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Mouloud Aounit soutient Bellaciao.org

Publie le mardi 16 janvier 2007 par Open-Publishing

Mouloud Aounit secrétaire général en exercice du MRAP.

Les terrains d’activités du mrap

Les différentes activités

Le racisme d’aujourd’hui prend des formes diverses et complexes, les champs d’intervention pour le combattre doivent donc être multiples et de différentes natures.

1. Le MRAP intervient sur le plan juridique pour rappeler que le racisme (en actes comme en paroles) n’est pas l’expression d’une simple opinion mais un délit sanctionné par la loi D’une part, en déposant des plaintes et en se constituant partie civile, il veille au respect de la législation contre le racisme composée de Loi de 1972 -que le MRAP a contribué à faire voter par le Parlement- renforcée par la loi de 1990. En 1996 par exemple, la Fédération Nord / Pas-de-Calais a fait condamner des élus du Front National à Lens et Dunkerque pour "provocation à la haine et à la discrimination raciales".

D’autre part, grâce à ses permanences d’accueil , le MRAP aide les populations immigrées dans leurs démarches administratives et défend les victimes d’actes ou de propos racistes. De plus, le MRAP siège à la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, qui établit chaque 21 mars un rapport sur le racisme en France.

2. Conscient que le combat antiraciste ne peut se résumer à une bataille juridique, le MRAP privilégie les actions préventives « d’éducation à la citoyenneté » et développe un « antiracisme de proximité ». Quand il n’est pas théorisé, et il l’est rarement, le racisme exprime très souvent une souffrance. « Un raciste est quelqu’un qui se trompe de colère » et le punir par la loi ne fait qu’accentuer sa colère et son sentiment raciste. Dialoguer avec lui, essayer de lui montrer le danger de son discours, l’irrationalité de ses arguments et de ses analyses, est de notre point de vue une démarche essentielle. Le raciste doit prendre conscience que derrière ce qu’ils croient être des problèmes ethniques se cachent en réalité desproblèmes sociaux.

En tant qu’Association d’Education Populaire, le MRAP considère l’action pédagogique comme un axe majeur de son combat contre le racisme et la xénophobie.

Chaque année, nos militants répondent à des milliers de demandes d’information, participent à des débats, colloques, conférences à l’initiative d’associations, syndicats, municipalités, services jeunesse, missions locales, centres culturels et sociaux, organes de presses, etc.

Bien entendu, la majorité de ces actions préventives se fait en direction des élèves, car l’école reste un des piliers de la construction de la personnalité et de la citoyenneté. Le MRAP intervient ainsi chaque année dans environ 1500 établissements scolaires à la demande des enseignants, des parents ou des élèves eux-mêmes, notamment dans le cadre de la Semaine nationale d’Education contre le Racisme, autour du 21 mars. Nous participons également, et de plus en plus souvent, à la formation des enseignants et des éducateurs dans le cadre de la MAFPEN ou des IUFM.

Lors de ces interventions, ainsi que lors de toutes nos manifestations culturelles, notre objectif reste le même : briser les préjugés vis-à-vis de « l’Autre » et montrer que la diversité est signe de richesse. Le MRAP dispose pour cela d’une solide expérience et d’un matériel pédagogique qui a fait ses preuves : expositions, brochures, cassettes vidéo, jeu de Loi ...

3. L’égalité des droits entre tous les citoyens reste la revendication centrale du MRAP.

Le MRAP milite pour que les étrangers résidents fixés légalement, les jeunes nationaux issus de l’immigration bénéficient de droits égaux à ceux des autres citoyens de France. Chacun ne contribue-t-il pas aux activités économique, sociale et culturelle du pays ? La citoyenneté est donc pour nous un concept dynamique -le citoyen est un être en devenir- à l’opposé de celui de la nationalité, fixé et figé à la naissance.

L’égalité à la Citoyenneté , cela signifie bien entendu la lutte contre toutes les formes de discrimination raciale dans tous les domaines : aux loisirs, à la formation, à l’école, à l’embauche, au logement, etc. Après de longues années de travail d’alerte du MRAP (notamment grâce aux « testings »), la mise en place par l’Etat des CODAC (Commissions d’Accès à la Citoyenneté), du Geld (Groupe d’Etude et de Lutte contre les Discriminations) et du numéro 114 montre que les pouvoirs publics reconnaissent officiellement le phénomène discriminatoire, ce « racisme en actes ».

Désormais, le MRAP va centrer ses efforts sur le terrain, à la rencontre des victimes et œuvrer pour trouver des réparations adéquates. Mais ce combat se situe également sur un plan politique : les discriminations les moins visibles mais peut-être les plus graves consistent à priver certaines parties de notre population de leur citoyenneté. C’est pourquoi le MRAP milite sans relâche pour une régularisation globale des « sans papiers », mais aussi pour le droit de vote des étrangers et la mise en place d’une autre politique de l’immigration.

4. Le combat du MRAP est d’envergure internationale. Reconnu par l’ONU qui lui a conféré un statut consultatif, le MRAP participe à de nombreuses commissions en faveur des Droits de l’Homme à New York ou Genève pour faire entendre et respecter les droits des peuples et des individus. Mais notre activité internationale se caractérise également par des actions concrètes de solidarité : contre l’apartheid en Afrique du Sud, contre les procès truqués aux USA comme celui du condamné à mort Mumia Abu-Jamal , pour la paix entre Israël et la Palestine ou en Algérie... Pour le MRAP, la lutte contre le racisme doit s’appuyer sur la conviction d’une vocation de plus en plus marquée des peuples à converger vers un destin commun : l’amitié entre les peuples.

Peut-on effectivement séparer les problèmes de racisme « au Nord » et l’injustice croissante dans laquelle est plongé « le Sud » ? Le combat du MRAP c’est donc également celui contre les inégalités entre le Nord et le Sud. Les questions de paix, de liberté d’installation et de circulation, de flux migratoires ne pourront trouver de réponses globales, durables et réalistes que par la suppression de ce terrible déséquilibre de richesses. Nous devons pour cela commencer par annuler « la dette » des pays du Tiers-Monde.

La lutte contre le racisme est fondamentalement liée à l’action pour l’amitié entre les peuples, et vice-versa. C’est une seule et même valeur, que l’on peut appeler, comme les philosophes des Lumières, « l’humanité des êtres humains ».

http://www.mrap.fr