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Le nord de la Centrafrique en proie à une crise humanitaire urgente

Publie le jeudi 18 janvier 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Coincée entre le Tchad, le Soudan (et donc le Darfour) et la République démocratique du Congo (RDC), la République centrafricaine connaît à l’heure actuelle, malgré une embellie globale de la situation économique, une grave crise humanitaire dans le nord du pays où les populations sont visées par les attaques de milices inconnues.

"Le pays connaît un paradoxe", a alerté aujourd’hui Toby Lanzer, coordonnateur humanitaire dans le pays, lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York.

La république centrafricaine est un territoire d’environ la taille du Texas, bien plus grand que la France.

Un pays très pauvre.

L’ancien pays du monarque fou Bokassa, ami personnel de feu le Président Giscard d’Estaing et de Jacques Chirac...

Le revenu moyen par personne est de 350 dollars par an. Il est parmi les quatre derniers pays sur la liste de l’Index du développement et au troisième rang des pays les plus vulnérables sur la liste de la Commission européenne, a-t-il exposé.

Au point de vue macroéconomique, les perspectives s’améliorent. Le PNB a crû de 2,2% en 2005 et de 3,2% en 2006. Depuis les élections en 2005, un nouveau président et un gouvernement sont en place.

Le FMI est de nouveau présent dans le pays après six ans d’absence. La Banque mondiale aussi, avec un prêt de 100 millions de dollars, ainsi que la Banque africaine pour le développement. Les Etats-Unis ont annoncé la construction d’une ambassade, avec l’investissement que cela comprend, la Chine vient d’y envoyer son ministre des Affaires étrangères, a-t-il ajouté.

« Mais la situation dans le nord du pays est de plus en plus grave », a déclaré Toby Lanzer qui a rappelé que le pays compte 150.000 personnes déplacées, plus 80.000 qui ont fui vers le Tchad et 30.000 vers le Cameroun.

En outre, 750.000 sont touchés directement par les violences qui ont touché le nord-est et le nord-ouest du pays.

En tout un million de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire.

« La vague de violence actuelle est sans précédent dans le pays », a-t-il insisté. Ainsi une étude préliminaire montre que 38% des femmes ont été victimes d’abus sexuels.

Parmi ces dernières, 40% ont été stigmatisées, et 30% ont été complètement bannies de leurs groupes, a dit le coordonnateur humanitaire qui a souligné le rôle du Fonds Mondial pour la Population (UNFPA) dans le pays.

« Alors qu’il était inhabituel de voir les maisons brûlées, ce phénomène est maintenant répandu. Les violences sont commises par des hommes en uniforme, de nationalité inconnue », a dit Toby Lanzer.

« Peut-être par peur des représailles ou par ignorance, les interviews menées n’ont toujours pas permis d’identifier clairement d’où viennent ces personnes ni ce qui s’est passé », a expliqué le Coordonnateur, qui a rappelé que les frontières avec les pays voisins étaient très vastes et poreuses et que le pays comptait 150.000 armes légères pour une population totale de 4 millions d’habitants.

Autre chiffre extrêmement préoccupant : le taux de mortalité maternelle dans le nord du pays est de 1300 par 100.000. C’est le double du taux constaté au Soudan.

L’ONU est de plus en plus active, a dit Toby Lanzer qui a dit qu’il s’était rendu dans les régions touchées par les attaques au mois de novembre.

C’est très difficile dans un pays qui n’a pas de routes dans le Nord. Il faut voyager pendant une journée pour atteindre les premiers villages, quatre jours pour atteindre le nord-est du pays.

Aujourd’hui, l’ONU a envoyé 15 de représentants des agences des Nations Unies, dont le PAM, l’OMS et le HCR, ainsi que l’ONG Caritas dans le nord-est, entre N’dele et Behao. Des militants continuent de patrouiller entre ces deux pays. Une attaque a eu lieu hier à Paoa.

