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Pinochet est mort

Publie le dimanche 10 décembre 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

Pinochet est mort. La Justice est battue.

Pinochet meurt sans procès

Le général Augusto Pinochet est décédé ce dimanche, à l’âge de 91 ans, à l’hôpital militaire de Santiago, où il était hospitalisé depuis une semaine après avoir été frappé d’un infarctus du myocarde. Selon la brève annonce de l’hôpital militaire, l’ancien dictateur chilien est mort de complications cardiaques. Malgré les poursuites lancées à son encontre pour violations des droits de l’Homme, il n’a jamais été jugé.

L’ex-dictateur chilien ne sera jamais jugé

Le général Augusto Pinochet est mort ce dimanche, à 91 ans, sans avoir jamais eu à répondre des crimes commis au Chili pendant les 17 ans de sa dictature (1973-1990), marquée par plus de 3.000 assassinats politiques, un millier de disparitions d’opposants et des milliers de personnes arrêtées, torturées ou contraintes à l’exil, selon un rapport officiel réalisé récemment. Malgré les centaines de plaintes déposées contre lui, il n’a jamais été traduit en justice.

En 1973, une photo en noir et blanc du général, alors âgé de 57 ans (il est né le 25 novembre 1915 à Valparaiso), a circulé dans le monde entier : assis, lunettes noires, bras croisés, le militaire qui avait anéanti le gouvernement de gauche de Salvador Allende et bloqué "la voie chilienne vers le socialisme", entrait dans l’histoire comme l’archétype du tyran latino-américain. C’était l’époque de la guerre froide Etats-Unis-Union soviétique. En Amérique latine, Cuba soutenait les guérillas. Les Etats-Unis, qui avaient échoué en 1961 à renverser Fidel Castro, s’étaient inquiétés de la victoire d’Allende en 1970 dans leur "pré carré". Selon d’anciens documents secrets aujourd’hui accessibles, le président Richard Nixon avait ordonné : "Faites souffrir l’économie !" du Chili. Ce que la CIA ne manqua pas de faire.

Dans ce contexte, Pinochet s’honorait d’avoir été le premier à vaincre le communisme, déchaînant dans son pays une répression sanglante contre ses ennemis. La police politique Dina fondée par le général Manuel Contreras puis remplacée en 1977 par la CNI, ne rendait des comptes qu’au général, proclamé "Chef suprême de la Nation" puis président de la République. La Dina "a puissamment contribué au renforcement du pouvoir personnel du général, menant la ’guerre contre le marxisme’, mais neutralisant également ses rivaux possibles au sein même du régime militaire", selon un rapport, publié en décembre 2004 par la Commission nationale sur la détention politique et la torture. Jusqu’à la fin, le général a refusé de reconnaître ses responsabilités dans le régime de terreur qu’il avait instauré. "A qui allons-nous demander pardon ? A ceux qui ont essayé de nous tuer ? A ceux qui ont essayé de liquider la patrie ?", lançait-il en 1994. Une dizaine d’années plus tard, il estimait que ce serait plutôt à "ceux d’en face, les marxistes, les communistes" de lui demander pardon.

Cependant, après avoir organisé l’impunité en promulguant en 1978 une loi d’amnistie, puis une constitution taillée sur mesure pour contrôler les forces armées dont il resta le chef après son départ du pouvoir en 1990, il s’est vu demander des comptes par les victimes ou leurs proches. En 1998, le juge espagnol Baltasar Garzon, qui instruit des plaintes de victimes de la répression en Argentine et au Chili, trouble les vacances de l’ancien dictateur à Londres. Il est arrêté en octobre par des policiers britanniques. La Grande-Bretagne libèrera Pinochet pour raisons médicales en mars 2000. De retour au Chili, c’est de nouveau son état de santé qui lui permet d’échapper à un premier procès pour violation des droits de l’Homme, la Cour suprême estimant en 2002 qu’une "démence modérée" ne lui permet pas d’être jugé. Cependant, deux ans après, les poursuites sont relancées dans le cadre de l’enquête sur les crimes de l’Opération Condor, un vaste plan de répression mis en place par les dictatures latino-américaines dans les années 1970-1980 à l’échelle continentale.

En septembre 2004, la fille de Salvador Allende, Isabel, députée socialiste, jugeait probable qu’il meure avant d’être condamné. "Mais cela n’a pas d’importance. Je veux que le procès commence pour qu’il voie qu’il n’est pas au-dessus de la loi des Hommes. Qu’il soit condamné ou pas n’est pas ce qui importe maintenant", avait-elle dit. L’année 2006 aura pourtant été pleine de menaces judiciaires pour l’ancien dictateur, privé de son immunité, assigné à résidence plusieurs fois, et inquiété pour de très graves affaires qui ont ressurgi, tels la "Caravane de la mort" ou les tortures de la Villa Grimaldi.

