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TRANSFORMATION SOCIALE : UN "DEPASSEMENT" VERS QUELLE SOCIETE ?

Publie le jeudi 4 janvier 2007 par Open-Publishing
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TRANSFORMATION SOCIALE : UN "DEPASSEMENT" VERS QUELLE SOCIETE ?
La nouvelle force large mais "non mouvementiste" ne saurait oublier les buts qui font bouger le mouvement social.

Dans l’Humanité du 26/12/2006 Vincent BONY, secrétaire départemental du PCF de la Loire, publiait une chronique intitulée "Pour la refondation d’une gauche de transformation sociale" qui m’a interessé comme militant altermondialiste, c’est à dire au fond en laissant de côté la question sensible du choix du candidat antilibéral ainsi que celle de savoir si la forme parti est dépassée. J’ai évidemment une opinion sur ces points mais comme membre d’ATTAC c’est sur le rapport du mouvement vers le but que je m’interroge et interroge fortuitement ce texte. Comment partir de l’existant mais néanmoins insuffler des perspectives dessinant une autre société de façon suffisamment claire ?

Vincent BONY le souligne "Nous savons ce que nous refusons (l’extension de la loi du fric sur toute activité humaine) même si nous ne sommes pas unanimes sur les réponses (pacifisme, nucléaire, croissance...). Savons-nous ce que nous voulons fondamentalement au-delà d’un programme électoral ou d’une charte ?"
Effectivement, s’agit -il pour les anti-libéraux de s’inscrire dans "une transformation sociale sans fin" mais aussi sans but un peu comme certains (1) dans.ATTAC demande à reconnaître "la lutte de classe" mais sans dire qu’elle est orientée vers un but qui n’est pas, sous couvert des grands mots, une vulgaire amélioration de l’ordre existant .

Le mouvement altermondialiste lutte tout à la fois "en contre" et "en pour" mais fondamentalement pour "un autre monde, une autre europe, une autre France" ? L’expression ne semble pas équivalente à la "visée communiste" évoquée par le responsable du PC auteur de l’article qui ajoute que cette visée est libre de droit d’auteur. En effet la "visée communiste" semble porter le regard si loin, en tout cas plus loin que la phase du socialisme que l’on peut se demander si une telle "visée communiste" n’est pas un supplément d’âme de l’abandon de la perspective socialiste, qu’elle ne sert pas de caution à une lutte de classe certes ancrée dans le réel mais qui tourne en rond, car "faite d’avancées et de reculs", comme déjà entendu - sur le mode fataliste - par un responsable syndical . Le problème est qu’il s’agit en réalité d’avancées fort limitées mais d’échecs souvent plus lourds.

Reste que les années 1997 - 2002 ont montré qu’une certaine conception de la lutte des classes "pour de nouvelles conquêtes" certes "non négligeables" pouvait camoufler l’ampleur de la déferlante souterraine du néolibéralisme . Voilà l’enjeux pour moi : bien voir cette tendance lourde, souvent cachée par quelques menues "conquêtes", mais très destructrice socialement et écologiquement . Alors oui une certaine conception de la lutte des classes a finalement consisté à entretenir des rapports de force dosés pour timidement "dépasser le capitalisme" (en mots) mais qui in fine laissait grosso modo le système capitaliste en l’état. La CFDT (pas toute) a majoritairement véhiculé cette conception d’accompagnement social de la regression capitaliste mais elle n’est pas seule en cause tant dans le champ syndical que dans le champ politique "de gauche". Ne faut-il pas alors remettre en cause cette conception en y réinsufflant un projet "non bouclé" d’une autre société. La lutte de classe serait alors tendue vers une configuration que l’on nommait jadis socialisme et que l’on pourrait appeler aujourd’hui écosocialisme .

ATTAC elle travaille aussi bien sur les processus pratiques (convergences) et le trajet (théorique) que sur le but ; autrement dit son projet porte à la fois sur l’altermondialisation et sur l’altermondialisme mais l’association se refuse à décliner par le menu et de façon dogmatique un projet complet d’une société radicalement différente. Pour montrer qu’il ne s’agit pas avec cet autre monde d’une régression vers un capitalisme autoritaire ATTAC précise que la société que nous voulons se veut réellement démocratique, solidaire, écologique, égalitaire . Cependant, pour éviter à la fois les défauts classiques de l’élaboration d’un programme maximum (celui des grands meeting) ou d’un programme minimum (3) ATTAC pose franchement des axes de ruptures nombreux (4) dans 7 grands domaines (les piliers du néolibéralisme à scier). Il ne s’agit donc pas comme le dit Vincent BONY de "partir d’un projet préconçu, prêt à porter" mais de disposer à nouveau d’un projet porteur, mobilisateur.

Les élections d’ ATTAC semble clore une période pénible de "dépression militante" (pour certains) et de déperdition de l’efficacité dans l’action . Le nouveau Manifeste est un outil de nature à de nouveau nourrir une parole enthousiasmante et mobilisatrice contre les forces aveugles qui nous mènent droit dans le mur. Le temps d’adhérer et de se battre dans l’unité est revenu.

Christian DELARUE
Membre du CA d’ATTAC France
Secrétaire national du MRAP

1 Pour une refondation d’une gauche de transformation sociale par Vincent BONY, secrétaire départemental du PCF de la Loire,
2 Je pense à un texte de Bernard TEPER
3 celui du social-libéralisme du PS (sa direction du moins) et de ses compagnons de route "gauche plurielle" rouges ou verts)
4 S’en tenir qu’à quelques revendications les plus "révolutionnaire", ce serait s’en tenir à un "révolutionarisme" criticable au moins dans ATTAC (cf Michel HUSSON in La stratégie de la transformation sociale)
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"alternative.unitaire2007_35"

Messages

  • Se positionner à la fois "en contre" et en pour" n’est pas si compliqué que cela. Exemple : Contre le chômage et la précarité ET pour une loi-cadre des 35 heures hebdomadaires sans perte de salaire... voilà une revendication qui mobilisait à partir du réel pour une autre société.

    Il est absolument nécessaire de partir du réel, du monde actuellement existant . Les bilans précis sont à poursuivre et à diffuser . Les dégâts sociaux et environnementaux sont immenses . C’est seulement à partir de cet état que nous pouvons commencer à proposer une transformation sociale, autrement dit un changement radical qui part certes d’un refus premier de "ce qui va" (mal), du cours actuel des choses mais qui "en marchant" réfléchit et revendique effectivement un autre monde, qui ne soit pas simplement celui-ci en un peu mieux.

    Lak