Accueil > Peine de mort : ne les oublions pas !
de Bruno Lamothe
Je voudrais profiter de l’occasion, pour pousser un vrai cri, en ce début d’année 2007, que je vous souhaite excellente.
Ce cris concerne une condamnation à mort.
Mais ce n’est pas celle de Saddam Hussein.
Il s’agit de celle des infirmières bulgares et du médecin palestinien en Lybie.
Nous avons tous en mémoire, après les premiers ravages du sida, l’incertitude qui se prolongea sur ses causes et sur les modes de contamination. Ce retard dans la compréhension de la maladie a entraîné des millions de contaminations. La maladie ne sera pas erradiquée en 2007. C’est certain.
Nous avons tous une profonde compassion envers les malades, en particulier les enfants et, bien sûr, les enfants libyens porteurs du virus.
Je peux comprendre que des parents fous de douleur et d’angoisse cherchent des responsabilités, comme ce fut le cas en France aussi. Et je suis un soutien de Laurent Fabius, je sais de quoi je parle.
En revanche, les autorités politiques doivent s’interroger sur les dysfonctionnements administratifs et sanitaires qui ont pu favoriser la diffusion du virus, comme ce fut le cas en France et dans d’autres pays.
En aucun cas, les autorités ne doivent jeter en pâture à leurs opinions de prétendus coupables, alors même que des soignants se dévouaient pour soigner des enfants. Il n’y a pas de responsabilité pénale quand il n’y a pas d’intention de nuire.
C’est un principe fondamental et universel du droit pénal. D’autant plus que les expertises scientifiques ont démontré avec force que la contamination des victimes n’est pas due aux soins qui leur ont été apportés, puisque l’équipe condamnée est intervenue apres la contamination.
Les cinq infirmières et le médecin palestinien qui sont emprisonnés depuis février 1999 ont été victimes d’une parodie de procédure et de jugement les condamnant à mort.
De prétendus aveux extorqués sous la torture ont été retenus contre eux. Les responsables de ces violences, accompagnées même de viols, oui, des viols, ont été innocentés alors que certains d’entre eux avaient reconnu ces crimes.
L’U.E a adopté un plan d’action d’aide médicale aux enfants touchés par le virus et la France, a accueilli, dès le printemps 1999, des dizaines d’enfants pour les soigner afin qu’ils retournent dans leurs familles avec un protocole de traitement destiné à les sauver, protocole très efficace qui a beaucoup d’effet en France.
Or un ministre libyen a indiqué que ces protocoles n’avaient pas été mis en oeuvre. Cela n’est pas acceptable de la part de ces autorités.
Je m’interroge sur l’emploi des fonds surabondants dont ce pays doit disposer à cause de la hausse des prix des hydrocarbures dont il est exportateur. Je n’aurai pas la cruauté de rappeler les articles de la presse people sur les frasques financières des enfants du régime.
Je ne suis pas loin de penser que l’incarcération des personnels soignants, sans aucune garantie de procès légal, s’apparente à une prise d’otages accompagnée d’une demande de rançon et qu’elle a pour but de faire oublier les lacunes administratives et sanitaires de ce pays.
Sans même évoquer la détérioration de la santé de plusieurs de ces personnes, menaçant leur vie même, c’est une épreuve injuste qui leur est infligée depuis sept ans. Nous sommes en colère et nous nous sentons impuissants (quand je dis "nous", je suppose que ce sentiment est partagé par tous).
"Tous les moyens doivent être utilisés pour arriver à sauver le médecin palestinien et les cinq infirmières. Dans ce dessein, il faut faire appel à tout le monde, mobiliser tous ceux qui peuvent agir. Je pense en particulier aux héros palestiniens. Il n’y a pas de frontières en la matière. C’est une question de droits de l’homme" avait dit Laurent Fabius.
Douste-Blabla, a simplement fait un chapelet de phrases creuses : "je suis choqué par ce verdict", "La France déplore ce verdict" et "appelle à la clémence des instances libyennes"...
Voila, fin de mon cri d’alarme.
Vous pouvez bien entendu signer l’appel contre la peine de mort de ces 6 personnes :