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Ségolène, la présidence, le suicide de la presse

Publie le jeudi 5 octobre 2006 par Open-Publishing

Voilà des choses en principe séparées qui se sont dans les faits confusément intriquées. Peut-être pourrait-on entre nous en discuter et parvenir à un peu mieux s’orienter ?

Introduction : Les trois questions qui ont été posées

C’est une chose en effet de se poser des questions sur Ségolène, sur la validité de sa candidature, de son programme, et si elle est de droite ou de gauche. C’est la question politique.

C’en est une toute autre de se demander si une femme peut être présidente comme on l’a vu récemment à la télé, ça c’était la question stupide contre-démocratique.

C’en est au fond encore une autre de savoir si elle a la carrure, la compétence, les qualités pour ce métier. C’est la question psycho-sociologique.

1. la question politique : celle de l’option

Soyons clairs : nous excluons d’aborder l’étude de la 1ère question, laissant à chacun le soin de se positionner. Chacun, parmi nous, sait en effet déjà s’il est ségoléniste ou antiségoléniste sur le plan des idées et par rapport à son propre engagement. Chacun, parmi nous, sait en terme de sympathie s’il a Ségolène à la bonne ou s’il peut pas la piffer.

En termes d’analyse, nous observerons seulement que, selon toute apparence, Ségolène et son thinking staff savent que dans une démocratie classique, bipolaire comme la nôtre aujourd’hui, les choses se font à la médiane : le scrutin final tient du fifty-fifty au poil près, les idées entre les deux parties dominantes se rapprochent à la sensibilité près (exemple anglais du blairisme, idem l’exemple social-démocrate suédois avec le conservatisme de là-bas lequel annonce avant de commencer qu’il ne changera rien au modèle, excepté le style.)

On croit voir pour le moment que Ségolène joue une carte étudiée, calculée "théoriquement" pour gagner, qui ne prendra au PS que ce qui ira dans ce sens et rejettera ce qui en éloigne. Bien sûr là-dessus tout n’est pas encore dit, il reste presque tout à voir venir.

2. La question stupide du point de vue démocratique : celle du "genre"

Comme elle était stupide, on pouvait compter sur la télé pour la poser ; soit que la télé soit effectivement la bouba que l’on croit, soit qu’elle soit singulièrement plus fufutée : car un film, la Présidente, en mettant en scène le faux-problème que l’on sait (compatibilé de la maternité et de la Présidence), règle l’affaire aux points dès les premiers rounds, de même qu’un débat télé réunissant un heureux nombre de fossiles mentaux (jouant peut-être bien les idiots en faveur de la bonne cause) achève le tout par un KO : La question d’une femme ou non ne se pose en effet pas dans une démocratie digne de ce nom, elle ne se pose pas en tout cas en 2006 : Une femme ménauposée peut donc être présidente. Elle peut même, si elle veut, boiter comme Gervaise.

Il est bien probable cependant que les femmes de France ne seront pas pour cela rassasiées encore d’un trop plein de femmes dirigeantes. En deux mille ans, on a vu quoi : deux célébrités "politiques" l’une jetée aux lions l’autre au bûcher, quelques courtisanes numérotées influentes à Versailles, deux reines, peut-être, si on cherche, tirant l’une et l’autre le surin plus vite encore que le tarot. Indépendamment de Ségo, la légitime "frustration" féminine pourrait bien jouer pour Ségo, et le droit de vote lâché aux femmes tardivement en 46 trouver sa surrection en passant 2006

3. La question psycho-sociologique : carrure, compétence, qualités

On l’appelle "psycho-so", comme ça, faute de mieux. On pourrait croire que c’est seulement une question pour les bistrots, erreur ! ça peut se discuter même à Sciences-po.

Car tu trouves des Français qui tiennent aux grands principes, et qui te diront qu’un président ne se choisit pas aux roustons ou aux nichons : on doit choisir le meilleur. Bon ! c’est pas chcon, comme principe !

Et c’est quoi le meilleur ? Si on considère la carrure, l’étoffe, la dimension, la chose ne peut se révéler qu’à l’usage, c’est à dire à l’issue d’un cursus honorum probant (député, ministre, premier ministre). Bref, ça te met le président au bas mot à 75 ans : comme au Vatican, après une longue vie de magistère t’as prouvé que t’étais catho, comme autrefois à Moscou t’as prouvé que t’étais coco. En France, qui c’est qu’aurait prouvé ? Rocard ! ? (Jospin, Juppé dans leur catégorie demeurent encore des gosses).

La compétence, alors ? Paraît qu’il faudrait être compétent ! En économie, on te l’affirme cérémonieusement ? A-t-on jamais vérifié ce point avec De Gaulle ou Mitterrand ?

Il y a enfin les qualités qu’il convient d’avoir ! Que Ségolène soit une incorrigible emmerdeuse, la chose ne se débat plus, l’emmerderie est-elle pour une présidente un défaut ? C’est donc quoi exactement les qualités à avoir pour être président ? Ségo, Bayrou, Sarkozy, doit-on leur faire passer une graphologie prouvant qu’il sont mégalos comme il le faut ?

En conclusion : Le vrai débata été finalement absent sur la présidence, ça produit en définitive comme un quasi suicide de la presse

La presse eût pu donc nous parler de ces choses qui font peut-être un président. et de bien d’autres importantes liées à l’élection : elle ne l’a pas fait ou si peu. Le pouvait-elle d’ailleurs concrétement ? Sans doute non ? Toutes ces semaines de septembre, elle n’aura rapporté que des propos très vides : Si on interroge les ennemis de la candidate, on obtient en effet sur elle des propos stériles d’ennemis. Si on interroge ses amis on a sur elle des propos stériles d’amis. La seule exception aura été cette semaine le coup d’un de ses frères allant à contre-sens avec la confidence de "la bombe".

Attendons-nous dans les semaines qui viennent à diverses confidences encore d’un intérêt majeur : De Ségo, nous saurons sans doute tout bientôt sur son point G.

La presse, épuisée de son côté, de rien, de tout, dérive en ce moment de plus en plus vers la culture. A ce jeu sans objet, Libé est déjà mort et Le Monde est mal barré.

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