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Denis Robert : "Ce qui n’était pas prévu est finalement arrivé"

Publie le dimanche 26 novembre 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

de Denis Robert

J’ai reçu une convocation de première comparution à mon domicile cette semaine.

Les juges d’Huy et Pons, suite aux plaintes déposées par Clearstream et le cabinet d’audit Barbier Frinault et aux réquisitions du Parquet de Paris, m’invitent à passer les voir le 12 décembre prochain, pour me mettre en examen.

Cette comparution intervient à la veille de mes procès en appel contre Clearstream.

On me reproche un recel d’abus de confiance sur lequel je me suis déjà expliqué ici.

Je répondrai sans aucune difficulté à toutes les questions qui me seront posées comme je n’ai jamais manqué de le faire.

Depuis mars 2001, date de la sortie de mon premier livre Révélation$ et du film
Les dissimulateurs, j’ai toujours œuvré dans l’unique but d’informer le plus grand nombre, sans jamais enfreindre la loi, sur les pratiques et dérives en cours dans ce milieu très opaque de l’hyperfinance.

Je suis allé là où aucun juge n’avait jamais mis les pieds car dans les paradis fiscaux, les magistrats ont pour fonction de protéger les criminels.
Mon travail, depuis l’appel de Genève, s’inscrit dans une démarche visant à expliciter le pillage organisé de nos économies par le crime organisé et l’aveuglement des politiques et des banquiers sur ces questions.

J’ai résisté à toutes les pressions et à tous les pièges qui m’ont été tendus.

J’ai persévéré dans ce travail avec la Boîte noire, puis avec l’affaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewoo, notre dernier film, le seul que Clearstream n’ait pas attaqué.

Mes révélations sur la multinationale luxembourgeoise ont d’abord permis de
mieux comprendre le fonctionnement de la planète financière : la traçabilité des échanges transfrontalier, la centralisation en des points stratégiques de l’information, l’autocontrôle des banques.

J’ai montré, sans l’ombre d’un doute, que Clearstream était un organisme de compensation formidablement efficace pour des milliers de clients -banques honorables comme société off shore- cherchant à dissimuler des opérations
immensément frauduleuses. Et ce au moins jusqu’en 2002, date où mon enquête s’est achevée.

Ma volonté d’informer le plus grand nombre s’est ensuite concrétisée par la publication en juin dernier de mon livre Clearstream, l’enquête, où j’ai, le premier, révélé les turpitudes et les protections des acteurs de cette tragicomédie à la française. Cette histoire de corbeau est d’abord l’histoire du détournement de mon travail à des fins politiciennes et en
définitive mercantiles.

Cette convocation judiciaire tombe après que mes téléphones aient été écoutés, mes emails piratés, et après que des policiers et un expert en informatique aient perquisitionné mon bureau, recopiant les disques durs de plusieurs de mes ordinateurs, détruisant au passage l’un d’eux.

Avec cette convocation pour ma mise en examen, on est monté d’un cran dans l’extravagance.

Les principaux dirigeants de ce pays - le premier ministre, les ministres de la défense et de l’Intérieur, comme le président de la République- qui connaissaient bien avant moi les tenants et les aboutissants des manipulation ne sont, eux, pas inquiétés et bénéficient d’une immunité que chacun pourra apprécier.

Quand on sait que les procès verbaux d’auditions de témoins sont en ligne avant même que les avocats ne les aient eues entre les mains, on voit bien que c’est au plus haut niveau de l’Etat que les décisions se prennent. Et que des manipulations s’opèrent.

Je suis aujourd’hui la victime non consentante d’une minable guerre politicienne entre Sarkozystes et Chiraquiens. La justice est instrumentalisée en ce sens.

Ces personnalités politiques - Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin, mais aussi Nicolas Sarkozy- étaient à coup sûr tous informés au moins depuis juin 2004 du trafic des listings de Clearstream.
Cela est facilement démontrable.

Ce sont eux qui ont abusé et qui continuent à abuser de la confiance des magistrats instructeurs et des Français.

Moi, qui ai aidé la justice et les enquêteurs en leur révélant l’ampleur et les éléments de la manipulation dans mon livre Clearstream, l’enquête, débloquant ainsi une instruction qui s’enlisait, je suis donc aujourd’hui sur le point d’être un receleur d’abus de confiance. Ce nouveau statut ne me soucie pas sur le fond. Même si, me voir mis en cause à intervalle régulier dans la presse, ne me fait pas particulièrement plaisir.

J’aimerais que cette presse si réactive quand il s’agit de balancer des procès verbaux ou des mises en examen, soit un peu plus curieuse sur le fonctionnement de Clearstream. Et solidaire concernant ce qui est en train d’arriver.

Après le retrait du livre des librairies en juin dernier (dans le silence) et les procès à répétition de Clearstream et des banques contre moi (dans le même silence), l’addition commence à s’alourdir en terme de censure, et d’atteinte à la liberté d’écrire et d’informer.

Denis Robert

Ps : Un grand merci à tous ceux qui m’ont écrit ces derniers jours et qui se sont connectés à l’association montée par mes amis..."

http://www.ladominationdumonde.blogspot.com/

Messages

  • Malgrè le silence des médias, cette affaire en a intéressé plus d’un non pas sur son aspect politique dont on se fout mais grace à votre travail sur le début d’explication à cette question qu’on se pose ;
    Mais comment tout ce fric peut-il voyager si librement et si impunément ?

