarquer, confie M. Bloch, 31 ans, doctorant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. L’insuffisance des revenus et des services publics, l’impossibilité de respecter à la lettre toutes les règles concernant le logement, les transports ou les loisirs, l’irrationalité des normes de travail et de production, l’invraisemblance des lois, obligent à un viol systématique de la légalité, poursuit-il. Tout citoyen devient ainsi un coupable potentiel, devant se méfier des voisins, des collègues et des proches, sans parler des étrangers, dont la fréquentation est déconseillée."
      En outre, "les Cubains sont plongés dans un univers de délation et d’endoctrinement depuis presque un demi-siècle, affirme M. Bloch. Cela pousse à adopter un comportement ambigu, dissimulé derrière la langue de bois et la participation aux manifestations officielles. On répond aux sollicitations pour éviter les sanctions, mais aussi par ambition, car seule l’adhésion ostensible à la révolution autorise l’ascension sociale. Les Cubains ont donc pris pour habitude de manier faux semblants et doubles registres. Personne ne vit de son seul salaire, personne ne croit à ce qu’on dit."
      Cela étant, les Cubains redoutent la disparition de Fidel Castro, car "il a incarné leur aspiration à l’ordre face à la hantise de la plèbe et des Afro-Cubains, le fantasme du péril noir", ajoute M. Bloch. Cuba est une nation à "l’imaginaire affaibli" par la longue soumission à l’Espagne, puis aux Etats-Unis. "Les Cubains avaient besoin d’un chef qui rassure, même s’il opprime, selon ce jeune sociologue. L’élite dirigeante dispose du monopole du récit historique national et des médias, qui présentent systématiquement le monde contemporain à travers le prisme du chaos et du complot."
      Dans une île coupée du monde extérieur, où les citoyens doivent quémander un "visa de sortie" pour voyager, l’opacité du pouvoir favorise la prolifération de la rumeur, ainsi que le délire d’interprétation. "Abreuvés de politique, les gens en ont ras le bol, note M. Bloch, coordinateur d’un numéro de la revue Communisme consacré à Cuba. S’ils installent des paraboles, ce n’est pas pour avoir accès à une autre information, mais pour regarder des programmes de divertissement ou les tournois de base-ball."
      Ce sont autant de facteurs d’immobilisme. L’échec du modèle égalitaire a miné la confiance à la fois dans le système et dans l’avenir. "Le contrôle social exercé par l’élite semble immuable tant que Fidel Castro ne se retirera pas définitivement du pouvoir", conclut Vincent Bloch.
      Paulo A. Paranagua
      Article paru dans l’édition du 06.09.06

    • Cher Viktor, tu peux rajouter à ta liste les pages scientifiques du Monde, qui sont régulièrement truffées d’erreurs.
      Le pompon a été atteint lors de la Médaille Fields de Perelman : le journaliste avait recopié la wikipédia en expliquant que de toute façon c’était des maths et qu’on n’y comprenait rien...

      Le même jours, l’International Herald Tribune a fait une petite notice explicative extrêmenent intuitive et tout à fait juste.

      Moi même j’ai expliqué la conjecture de Poincaré à mon père, qui a la base était ouvrier : il a parfaitement compris, et à même immédiatement compris où était la difficulté de la démonstration sans que je le dise.

      C’est donc là encore une preuve d’incompétence des journalistes du Monde.

  • Articles particulièrement intéressants et instructifs de Romain Mingus et Viktor Dedaj
    J’admire particulièrement les nouvelles expériences socialistes menées en Amérique Latine, même si je ne suis pas toujours d’accord avec certaines politiques de Chavez (notamment diplomatique), mais je pense qu’effectivement, cette annonce du monde pourrait inquiéter...
    L’echec, jusqu’ici des expériences socialistes (en dehors des coup d’état contre-révolutionnaires) a toujours été la conséquence de l’effet corrupteur du pouvoir, on ne peut qu’espérer que Hugo chavez n’y succombera pas.
    En soit, cette annonce ne peut inquiéter que ceux qui pense qu’il ne s’agit que d’une étape, ce que rien dans les faits ne semble sous entendre...
    Concernant les média, il est clair qu’il ont toujours présenté les choses de manière dfférente en fonction des régimes... une dictature a vie en Afrique ou en Amerique latine, pourvu qu’elle soit militaire de droite ou d’extreme droit n’aurait pas eu son entrefilet, c’est vrai,
    mais de là à dire qu’il s’agit d’une stratégie du Monde, je pense qu’il ne faut pas exagérer. Pour ma part je pense qu’il s’agit encore d’un exemple de l’incompétence d’une grande partie de journalistes, qui le sont devenus (s’ilne l’étaient pas au départ) par l’intégration des méthodes partagée par quasiment tous : répéter en choeur ce que les autres affirment...
    La qualité de l’information fournie pas un journal comme le Monde est en baisse, comme quasiment toute la presse...
    ...de la à parler de stratégie

