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Le torchon brûle entre les personnels hospitaliers et Mattei

Publie le mercredi 7 janvier 2004 par Open-Publishing

L’hôpital au bord de l’explosion. Les fédérations CGT, FO, CFTC et Sud de la fonction publique hospitalière, ainsi que les organisations de médecins hospitaliers (INPH, CHG et CMH), ont confirmé mardi leur appel à une journée nationale de grève et d’actions le 22 janvier, dénonçant les modalités du plan "Hôpital 2007" et le manque de moyens "humains et financiers".

Toutes les fédérations syndicales de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) devraient se joindre à ce mouvement qui donnera lieu à des actions décidées localement et, selon la CGT, à une baisse d’activités dans les services obligeant les pouvoirs publics à réquisitionner le personnel nécessaire.
Face à cette levée de boucliers, plutôt gênante à l’heure où le gouvernement compte dans ses résolutions la réforme de l’assurance maladie, le ministre de la Santé Jean-François Mattei a décidé de reporter au 19 janvier une réunion sur le plan "Hôpital 2007", initialement prévue mercredi avec les organisations de médecins hospitaliers.

Il devrait finalement remettre d’ici deux semaines une nouvelle version de son texte aux partenaires sociaux.
"Le ministre nous demandait tout simplement si on était prêt à signer dès mercredi. Je lui ai bien entendu répondu que non", a déclaré mardi à l’Associated Press le Dr Rachel Bocher, porte-parole de l’Intersyndicale nationale des praticiens hospitaliers (INPH).

C’est notamment le volet "gouvernance" -c’est à dire la réorganisation des établissements- qui inquiète les syndicats, avec la constitution de "pôles" au-dessus des services, la mise en place d’une tarification à l’activité, ainsi qu’une "décentralisation" de la nomination des chefs de services qui relèverait uniquement de commissions médicales locales.
Le ministère a déjà modifié son projet, dont c’est actuellement la troisième mouture. La précédente prévoyait, selon les syndicats, la disparition des services au profit de "pôles" regroupant plusieurs services aux activités similaires.
Les fédérations de la fonction publique hospitalière des personnels non-médicaux y voient une marche vers une "gestion entrepreneuriale", et une "privatisation rampante".

"Le volet gouvernance, c’est la remise en cause des statuts à plus ou moins long terme. Et le projet de Mattei, c’est pas la rationalisation des soins avec laquelle tous les professionnels sont d’accord. C’est tout simplement du rationnement", explique ainsi Jean-Marie Bellot, secrétaire général de la fédération FO-Santé.
Selon lui, "on veut établir le paiement à l’acte. Et ça, c’est précisément rechercher la rentabilité". "La nomination relevant uniquement du plan local, à moins d’être naïf, on sait comment ça marche. C’est un système de copains" ajoute de son côté Rachel Bocher.

Les fédérations syndicales de la fonction publique hospitalière dénoncent par ailleurs une "absence totale de réflexion sur les moyens et les besoins", dont les conséquences les plus récentes et visibles, selon tous les syndicats, sont la gestion de la canicule et les services d’urgence régulièrement débordés à la moindre épidémie ou crise sanitaire.

"On considère que les projets gouvernementaux n’apportent pas de réponse sur la dégradation des conditions de travail des personnels, la dégradation de l’offre de soins, le tout aboutissant à terme à la remise en cause de l’offre de soins du service public hospitalier", souligne M. Bellot.
Les syndicats exigent donc, outre la remise à plat du plan "Hôpital 2007", "de vraies négociations sur les moyens humains et financiers" (démographie médicale, conditions de travail, offre de soins).

Nadine Prigent, porte-parole de la fédération CGT Santé et Action sociale, fait pour sa part le constat d’une "absence d’écoute des partenaires sociaux par ce gouvernement. Ça fait six mois qu’on bavarde autour du plan ’Hôpital 2007’ et pendant ce temps-là, on ne parle pas du reste".
Les syndicats préviennent d’ores et déjà que s’ils ne sont pas entendus, "après le 22 janvier, il y aura d’autres dates". PARIS (AP)