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Bonjour cher Daniel Schneidermann

Publie le mardi 4 novembre 2003 par Open-Publishing

Je te lis depuis des années, sans aucune migraine. Moi ce n’est pas la reflexion qui me donne mal
à la tête, c’est plutôt les émissions de TF1 et le flux tendu de la connerie télévisuelle, les JT
lacunaires et les présentateurs-animateurs réducteurs de têtes et de problématiques.

Oui, c’est bien compliqué les annexes 8 et 10. J’ai passé l’été à en parler autour de moi : c’est
minimum 30 minutes de pédagogie, et encore, il faut que l’interlocuteur soit en demande
d’informations, curieux et concentré pendant l’exposé. C’est notre gros problème : une problématique aussi
technique est difficile à faire passer aux médias, lesquels prennent les
lecteurs-auditeurs-téléspectateurs pour d’indécrottables zappeurs incapables de s’intéresser plus de deux minutes à des
sujets de fond.

Si toi, sur France 5, tu réagis tel un vulgaire directeur d’Endemol - ou un affreux marketeur M6
passé "journaliste" chez Canal ! - on est mal barrés.

Ou alors j’ai mal compris. Je croyais que ton travail, ton cheval de bataille, c’était justement
le décryptage de la désinformation pratiquée ailleurs au nom de la vulgarisation de l’information.

Tu réponds au film "Nous avons lu le protocole" comme un programmateur de télé grand public : trop
long, trop compliqué, on comprend rien ! Mais ce genre de réponse journalistique face à la
complexité renvoie immanquablement à la dérive de ces dernières années, dont on sait les ravages
21avrilesques (depuis la montée en puissance des télés commerciales et du Dimat !) : trop long, trop
compliqué, on fait de l’image et du spectacle, sinon ils vont zapper. C’est ainsi qu’on ne comprend
rien à la Corse, au conflit israelo-palestinien, à la montée du FN, aux ratages de l’intégration, à
la mondialisation, aux OGM, au fonctionnement des institutions européennes et j’en passe.

Qui dit qu’on va se faire mal à la tête si on réfléchit ? Adopterais-tu le discours de la Boîte à
cons ?

N’y a-t-il pas dans "Arrêt sur Images" et dans sa mission de décryptage une dimension pédagogique,
un appel à la réflexion du téléspectateur ?

Si tu trouves "Nous avons lu..." trop compliqué, travaille, écoute, visionne, cherche, c’est ton
boulot de le comprendre et de le transmettre aux autres.

Critiques amitiés

Anne - comédienne