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Sarkozy accuse encore la Justice

Publie le lundi 25 septembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

de Arnaud Mouillard

Près d’un an après les révoltes dans les banlieues, Nicolas Sarkozy souffle à nouveau sur les braises en se servant du département de la Seine-Saint-Denis pour relancer, à quelques mois de la présidentielle, son thème de prédilection : la sécurité, avec un grande campagne de communication à la clef.

La parution d’un courrier alarmant du préfet de Seine-Saint-Denis relance la campagne sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Ainsi, dans son édition datée du 20 septembre, le Monde publie un courrier que le préfet du "9-3", Jean-François Cordet, a adressé au ministre de l’Intérieur le 13 juin dernier.

D’après ses chiffres (+ 7,64 %), la Seine-Saint-Denis a enregistré depuis début 2006 "une recrudescence de la délinquance peu connue jusqu’ici depuis de nombreuses années" et qui concerne principalement des vols avec violence qui nourrissent un sentiment d’insécurité. Constat, dont le préfet rejette la responsabilité, notamment sur le tribunal de Bobigny, qu’il qualifie ne pas être "à la hauteur des problèmes".

Il critique également le fonctionnement de la police en dénonçant les problèmes d’encadrement et de motivation chez les policiers, ainsi que "l’extrême jeunesse" des commissaires. Il note aussi "une diminution très perceptible", depuis 2002, du nombre de fonctionnaires affectés à la sécurité publique et critique aussi les modes d’intervention des CRS, qui sont "axés sur les contrôles d’identité essentiellement".

Suite à ce courrier, la réponse de l’UMP ne tarde pas. L’ancien ministre de l’éducation national, François Fillon qui est aussi conseillé politique de Nicolas Sarkozy a affirmé sur RTL que "La Seine-Saint-Denis est le symbole de l’échec de la politique économique, sociale et d’immigration qu’on mène en France depuis vingt ans et qu’on n’a pas suffisamment corrigée depuis 2002." Selon le sénateur de la Sarthe, cela "justifie le travail (...) sur une vraie rupture pour essayer d’adapter le modèle économique et social français à la réalité du monde". Ainsi pour M.Fillon si le 9-3 est dans cet état, c’est de la faute à ceux "d’avant" et son président n’a pas eu assez de quatre ans pour changer cela.

Préparé par le courrier du préfet, M.Sarkozy a trouvé quand à lui un bouc émissaire : La Justice. Selon lui : "Le nombre de personne écrouées dans le département est en baisse de 15 % par rapport à l’année dernière " il reproche ainsi aux juges de laisser en liberté "des mineurs qui n’ont de mineur que le nom" et enfin les a accusés de "démissions" face aux délinquants, puis devant les caméra, Nicolas Sarkozy pris la direction de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour aller au chevet de l’un des deux CRS blessés par des jeunes aux Tarterêts à Corbeil la veille.

Nicolas Sarkozy n’a donc trouvé qu’à dénoncer le laxisme du Tribunal pour enfants de Bobigny comme cause de ces mauvais chiffre.

Pourtant, le Préfet parle dans son courrier d’une "diminution très perceptible" des effectifs depuis 2002. Le maire UDF de Drancy, Jean-Christophe Lagarde va même jusqu’à avancer que la situation était meilleure du temps du gouvernement socialiste : "A l’époque, pour 65000 habitants et 120 kms de rue, j’avais trois véhicules de police la nuit. Aujourd’hui, je n’en ai plus qu’une"...

Suite aux propos du ministre d’Etat, Le premier président de la Cour de cassation, Guy Canivet, qui est le plus haut magistrat de France a vu dans les déclarations de Nicolas Sarkozy une "nouvelle atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire" et a d’ailleurs été reçu à sa demande par Jacques Chirac.

Dans un mouvement sans précédent, les plus hauts magistrats de France sont sortis de leur réserve pour dénoncer "l’atteinte à l’indépendance" de la justice par Nicolas Sarkozy.