    • Le seul truc qui m’emmerde c’est quand Chavez s’aligne avec le trés ouvert président iranien et vante les mérites du trés démocrate Loukashenko. Surement par stratégie mais bon...

    • la qualité est en baisse, certes, mais nous parlons d’une époque où cette qualité se voulait au "top"... et où beaucoup de gens y croyaient encore.

      Peut-on parler de "stratégie" ? Lorsque le phénomène se répète inlassablement, quel terme employer ? Attention, nous ne parlons pas d’analyses orientées, mais bel et bien de désinformation.

      Alors question : comment expliquer une désinformation qui serait à la fois involontaire ET constante ET, point important, toujours dans le même sens ?

      Ceux qui ont bidonné la photo SAVAIT qu’elle était fausse, puisqu’ils l’ont bidonné. Celui qui a écrit les pages mémorables dans Le Monde n’était PAS un pigiste, mais le responsable de la rubrique Amérique latine.

      Alors de quoi s’agit-il ? D’un "réflexe conditionné" ? D’une "sale manie" ? La faute à "pas de chance" ? Un manque de "professionalisme" (oh le bel euphémisme) ? D’une volonté de nuire ? Tiens, ça me plait déjà un peu plus...

      V. Dedaj

    • Merci à Romain Migus pour cette bonne réponse au journal Le Monde. Et quand je vois que Le Canard Enchaîné daté d’aujourd’hui (mercredi 6 septembre) reprend une phrase de cet article du Monde pour critiquer à son tour Chavez (article intitulé "Chavez, c’est pour la vie" en première page) je trouve ça bien triste car cet hebdomadaire reste pourtant intéressant et sérieux pour ce qui touche la politique française. Mais pour la politique internationale et notamment sur le Venezuela, ils ne s’informent qu’en lisant Libération et Le Monde donc forcément c’est pathétique ! Je vais d’ailleurs leur écrire de ce pas un petit mail...
      Henri.

    • Quand je vois ce que la presse dit sur Cuba et le Vénézuela, que je connais bien, je me méfie de ce qu’elle raconte sur la Bielorussie.

      La presse dit que Cuba serait une dictature affreuse et le Vénézuela aux mains d’un despote ; et je sais que c’est faux.
      Alors, quand la presse dit que la Bielorussie est "la dernière dictature d’Europe" tout simplement je ne la crois plus, cette presse.
      Et comme je n’ai pas non plus d’informations de confiance qui viennent me dire qu’il y aurait une dictature en Bielorussie, et bien tout simplement je pense qu’il n’y en a pas, jusqu’à preuve de contraire.
      Le fait même que la Bielorussie soit la cible des actions couvertes de la CIA me porte tout naturellement à avoir une sympathie naturelle, instinctive, pour ce pays. Je sais que mon devoir c’est de me solidariser avec le peuple bielorusse, et je me refuserait de participer de la campagne de propagande et d’attaques à son encontre orchestrée par les Etats-Unis.

    • Au même moment que la crise du CPE il y avait des manifs en Biélorussie, ici on gueulait à juste titre contre le système répressif de Sarko et de la droite réactionnaire qui déployait des forces policières contre les manifestants.

      En Biélorussie les manifestations ont été réprimés mais également interdites et des personnes ont été emprisonés.

      Pour moi la Biélorussie n’est pas la dernière dictature car l’europe entière est une dictature, avec pour chaque pays des degrés différents.

  • Le Monde est tout sauf un journal sérieux. Point à la ligne.

    • Je cite "Il est vrai qu’extraire 48 mots d’un discours programmatique de trois heures n’est pas chose aisé... "
      On ne connaît pas le/notre présent et encore mois le/notre passé...
      Comme disait Franck Herbert dans Dune : Le dormeur doit se réveiller.
      Ce genre d’article sur tel ou tel sujet n’est pas une exception !!
      Le Monde sera bientôt comme ces journaux gratuits qu’on vous refourgue, car faut faire du chiffre.

      HoHo