Ecouter Président du Chili de 1973 à 1990, Augusto Pinochet a dirigé l’un des régimes militaires les plus répressifs d’Amérique latine. Retour sur celui qui fut l’un des chefs d’Etat les plus sanguinaires avec Annie Gasnier, à Santiago (10/12/06)

Ecouter Augusto Pinochet est décédé, sans avoir jamais eu à répondre des crimes commis au Chili pendant les 17 ans de sa dictature. Yves Izart (10/12/06)

Ecouter Augusto Pinochet aura donc toujours échappé à la justice de son pays en dépit de ces crimes et le dépôt de près de 300 plaintes pour violation des droits de l’Homme. Ecoutez la réaction de Maître William Bourdon, avocat de familles de victime d’Augusto Pinochet. Il répondait à Yves Izard (10/12/06)

http://www.radiofrance.fr/reportage/laune/?rid=310000075

Messages

  • Il etait chretien parait il !
    si son seigneur existe , le pinochet tout mort qu’il est , doit trembler de peur .
    pour moi , je dirai simplement une ordure de moins sur la terre .
    Et avec tous les chiliens de gauche , je leve mon verre en souvenir de ses victimes .
    claude de Toulouse .

  • Quelle coïncidence en ce jour si peu glorieux pour la gauche antilibérale.
    Je rappelais ce matin sur la liste de mon collectif les paroles de Léo Ferré :

    "Quand les voteurs votant se mettront tous d’accord
    Sur une idée sur rien pour que l’horreur se taise [...]
    Alors nous irons réveiller Allende"

    Son bourreau vient de crever dans son lit, de vieillesse.
    Et sinon mon pays du moins l’élite auto-proclamée du peuple de gauche me désespère par ses cris pitoyables qui ne réveilleront pas Salvador Allende.

    Jean-Michel (PCF)

    • OUAIS... MORT DANS SON LIT !

      ... Mais l’anticommunisme n’est pas mort avec lui, qui disait "un bon marxiste est un marxiste mort !"...
      Certains des participants des 9 et 10/12 à St Ouen n’en n’ont-ils pas autant au service des communistes français ?
      La justice des états ne l’a pas jugé, et en particulier pas celle de l’état de la présidente amie de Ségo Royal !
      Pourtant, les peuples eux l’ont jugé et en particulier les peuples d’Amérique latine !

      NOSE

  • La mort de Pinochet n’a aucune importance politique. Cela fait longtemps qu’il est hors-jeu. A peine 1000 personnes pour chanter l’hymne national devant l’hôpital militaire. Il y a moins de 5 ans, ils auraient été des centaines de milliers. Les détournements de fonds ont fait fuir ses plus fidèles partisans. Il reste aux familles des victimes le regret qu’il n’ait jamais été jugé. C’est frustrant, certes, mais le Chili a besoin de réconciliation et je ne suis pas sûr qu’ouvrir de nouveau les plaies fassent avancer les choses. La vérité peut être établie sans lui.

    Aujourd’hui, je pense à Allende, celui qui me fait m’intéresser au Chili depuis 36 ans et où je vis en ce moment..

    Ecoutez ses derniers mots. C’est grand. Ses dernières phrases sont juste au-dessus de mon ordi et je les relis quand j’ai un doute ou que je manque d’inspiration. Ou alors, j’écoute Victor Jara ou je lis Pablo Neruda.

    http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2657

    JMH

    NB : La migration de Bellaciao s’est bien passée et j’imagine que nous sommes nombreux à être ravis.

  • Bien, un dictateur d’amérique du sud en moins ; le prochain, ce sera Castro.

    Gageons que sur ce site, on trouvera des simplets qui prendront alors sa défense.
    L’antiaméricanisme, c’est un peu le joker du fasciste de gauche : temp que tu gueules haut et fort contre les USA, tu peux laisser crever ton peuple de faim, emprisonnesr tout les mecs qui ne pensent pas comme toi, les faire travailler commes des esclaves pour 3 dineros, youpee, c’est pas grave, c’est pour la bonne cause, TU ES DANS LE CAMP DES GENTILS PUISQUE TU ES ANTIAMERICAIN !!!

    Ils sont cons ces fachos de droite : il suffirait qu’ils se collent une étoile rouge sur la casquette, un passe montagne, une pipe, et un T shirt du Che pour devenir des fascistes de gauche, donc des mecs cool ; en plus, ils auront droit à une gaterie de Danièle M.