Le Coordonnateur humanitaire a rappelé l’appel à contributions lancé pour le pays, pour la « modeste somme de 50 millions de dollars, soit le deuxième appel par le montant, qui ira à une assistance à 1 millions de personnes ».

Une aide alimentaire à 350.000 personnes, des programmes d’accès à l’eau pour 200.000 personnes, des programmes de santé pour plus d’un million de personnes, des programmes de distributions de graines et d’outils à 150.000 personnes, si l’on veut éviter l’aggravation de la situation.

Interrogé sur la possibilité d’établir des camps de réfugiés, le responsable humanitaire a dit que c’était un dernier recours, mais qu’il ne serait pas étonné qu’on y arrive, pour protéger également la population.

Toby Lanzer a annoncé une réunion des contributeurs demain à Genève. Il a dit que si la réponse à l’appel avait pour l’instant été meilleure que d’habitude, elle était encore « très faible ». A ce jour, l’ONU a reçu 184.000 dollars, du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF).

Au plan humanitaire, il ne manque pas de raisons pour s’intéresser à la Centrafrique, mais le pays souffre de la proximité avec le Tchad et le Darfour. Il souffre aussi du manque de partenaires. Ainsi cinq ONG seulement sont actives dans le pays. « Dans un pays comme l’Angola qui était considéré comme une crise oubliée, il y avait plus d’une centaine d’ONG », a confié Toby Lanzer.

Interrogé sur le nombre de personnes menacées de famine, Toby Lanzer a dit qu’il avait rencontré à la mi-novembre un groupe vivant dans la forêt, ayant perdu leurs habits. « Je ne serais pas étonné de voir ce scénario se répéter », a-t-il dit.

« Il est urgent d’agir, immédiatement », a-t-il affirmé.

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Messages

  • mais qui est bruno Lamothe qui intervient sur tous les coins de la planète et toujours un peu de "biais"... Sur la nécessité de l’humanitaire, en fait de l’ingérence... Pourquoi ?

    Danielle Bleitrach

    • Oui Danielle ça on se le demande...

      Parce que faire un article sur la centrafrique appelant à l’ingérance humanitaire sans parler de l’ingérence française, économique, politique et militaire c’est extraordinaire ! Les deux seuls pays cité sont les USA et la Chine mais on dit pas que la Centrafrique fait parti du pré carré français. Et il ne dit pas que l’armée française est au feu en cemoment la-bas !

      Pire, l’auteur sans recul, prend clairement parti pour les thèses gouvernementales françaises et centrafriquaine. La situation n’est due qu’aux rebelles qu’on refuse même d’identifier...

      On ne dit pas par exemple, je cite Survie,

      L’Union africaine (UA) a déploré les exactions commises par les forces gouvernementales et dénoncé "l’impunité" dont elles jouissent. Des exécutions sommaires, démenties par Bangui, de villageois soupçonnés d’aider les rebelles auraient eu lieu. Plus de 3000 personnes auraient fui vers le Soudan. L’insécurité qui règne dans tout le nord-est s’ajoute à celle que font régner plusieurs groupuscules rebelles, bandes armées et "coupeurs de route" depuis plus d’un an dans le quart nord-ouest de la Centrafrique.

      Version qui me semble autrement plus complexe que le simplisme de B. Lamothe.

      Pire encore :

      L’opposition centrafricaine s’est déclarée "indignée de voir la France s’engager directement et résolument dans la logique de l’affrontement militaire". Dénonçant "cette intrusion française dans le conflit", l’Union des forces vives de la Nation (UFVN) a affirmé qu’il y avait eu des "massacres" de civils "occasionnés par les bombardements" des Mirage, même si aucun bilan de ces combats n’est encore disponible.

      Je laisse la fin au quotidien centrafricain Le Citoyen, notant que cette "énième intervention militaire disproportionnée" se déroule "en plein brousse, loin des regards indiscrets de la presse et des organisations humanitaires"

      Comme toujours, on nous prend pour des billes en mettant en avant des prétextes humanitaires pour légitimer l’impérialisme...

      http://www.survie-france.org/articl...

      Jips