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PS : Vox populi

Publie le dimanche 15 octobre 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

de Bernard Lallement

La reine de la démocratie participative n’aime pas les débats qui, pourtant, constituent justement l’essence et la raison d’être... de la démocratie. Elle l’a suffisamment martelé, sous tous les angles, et la dernière fois à la Réunion, pour que personne au PS ne puisse feindre de l’ignorer.

En fait, ceux qui la connaissent bien, ou ont travaillé avec elle, insistent surtout sur son appétence à tout contrôler, ce qui ne lui est pas particulier, et sa répulsion à être prise en défaut ou contredite.

C’est du bout des lèvres qu’elle avait consenti de participer aux émissions de télévisions prévues par les chaînes parlementaires, à l’audience confidentielle, et après adoption d’un protocole stricte digne des conférences américano-soviétiques du temps de la guerre froide.

Même la position et la taille des pupitres derrière lesquels s’abriteront chaque candidat a fait l’objet d’âpres discussions ! Quant aux questions des militants, elles seront toutes connues d’avance.

Alors que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn y étaient favorables, François Hollande avait décliné l’offre, judicieuse, d’Arlette Chabot d’organiser une grande confrontation, à l’américaine, en direct sur France 2, les challengers répondant aux journalistes.

La direction nationale du parti socialiste, après forces tractations, a prévu trois meetings devant les adhérents. Il est, aujourd’hui, acquis que la madone des sondages ne participera pas à tous. Raison invoquée : « Je n’ai pas envie de me faire balloter » invoque-t-elle tout en prévenant « S’ils sont trop nombreux, s’ils sont détournés de leur véritable destination, je me réserve le droit de ne pas m’y assujettir. »

Au demeurant, reconnaissons, pour nous en inquiéter, la logique de son attitude : puisqu’elle est devant, comme elle le répète si joliment, il n’y a pas lieu de se perdre dans des discussions subalternes, les socialistes sauront, d’eux-mêmes, que leur désir d’avenir est de rejoindre l’expression populaire manifestée au travers des sondeurs, nouveaux haruspices de la modernité.

Car, c’est du peuple que Ségolène Royal tient sa légitimité. Qu’on se le dise ! « Mon opinion est celle du peuple français » a-elle asséné à un reporter allemand qui avait eu l’outrecuidance de l’interpeller sur l’entrée de la Turquie dans l’Europe.

On ne sait s’il faut en appeler au discours de Robespierre aux Jacobins : « Je suis du peuple, je n’ai jamais été que de là, je ne veux être que de cela ; je méprise quiconque a la prétention d’être quelque chose de plus » ou à celui de Heidegger devant les savants du IIIe Reich : « Le Führer ne sollicite rien du peuple. Il donne plutôt au peuple la possibilité la plus immédiate de la décision libre la plus haute : savoir si le peuple tout entier veut sa propre existence ou n’en veut pas. »

Evidemment, chacun se demande ce qui se passera pour le second tour où, si elle est retenue, la candidate socialiste devra bien débattre avec son adversaire.

Eh bien, je vous fais le pari qu’il n’y aura pas, non plus, de débats, surtout s’il s’agit de quereller contre Nicolas Sarkozy. D’ailleurs, dans cette hypothèse, aucun des deux finalistes n’aurait intérêt à faire apparaître, publiquement, leur accord sur un grand nombre de sujets sensibles comme l’école, la sécurité ou l’immigration.

Mais, surtout, c’est la danse médiatique qui orchestra le ballet, comme elle le fait très bien actuellement. Images choc, petites phrases dépecées de leurs contextes, multiplications des sondages jusqu’à l’écœurement, commentaires des commensaux, feront l’ordinaire de la nouvelle instruction civique.

Et devant son écran, le citoyen passif contemplera le spectacle affligeant de son propre déclin. "Le peuple est avide de spectacle, disait Diderot, et y court, parce qu’il est amusé quand il en jouit, et qu’il est encore amusé par le récit qu’il en fait lorsqu’il en est revenu."

http://sartre.blogspirit.com/archiv...

