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La culture et les marchands du temple

Publie le mercredi 21 février 2007 par Open-Publishing

L’Huma du 20 février, sous la plume de Marie-José Sirach, nous dit :

"De la gauche à la droite, en passant par le centre, tout le monde s’accorde sur le constat. La politique culturelle s’est construite, dans la deuxième moitié du XXe siècle, sur l’élan impulsé par le Conseil national de la Résistance qui a permis aux Jean Vilar, Jeanne Laurent, André Malraux et jusqu’à Jack Lang de construire une politique culturelle unique et exceptionnelle. Décentralisation, démocratisation culturelle, éducation populaire et artistique, aide à la création pour le spectacle vivant et création du CNC pour le cinéma, aides à l’édition ont été les moteurs essentiels pour favoriser d’un côté la création tous azimuts et, d’autre part, la recherche de nouveaux publics. LA MACHINE S’ESSOUFFLE Depuis une dizaine d’années, la machine s’essouffle, doucement mais sûrement. La décentralisation rime avec désengagement de l’État. Le formatage des oeuvres, qu’elles soient télévisuelles, cinématographiques, théâtrales ou littéraires, est la règle imposée par les producteurs.

L’éducation artistique est devenue le parent pauvre de l’éducation nationale. Le public est là pour remplir les salles et non pour découvrir une oeuvre. Les artistes, depuis la réforme de l’intermittence, sont considérés comme la variable d’ajustement lorsqu’il faut faire des économies. Dans ce même ordre d’idées, les musées se doivent d’être rentables. Mais aussi les théâtres, le cinéma et l’édition se doivent d’être rentables. Doucement mais sûrement, les politiques initiées par les derniers ministres de la Culture ont introduit le concept du tout mécénat (ou du partenariat, ça fait plus chic que sponsoring)."

Marie José Sirach devrait répondre aux questions suivantes :

• sous quel ministre précisément le mécénat a-t-il été résolument introduit, stimulé, chaque fois que possible substitué aux fonds d’état ?
• sous quel ministre les techniques de "marketing", de "merchandising" ont-elles été recommandées aux agents de l’état ?
• sous quel ministre la rentabilisation du patrimoine est-elle devenue un objectif politique ?
• sous quel ministre la multiplication d’indicateurs "économiques" a-t-elle modifié les mécanismes d’engagement et de contrôle des crédits de la culture ?
• sous quel ministre les lobbies marchands des industries culturelles ont-ils été le plus actifs, le plus soutenus ?

D’autre part n’est il pas abusif de mettre l’éducation populaire au crédit des politiques culturelles de l’état quand on connaît l’extraordinaire retard accumulé par notre pays dans ce domaine au cours des trente dernières années ? quand on sait que le ministère de la culture s’est toujours désintéressé de ce secteur au point de ne pas même en avoir revendiqué la charge lors de la définition de ses attributions ?????

Muncerus