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Un Zénith pour le combat social

Publie le mercredi 24 janvier 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

de Rosa Moussaoui

Regard bleu, cheveux en bataille, Thomas est blotti sur l’un des sièges rouges du Zénith. Arrivé à l’avance, il s’est épargné les bousculades de la foule qui se presse à l’entrée pour assister au premier meeting de Marie-George Buffet. "Je ne sais pas trop pour qui voter, alors je suis venu voir. Je me sens un peu communiste...", confie-t-il timidement .

Agé de 20 ans, cet étudiant en informatique a déjà assisté à un meeting socialiste. Il veut, dit-il, comparer, voir, comprendre, car "les médias s’intéressent à des bêtises et éludent totalement les débats de fond sur les idées et les programmes des candidats".

"’Face à la pauvreté, à la concurrence, aux inégalités qui se creusent entre les classes sociales, il faut, glisse-t-il, mettre en cause la propriété privée". Une "utopie" qui, assure-t-il, s’est par exemple "concrétisée au travers des logiciels libres".

Thomas avait 15 ans en 2002. Le 21 avril, après l’annonce des résultats du premier tour, il a passé sa soirée à pleurer. "J’ai ressenti une immense tristesse. Je m’en suis voulu de ne pas m’être engagé". Aujourd’hui, face à Nicolas Sarkozy, qui lui fait "très peur", il votera pour Marie-George Buffet au premier tour, et Ségolène Royal au second.

La presse, cette même presse qui a gobé sans s’interroger le chiffre de 110 000 participants au congrès de l’UMP, alors qu’il n’étaient, selon le « Canard enchaîné », que 25 000, ne les a pas vus. Mais ils étaient nombreux comme Thomas, mardi soir, au Zénith. Des jeunes traumatisés par l’épisode de 2002, et qui furent de tous les combats depuis 5 ans, contre la guerre en Irak, contre la réforme des retraites, contre le CPE...

« Le premier tour n’a pas encore eu lieu, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ironise Mathilde, en formation d’acteur-marionettiste, donc nous sommes venus nous renseigner. Sans l’intérmédiaire de la caméra. » Evoquant la peur de la droite et de l’extrême-droite, la jeune femme, venue avec deux amis, se demande « comment redonner sens à la démocratie, quand c’est la peur, et non l’espoir, qui détermine le vote ». Venues de Montgeron (Essonne) de leur propre initiative, Christelle, Cindy et Elodie, des lycéennes de 17 ans, voteront elles aussi pour la première fois.

Avec, en tête, les émeutes de novembre 2005 qui, pensent-elles, « ont laissé des traces » et dont « Nicolas Sarkozy est responsable ». « La droite est plutôt du côté du capital, et la gauche du côté du social, pour le droit au travail et au logement », expose Christelle, qui dit se reconnaître dans « les idées de Marie George Buffet et son discours, facile à comprendre ».

Dans les rangs des militants, venus très nombreux, la déception de n’avoir pu aboutir à une union des forces antilibérales a cédé la place à l’envie de bousculer enfin une campagne dominée par le bipartisme. D’aucuns jugent avec sévérité les intentions de José Bové, dont l’éventuelle candidature est perçue comme apportant de la confusion et davantage de division à gauche.

Sandrine, une enseignante, ancienne militante socialiste ayant quitté le PS après les déclarations de Jospin sur l’impuissance politique face aux licenciements, brandit une pancarte du collectif antilibéral de Montargis, qu’elle a rejoint pendant la campagne du « non », en 2005. « Je suis déçue du socialisme libéral incarné par Royal, assène -t-elle, J’ai découvert Marie-George Buffet pendant la campagne du « non », qu’elle a défendu avec talent et conviction ».

Aujourd’hui sans appartenance partisane, cette femme déterminée a convaincu les militants communistes de son collectif, plutôt favorables à une autre candidature, que « la majorité, ça se respecte », et que les interminables discussions sur la candidature devaient laisser place au « combat social ».

« Il aurait été dommage que le Parti communiste, qui a un ancrage social, une histoire, soit absent de cette élection, résume de son côté Rachida, une sympathisante privée du droit de vote parce qu’immigrée. Vouloir l’effacer du paysage politique, c’est priver d’appui ceux qui veulent se battre pour une autre vie. Surtout dans ce contexte de pertes de repères, où ressurgissent tous les obscurantismes. »

Dans la salle, archi-comble, les témoignages de soutien se succèdent, chaleureusement accueillis par les 6000 participants. Sans papiers, salariés, licenciés, précaires, la réalité est là, crue. Celle d’une société broyée par le rouleau compresseur du libéralisme et de la course à la rentabilité. L’émotion est à son comble lorsque Marie-George Buffet lance solennellement : « J’interdis au ministre d’Etat, qui fait la chasse aux enfants, qui veut embrisonner les mineurs, d’utiliser le nom de Guy Môquet, ce jeune communiste de 17 ans fusillé par les nazis à Chateaubriand ».

Un militant qui a suivi le meeting depuis chez lui, sur Internet, raconte en avoir eu « les larmes aux yeux ».

Messages

  • Alors nous étions au moins deux.

    Moi aussi j’ai eu les larmes aux yeux quand MGB a interdit à la droite réactionnaire (pléonasme) d’évoquer le nom de Guy Moquet.

    Comme j’ai vibré à l’évocation du "Vent d’en Bas", comme j’ai eu le frisson quand cette jeune sans papier est venue remercier MG, comme, encore, j’étais fier d’entendre nos camarades palestiniens et néérlandais.

    Il n’y avait pas 6000 personnes à ce meeting, mais les 6000 "physiquement" présents + tous ceux l’ayant suivi sur le net, ou, comme moi sur LCP.

    MAINTENANT, AVENTI !!!

    Emile, 28 ans, militant définitivement unitaire ET fier du PCF