Messages

  • Royal sait qu’elle ne pourra compter sur de nombreuses voix de Gauche quelque soit le tour. Elle joue le mépris pour le Peuple par la "pipolisation" de la même manière que ses prédecesseurs (Miterrand compris) conservateurs comme elle. Royal ne cherche qu’une chose, mordre à belle dents sur l’électorat de Droite avec ses amis sociaux-libéraux et courtisants tous d’accord pour garder ou conquérir une place. Jospin a tenté le même coup en 2002, mais il avait "tiré" trop vite juste avant le 1er tour ("je ne suis pas tenu par le programme socialiste") et juste après tous les renoncements du gouvernement de 97. La Droite ayant pris brillament la suite, elle compte "ramasser" les morceaux sans rien promettre, juste corriger les injustices les plus voyantes (et non criantes)
    Royal, a pris son temps, elle est en train de donner le baiser de la mort au PS, qui ne sert même plus de devanture progressiste. Avec Sarkozy, c’est "blanc bonnet et bonnet blanc. Quoi d’étonnant qu’elle soit aussi bien servie par les médias, elle fait partie de la famille. JdesP

  • Pourtant, les citoyens ont montré ces derniers temps qu’ils étaient avides de politique, qu’ils entendaient réintégrer le champ du débat démocratique, qu’ils étaient réellement concernés et inquiets par les questions de choix de société. Les manifestations de ces dernières années, le vote NON au TCE sont autant de signes qui devraient inciter les candidats putatifs à prendre les électeurs au sérieux. J’ajoute que près d’un tiers des jeunes de moins de 35 ans ont un diplôme universitaire, ne sont pas des ignares et ne méritent pas d’être pris pour des gogos (comme les autres citoyens d’ailleurs - je ne fait pas d’élitisme mais c’est juste que cette donnée devrait alerter les politiques).

    Or que voit-on ? Sarkozy et Ségolène se vautrent dans la pipolisation, méprisent l’électorat (qui n’est pas idiot rappelons-le). Ils commettent là une faute stratégique.

    Pendant ce temps là, à droite, Le Pen se prépare, affute ses arguments, et ne manquera pas le moment venu d’asséner ses coups de boutoir au nain de l’Intérieur.

    Pendant ce temps là, la gauche unitaire joue une course contre la montre pour tenter de concrétiser l’élan du 29 mai 2005.

    Il n’est pas interdit de penser (en tous cas la probabilité est non nulle) que l’on ait un 2ème tour : Le Pen contre le candidat ou la candidate unitaire si le processus en cours est mené à son terme.

    RC de Toulouse.

    • Il est grotesque aujourd’hui de redouter Le Pen qui ne fera rien pour risquer d’être en position de travailler, ce n’est pas lui le danger, actuellement, mais celui qui mets réellement en application des méthodes technofascistes.

      Ce dont nous avons besoin ce n’est pas d’un ou d’une président(e) idéal(e), c’est de quelqu’un qui laisse la possiblité de faire avancer les choses à ceux qui en ont envie, et je crois qu’avec SR ce sera le cas.

  • Pourquoi tellement s’intéresser à la cuisine interne du parti socialiste ?
    On peut centrer les critiques sur ségolène royal, peut on dire plus du bien des positions libérales, pro américaines, et pro israéliennes, de Strauss Khan, ou de la réversibilité opportuniste de Fabius ?

