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Non à l’immigration choisie ! C’est le pacte républicain qu’il faut rétablir !

Publie le dimanche 4 février 2007 par Open-Publishing

de Bruno Lamothe

Alors que la presse, quasi unanime, tente de nous "vendre" le "Sarkozy nouveau", plus social, plus consensuel, plus calme, etc., et semblent presque croire en ces mensonges, je voudrais dire combien j’en ai assez d’entendre le ministre-candidat parler de l’immigration comme d’une horde d’agresseurs qui viennent piller notre pays.

Ce ministre-candidat qui a fait tendre un piège aux sans-papiers et clandestins, lors d’une distribution de repas des restos du coeur (ce qui devrait inciter certains journalistes à nuancer leurs louanges sur l’humanisme du candidat).

Ce ne sont pas les citoyens français d’origine immigrée, (ni d’ailleurs ceux qui ne le sont pas) qu’il faut encore stigmatiser. Ils n’ont que trop souffert des amalgames et des discriminations en tous genres. C’est le pacte républicain qu’il faut rétablir ; c’est le "vivre-ensemble" qu’il faut revivifier ; c’est un cadre laïc et rigoureux qu’il faut faire respecter.

Nicolas Sarkozy, comem d’habitude, dans la droite ligne populiste, focalise ainsi les inquiétudes des Français sur les populations les plus précarisées et prétend que la France doit choisir son immigration. Ce faisant, il désigne à la vindicte des français la mauvaise immigration, celle des "immigrés subis", contre les "bons", les "immigrés choisis". Choisis un peu comme on fait son marché : ni trop verts, ni trop vieux, ni, surtout, trop colorés...

Si les critères draconiens et les procédures ubuesques qui nous sont proposés avaient existé dans le passé, jamais sa propres famille n’aurait pu immigrer.

En fait, l’immigration choisie consiste à relancer une forme d’immigration de travail, comme celle des années 60, une méthode qui précarise tous les travailleurs étrangers, qui les soumet à l’arbitraire le plus inacceptable. De plus, la politique de quotas déguisés est inefficace. L’expérience a montré, en Allemagne et en Espagne, que les politiques de quotas sont non seulement peu efficientes, mais néfastes !

"Les quotas de travailleurs qualifiés ne sont jamais atteints et ceux des travailleurs non qualifiés créent un appel d’air qui débouche sur un afflux d’immigrés clandestins" selon l’aveu même des spécialistes.

Inefficaces, les politiques de quotas témoignent surtout d’une vision de l’homme que nous, tous ensemble, parce que de gauche et républicains, rejetons avec force.

Mais c’est le dada du ministre de l’Intérieur : introduire une distinction insupportable entre les étrangers économiquement profitables et toute la misère du monde qu’on ne peut assumer, selon la célèbre phrase de Michel Rocard. Mais, souvent, on oublie la suite des propos de Rocard la France doit prendre fidèlement sa part de cette misère !

L’immigration choisie, c’est l’aveu d’une conception de l’individu réduit à sa force de travail et à sa rentabilité : une nouvelle insulte qui est faite à tous les demandeurs d’emploi, français ou étrangers.

Dans une conjoncture de chômage de masse, alors même que des millions de sans-emplois hurlent leur désir de travailler dans des conditions normales, on nous explique que la France manquerait de bras et, surtout, de cerveaux !

Nicolas sarkozy, et l’UMP, c’est le renoncement à offrir aux jeunes des formations en adéquation avec le marché du travail, le choix de ne pas mener de réelle politique de l’emploi et de la croissance, le choix de ne pas intégrer les jeunes Français issus de l’immigration, qui souffrent de discriminations à l’embauche, au logement, et jusque dans leurs loisirs .

A tel point que j’ai entendu, il y a peu, une responsable ANPE demander à une demandeuse d’emploi d’origine africaine, en Master d’Administration de Collectivités Territoriales, à Strasbourg, de "ne pas mettre [son] niveau bac +5 sur son CV, mais, tout au plus, "bac +2 ou bac +3", histoire de faire crédible, puisque, dans les yeux du raciste, au sein de l’ANPE ou d’ailleurs, cette demoiselle, parce qu’issue de l’immigration, ne saurait être si talentueuse.

L’immigration choisie se fera au détriment de ceux qui sont considérés comme des mauvais immigrés. Elle se fera également au détriment des Français, puisque, sous prétexte de lutter contre les mariages blancs, l’UMP jette le soupçon sur tous les couples mixtes.

On fait du droit d’asile une coquille vide.

On veut vider de son sens le regroupement familial. Après l’entreprise sans usine et l’usine sans ouvriers, Sarkozy est en train d’inventer l’immigré sans famille ! Cela ne peut pas ne pas nous rappeler le sort des chibani, eux aussi issus d’une immigration qui se voulait choisie, dans les années 60, et que le Sénat vient enfin d’autoriser à partir, dans leur pays d’origine, retrouver leurs familles.

Pourtant, les défis de cette élection présidentielle ne manquent pas. Les trois enjeux-clés du moment (cohérence des politiques d’immigration, intégration et codéveloppement) sont superbement ignorés par Nicolas Sarkozy : sans doute que ses conseillers en communication n’ont pas trouvé ces sujets assez "porteurs" ?

En précarisant les parcours de séjour des étrangers en France et en ne prenant pas de mesures d’envergure de lutte contre les filières d’immigration clandestine, la politique de Sarkozy pendant ces cinq longues années passées place Beauveau a entrainé la France dans le sens inverse créant ainsi un regain d’immigration clandestine.

En tentant d’accaparer la matière grise des pays en développement, le Gouvernement ne fait qu’accroître le pillage des ressources humaines de pays déjà plongés dans les plus grandes difficultés.

En stigmatisant une fois de plus les immigrants avant une échéance électorale, le candidat qui pille les pires thématiques du Front National,persiste donc dans sa volonté de diviser la société française. Mais lavie des autres n’est pour lui qu’un nouvel outil de communication politique.

http://www.changer-le-ps.com