Le syndicat de la magistrature a apporté son soutien aux magistrats de Bobigny en rappelant que la Justice devait recevoir les escortes policières nécessaires à l’accomplissement sa mission constitutionnelle, moyen que Nicolas Sarkozy n’a pas mis en œuvre.

Au milieu des critiques de l’opposition et des syndicats de magistrats, le ministre de l’Intérieur a maintenu son cap en affirmant sur RTL que "jamais" il n’avait "mis en cause les magistrats dans leur ensemble". "Je dis à M. Canivet, que je connais bien, qui est un homme de bien, que si la justice française a pour seul problème (mes) déclarations, c’est qu’elle va bien". Il a également affirmé la veille dans les médias que "les Français savent bien" que je dis dit "la vérité".

De son côté, le Garde des Sceaux, Pascal Clément, qui est entre la solidarité gouvernementale et la défense des magistrats, a souligné que la justice française était "sévère" et qu’on ne pouvait la critiquer qu’avec "mesure et impartialité". Le ministre de la Justice a rendu hommage aux "magistrats et aux fonctionnaires" du TGI de Bobigny, "sans doute le tribunal le plus difficile de France".

Nicolas Sarkozy parle de "démission" des juges et n’explique pas le pourquoi de cette prétendue démission car cela l’obligerait à parler de la situation dans laquelle travaillent les magistrats de Bobigny.

Un audit de 2005 sur le tribunal de Bobigny décrit cette situation, en voici les résultats :

 Le tribunal de Bobigny traite 200.000 affaires par an.

 Les services du Procureur comptent 15 débutants sortant d’école parmi 45 magistrats.

 Les greffiers sont moins nombreux qu’en 1999. Il en manque 50 pour faire tourner le tribunal.

 Le parquet des mineurs est le premier de France avec 10.000 plaintes par an.

 La permanence des flagrants délits traite 85 affaires par jour. Ils sont deux substituts pour cela, les obligeant à traiter chaque affaire en 10 minutes.

Voici ainsi la situation dans laquelle se situe le second tribunal de France et cela la président de l’UMP n’en parle pas.

Vidéo concernant les accusations de Nicolas Sarkozy :

http://hern.over-blog.com/article-3950336.html

Arnaud Mouillard - http://hern.over-blog.com/

Messages

  • Cette fois ci je suis d’accord avec Nicolas Sarkozy : les négligences et la lenteur de la justice sont absolument insupportables, qu’on en juge par ces exemples qui révoltent à juste titre notre cher (dans tous les sens) ministre de l’intérieur et j’espere bien qu’il va mettre toute son énergie à régler ses manquements au plus vite.

    Entre autre voilà quelques affaires que notre justice n’a pas encore eu le temps de terminer :

     depuis 1991 l’affaire des frégates de Taîwan

     1988 les faux électeurs de la Mairie de Paris

     décembre 1993 affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris

     septembre 1994 faux électeurs de la Mairie de Paris

     septembre 2001 catastrophe AZF

     septembre 2004 assassinat de deux inspécteurs du travail

    - et bien d’autres encore.........

    Il est grand temps que ces petits délinquants soient punis pour assurer la sécurité aux braves citoyens qui comptent tant sur Nicolas Sarkosy, ou à la rigueur sur Ségolène Royal, pour ramener l’ordre dans notre cher et vieux pays.(comme aurait dis l’autre)

    Raymond LCR

    • j’ai l’impression qu’il faudrait que quelqu’unE se dévoue pour éduquer ce type, il semble méconnaitre totalement les valeurs basiques...humaines (j’allais dire françaises ;))

      il semble vraiment avoir du mal à comprendre les concepts de séparation de l’état et de l’église ainsi que les séparations des pouvoirs !

      satya

  • quelles études "courtes" pour être greffier ???? reconversion possible après DESS marketing
    sans débouchés réels !!!!! merci d’avance pour vos informations quant à cette voie utile et
    où il y aurait des emplois....