    Forcément ça fache quelques gros banquiers.

    J’envoie un petit chèque , je rappelle l’adresse pour ceux qui veulent aider aussi :

    Comité de soutien à denis robert
    BP 93602
    54016 NANCY Cedex.

    ou aller sur le lien cité dans l’article.

    Continuez et faites leurs mordre la poussière !

    jyd.

    • La privatisation des institutions par la corruption est la pire qui soit. Les autres, qui parfois peuvent en être la cause, n’en ont pas la portée. L’affaire Clearstream, la vraie, pas les cornichonneries dont la presse nous abreuve, en est un des symboles majeurs. Pour soutenir Denis Robert nous pouvons mettre au point une campagne de questions cruciales à poser à tous les candidats de la présidentielle. Et faire régulièrement le point sur leurs réponses ou leurs silences.

      Frédéric Lavachery
      lavachery@decadi.com

  • A part la rédaction du nouvelobs.com, qui a signé collectivement, il y a des signatures de individuelles de beaucoup de journalistes mais pas beaucoup de rédactions globalement et pas beaucoup de noms connus.
    Que font les journalistes engagés des autres médias ? Pas de signature du Monde Diplo, à ma connaissance, ni de pas mal d’autres publications de gauche... Pourquoi ?

    Elle est où la solidarité ?

    • Si les juges font honnêtement leur travail, faisons-leur confiance, c’est Clearstream, le cabinet d’audit Barbier Frinault, les hommes politiques concernés qui doivent s’inquiéter des suites et non pas vous, puisque vous n’êtes pas l’instigateur de cette monstruosité, seulement le découvreur.

      Merci donc à vous de faire honnêtement votre travail. Si tous les journalistes étaient comme vous, l’air ne sentirait pas le fumier.

    • 14h14 Vous n’avez pas tout compris.

      Il n’y a pas d’homme politique qui soit mis en examen. Alors qu’un élément vraiment grave de l’affaire c’est que des hommes politiques aient fait ou fait faire des faux (à partir du listing de Clearstream) pour en discréditer d’autres.

      Il y a Denis Robert qui n’est pas appelé simplement comme témoin, mais mis en examen, donc soupçonné d’un délit de recel de documents : on lui reproche d’avoir détenu les listing de Clearsteam. Alors que si il ne les avait pas détenus il n’aurait pas pu faire son travail de journaliste, prouver la possibilité pour Clearstream de servir à du recyclage d’argent sale (tous les bons économistes vous diront que l’Union Européenne offre un visage de lutte contre les mafias crapuleuses mais laisse le Luxembourg rester un paradis fiscal, parce que ça permet de réinjecter en Europe des sommes colossales d’argent sale).

      Le Parquet de Paris en mettant en examen Denis Robert averti clairement qu’il est interdit de démontrer cela. C’est très grave pour la liberté d’informer dans notre pays. Denis Robert est obligé de payer des avocats pour les multiples procès que lui fait Clearstream et maintenant pour cette attaque du Parquet qui, à mon avis, vient de nos politiques.

      Ce n’est pas la première fois qu’un Parquet affiche une conception très particulière de la justice : lorsque deux mineurs, sont mort dans un transformateur à Clchy à l’automne 2005. Le Parquet n’avait pas jugé utile d’ouvrir une information judiciaire (c’était pourtant des enfants, l’un avait moins de 15 ans, morts dans des circontances controversées). Mais un peu bronzés et habitant un peu en banlieue. ILe Parquet n’a ouvert une information judiciaire (donc une enquête)qu’après que les familles des victimes aient porté plainte, une semaine après les faits. Donc quand il y était contraint.

      La justice de notre pays est devenue très laide depuis quelque temps.

  • J’ai déjà vu ce film là quelque part. On se croirai dans un scénario des années trente.
    Cette histoire est hallucinante de dénis de justice, de mépris démocratique, de harcelement moral et financier.
    Celui par qui la vérité est exposée on lui colle le goudron, les plumes et l’addition des deux ! on appelle ça un marthyr.
    Les collègues de Denis Robert ont ils oubliés leurs cours de journalisme ? quelle déontologie ? quel 3eme ou 4eme pouvoir ? Le silence contre une feuille de paye...
    Même libé c’est fait manger....
    C’est triste, mais plein d’espoir : lorsqu’on est au fond du trou, il n’y a plus qu’à rebondir.
    Le seul contre pouvoir finalement, c’est nous avec notre petit cheque, notre non à la constitution, notre vote unitaire du 10/12.
    Ne nous remercie pas Denis, remercie les plutot de nous aider à trouver les arguments de leur chute.

    pe

  • TANT QU’IL Y AURA DES "HOMMES" COMME DENIS ROBERT

    il n’a aura pas à désespérer de notre pays...

    J’ai posté mon "obole" de contribution à son combat

    Remplie d’admiration et de reconnaissance.

    Michèle

    P.S.

    En FRANCE, c’est toujours LE PEUPLE qui a le dernier mot