    Jean(Strasbourg)

    • "Pourquoi tellement s’intéresser à la cuisine interne du parti socialiste ? On peut centrer les critiques sur ségolène royal" Oui pourquoi ? Il sera difficile de se mettre d’accord sur un candidat unique de la gauche. Laissons le PS faire son choix. Il est malgré tout significatif que les médias se soient empressés de relayer en les déformant les propos de cette candidate. Car elle n’a pas refusé de débattre avec Fabius et DSK. Elle prévenait simplement que toute "dénaturation" des débats la pousserait à refuser ces débats non conformes aux régles de fair play. Car quand la même candidate a promis de taxer les entreprises se livrant à des délocalisations, les Médias ont passé sous silence ces propos. Ne soyons pas dupes de ces manipulations. Ce qui est important, c’est le succès de notre camp. Celui de la gauche plus à gauche que le PS. Il faudra bien, le moment venu, faire les comptes. Si nous passons notre temps à commenter les derniers scoops des médias sur Ségolène Royal, nous semblerons à la remorque du PS. Faire 10 %, 15 ou plus, voilà notre objectif. Et ajouter ces 10, 15 ou plus au reste de la gauche pour battre l’UMP, que faire d’autre ? Jouer la politique du pire, se résigner à cinq ans avec Sarkozy ou Villepin ? Le PS c’est le PS. Qu’il soit représenté par Ségolène Royal, Laurent Fabius ou DSK. Ce n’est pas notre problême.

    • 1er débat des trois candidats
      par malou, INCOHERENCES
      Ségolène a clairement dit que "la valeur ajoutée, c’est la production moins les charges"(oups !) et donc que "la VA augmente quand l’entreprise licencie"(re-oups) et donc en toute logique j’en déduit que les salaires et les cotisations sociales sont des consommations intermédiaires et "des charges" (vocabulaire patronal utilisé notamment à la place de cotisations sociales afin de pousser à diminuer le salaire indirect qui correspond à 35% du revenu national en France : retraites et prestations maladie, chômage et familiales).
      Est-ce de l’incompétence ? Peut-on être contre la valeur ajoutée c’est à dire la production et pour la croissance de la production et ses conséquences normales, la hausse du pouvoir d’achat et de l’emploi ? Attention le dernier président incompétent élu qui avait parait-il de bons conseillers est G.Bush...

      Peut-on être pour un "ordre juste", expression de St Thomas d’Aquin qui l’appliquait à son époque du Moyen âge ??. En démocratie peut-on dire aux petits salariés , retraités et chômeurs, pour lesquels Fabius a proposé des mesures précises et immédiates , que l’on est à la fois pour un "ordre juste" et pour le libre échange intégral, ce qui accroit les délocalisations, la pression à la baisse sur les salaires et le chômage ; pour l’autonomie de la banque centrale européenne qui privilégie les taux d’intérêt réels relativement élevés, donc l’euro , la précarité et le chômage forts, pour le maintien ou l’extension des privatisations, toutes mesures découlant du oui au TCE.. La majorité des citoyens de gauche veulent d’un ordre moins injuste car ils savent que c’est possible mais ils n’aiment pas que l’on se fiche d’eux et le feront savoir le jour du vote si notre candidat utilisait cette formule religieuse hypocrite.

      Les éditorialistes de la droite dans le débat suivant l’émission(Carreyrou TF1, D.Jeambar Le Point, F ;De Closets qui a atteint un sommet de la morgue réac "tous les compétents ont appelé à voter Oui" sic) ont tous défendu Ségolène. Si les éditorialistes de la droite considèrent que leur candidate est Ségolène, c’est donc que le candidat de gauche qu’ils combattent est L.Fabius. Est ce que les socialistes doivent se faire dicter leurs choix par les media de la droite ?

      Le débat interne au PS est un vrai débat politique comme le débat sur le TCE. Pour battre la droite et l’extrème droite il faudra un présidentiable qui a la carrure et capable de rassembler à gauche. Fabius a déjà rassemblé derrière sa candidature la grande majorité des militants nonistes du PS et il n’est pas sur que les socialistes suivent les éditorialistes de la droite comme pour le oui au TCE fin 2004

    • On ne gouverne pas réellement avec le programme d’un parti : ça n’a jamais été le cas et c’est très naïf de le croire. On gouverne (ou on essaye de gouverner) dans un contexte national et international, avec une personnalité, un caractère, une façon de faire, et celle de Fabius ou de SR par exemple ne seraient pas du tout les mêmes.