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La question de l’ENA dans la présidentielle

Publie le samedi 21 octobre 2006 par Open-Publishing
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Comme chacun l’aura noté, la question de l’ENA vient, ce matin, de revenir dans le débat national par la porte des élections. Petit rappel ci-dessous du point de vue de l’Ocséna

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ENA : En finir avec le système-ENA
(2e texte fondateur de l’Ocséna)

Lorsque deux énarques se rencontrent, ils se manifestent sans rire une admiration sans bornes et s’emploient par l’union de leurs forces à accréditer l’idée de l’inégalable excellence de leur état et de leur origine.

Il importerait toutefois peu au fond que de vieilles dames, de vieux messieurs conventionnels et quelques autres partagent gratuitement ce sentiment et voient dans l’ENA une petite merveille que le monde entier nous envierait. On sait que le monde, le monde développé, s’en fiche, s’en dispense très bien et réussit plutôt mieux. L’ennui avec l’ENA et ses séides n’est pas dans l’émotion qui s’attache pour certains à l’Ecole, ni dans le fait que tout ne peut se justifier aujourd’hui commodément encore par la difficulté incontestable du concours pour y accéder. L’ENA pourrait passer, s’il n’y avait le Système-ENA.

Car enfin que dire, en République, d’un système ouvrant à une minorité soignée, officiers supérieurs de nature, ab ovo, ad vitam, un privilège quasi-absolu sur la haute fonction publique. L’appropriation au fil des années par un corps solidaire issu d’une unique école de tout ce qui représente un pouvoir décisionnel dans ce pays pose des problèmes techniques et un problème démocratique.

Démocratiquement, le système est à la limite de la constitutionnalité, il développe de l’inégalité, de l’illégalité, de façon désormais constante : divers arrêts du Conseil d’Etat ont récemment souligné ces aspects. Deux principes sont opposables à ces dévoiements : nul ne peut s’ériger en propriétaire de fait de la chose publique ; secundo, le libre jeu des talents et des mérites doit être à tout instant en totalité garanti.

Techniquement, ensuite, on peut s’interroger sur la fiabilité d’un système aussi largement autoréférent, autorévérant, fortement réducteur de la diversité en lui-même et destructeur intéressé de tout dynamisme autour de lui autre que le sien. On se demande comment, tout horizon
fermé pour les autres agents, l’administration peut encore fonctionner sans refus d’obéissance ou insurrection généralisée. Ce faisant, la France se prépare-t-elle dans les meilleures conditions à l’élargissement européen et international ?

En sacralisant comme il l’a fait un type, un pseudo-type selon nous, d’expertise née sur " deux bouts de trottoirs " prétendument inspirés de Paris, le pays se fige de façon tragiquement pathétique.

Comment s’étonner dans ce contexte des critiques externes de plus en plus déclarées à son encontre ? Comment s’étonner que le système prenne chaque jour de plus en plus, dans une démocratie qui se veut avancée, un profil de nouvelle Bastille à abattre ?

Nous sommes, pour ce qui nous concerne, des citoyens, des citoyens très ordinaires, mais assurément pleinement citoyens, qui souhaitons à ce titre que le questionnement initié par le Premier ministre Rocard en son temps soit repris, avec les quatre hypothèses de travail que l’on sait : continuation de l’ENA (et de son système) en la forme actuelle, suppression pure et simple, transformation de l’établissement en une " école de guerre " réservée aux meilleurs fonctionnaires avérés ou en centre de formation continue qui impliquerait le passage de tous. D’autres hypothèses sont encore envisageables.

Nous entendons oeuvrer pour que soit, dans un premier mouvement, engagé résolument un débat parlementaire et public sur la chose ENA, ses dysfonctionnements, la fracture qui se creuse entre le prodigieux potentiel d’intelligence acquise de la Nation et l’étroite, et somme toute très simpliste, procédure de sélection de ce que l’on désigne actuellement, sans mépris mais avec une grande méfiance, comme élites administratives. La France a besoin de toute sa capacité, sa force est probablement à trouver ailleurs ou autrement. Le Système-ENA se trompe de siècle.

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On pourra également voir de manière profitable :

 ENA (1) (Pensées zaz)
 ttp://ocsena.ouvaton.org/article.ph...

 ENA (2) (Pensées zaz)
 http://ocsena.ouvaton.org/article.p...

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Les pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
 http://ocsena.ouvaton.org
 ocsena.org@wanadoo.fr

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