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EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ?

Publie le jeudi 22 février 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

de Genica Baczynski

Trois employés d’un département d’études de chez Renault se sont suicidés en quelques mois. Trois anonymes. Trois hommes qui ont considéré qu’ils souffraient d’un déficit d’existence et qui malgré les amitiés et les affections que leur dispensaient leurs proches ont considéré que la vie était trop difficile, pour ne pas dire insupportable.

Le dernier d’entre eux a laissé une lettre à sa femme. Il y accusait l’entreprise qui l’employait ou le maltraitait. C’est ainsi. Aujourd’hui, où l’on vend le servage sous une forme à peine améliorée, où l’on programme une extension de l’exploitation, où l’on soumet tout un peuple de travailleurs à des lois économiques aussi absurdes qu’arbitraires.

Il n’y aurait pas à chercher très loin, chez Marx, par exemple, pour comprendre qu’un système aveugle et sourd exige chaque fois davantage des individus qu’il emploie et qu’il finit, d’une manière ou l’autre, par coloniser leur esprit. Que penser d’une époque où l’on constate que le suicide n’a cessé de croître depuis des décennies ?

Qu’il touche de nouvelles tranches d’âge ? Ce phénomène vient contrarier les études de Durkheim sur sa relative constance. Que penser d’une société où l’on « psychologise » à outrance des comportements et, ici, des décisions dramatiques, comme pour se disculper des conditions générales qu’elle impose à ses acteurs et ne pas les penser ? Antonin Artaud l’avait répété au sujet de Van Gogh : Il n’est jamais de suicidé que de la société.

Le patron de Renault compte mener une enquête. Et alors ? Au mieux, on aménagera des stades de décompression, sans toucher à la machine.

L’essentiel, quant à lui, s’abîme avec les rêves brisés, un goût de rien, des vies dévastées, des chagrins infinis, des deuils forcément impossibles. Adam Wazyk, le poète polonais, a publié des vers, en 1944, sur le suicide de son frère qui, lui, avait mis à ses jours parce que condamné au chômage. « J’ai seulement pleuré quand je me suis agenouillé devant son tiroir / où il y avait de petites choses comme lui inutiles / un briquet cassé, de menues inventions, des leurres magiques qu’il aimait beaucoup… »

Nous en sommes là, qui que nous soyons, à nous absorber dans des photographies, à tenter de reconstituer un passé, à se rappeler ce qui encore hier nous semblait banal : aux repas pris ensemble, aux projets caressés, aux mots échangés avec des sourires, aux objets, aux vacances, à la voix, à la chaleur des mains…

Et l’on ne décolère pas, aussi, face à l’absence.

Messages

  • Je crains que le "travailler plus pour gagner plus" pendant que les entreprises et les actionnaires détournent les bénéfices produits par les salariés, n’agrave les problèmes. Je crois que tous les salariés sont arrivés à un point tel, qu’il suffit de pas grand chose, pour déclencher une déflagration mémorable.

    Si on peut, soyons patients, LE PREMIER TOUR N’EST PLUS TRES LOIN !

    • attendre... attendre.... le 1er tour ... de quoi ? pour quoi ? ... ah ouie pour apres ... attendre le 2eme
      qui permettra d’attendre d’autr’ tours... mai la terre tourne aussi et les morts se ramassent a l’appel *

      bd

    • tu as raison , et d’attendre que le grand chef règle tous les problèmes pour nous sans qu’on se bouge le cul. il suffit de prendre 1 heures un dimanche aller a l’école du quartier , prendre un bulletin , le mettre dans la boite , et voila ! y a plus qu’a attendre
      il faut vraiment que les mentalités de nos concitoyens qui travaillent changent.
      Je me demande parfois si il n’y a pas un peu d’assistanat politique ou revendicatif la dedans.
      Comme les salariés qui attendent tout du délégué.
      ah cette saloperie de délégation de pouvoir !!!!

      andré 18

  • Oui ! Faisons le décompte des morts et des blessés du travail.

    Tous les jours au travail ou dans les trajets quand on est sous pression.

    Faisons tourner la pendule de ces morts, elle sera plus humaine que celle d’une dette qui n’a de sens que pour les tenants du néolibéralisme.

    Oui, la dette de la France qui augmente c’est celle de ses hommes et de ses femmes qui meurent ou sont handicapés tous les jours.

    Ceux qui meurent pour "gagner leur vie", même pas pour gagner plus !

    Ya basta !

  • je suis indigné par le suicide bien sur mais pas seulement. Je suis indigné parce que des cadres , des employés hautement qualifiés sensés etre une élite d’une entreprise , se laissent faire au point de se suicider ??? j’ai du mal a croire que les causes de ces suicides sont dues uniquement aux conditions de travail. Quand on est sous pression ou harcelé on se défend merde !!!! on a des collègues des syndicats un medecin pour arrèter une semaine pour souffler on se rebiffe on démissionne , on met un coup de boule a son chef , mais on ne se suicide pas !!!! ? Quelque chose m’échappe. Descendre au fond de la mine , partir en mer sur un chalutier par gros temps plusieurs jours bosser sur un chantier par tous les temps , OUI CA C’EST DUR ? mais travailler dans un bureau d’étude ???? enfin tout de même !!!!!!!! On se suicide quand on a aucune solution mais la il y en a , on a des recourts on a des alternatives , quand on est plusieurs a mal vivre au travail on fait grève !!!
    non je ne comprends pas.
    Ou alors de directeur est un sacré pervers et malheureusement très fort mais cela je n’y crois pas. Rappelez vous , ces femmes d’une confection harcelées insultées poussées a bout , elles se sont rebiffées et on fait viré ce salop de Directeur.
    Et des gens sensés avoir fait des études , des cadres des techniciens..... et ils se flinguent en laissant les femmes et les enfants se demerder avec la vie ????
    N’importe quel ouvrier du batiment aurait la ressource de s’en sortir.

    NON VRAIMENT ...... Vous allez me dire que je parle bien que ça me parait facile que je suis pas a la place de ces pauvres gars ok mais la vie c’est comme je la vois pas en se suicidant.

    Ou alors le moule ou le modèl de travail dans lequel on veut nous mettre est extrèmement dangereuse.
    On a connu cela au JAPON a une époque ou les cadres se suicidaient parce qu’ils n’étaient pas assez compétitifs donc ne pas répondre favorablement aux exigences du patron etait un déhonneur. Mais la FRANCE n’est pas le JAPON.

    Et puis un DRH n’est pas idiot , si l’entreprise a besoin de personnel qui mette les bouchées double je ne vois pas l’interet de pousser les gens hors de l’entreprise , surtout a ce niveau de compétences , un designer industriel ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval et , comme ils disent " ça coute cher".
    Dernière hypothèse : Des salariés sont si fragiles, qu’ils ne résistent pas aux rudoiements du chef. Mais alors comment voulez vous faire la révolution avec ça ?

    Baisser ou pas baiser les bras , se battre ou ne pas se battre ? la est la question.

    andré 18

  • Au dela de la réaction à chaud devant tant de détresse humaine,
    je reste dubitatif en constatant que l’on peut réagir de cette façon
    devant tant d’indifférence et de mépris.
    Mordre la main qui nous nourrit demande parfois plus de courage que
    de se lever tous les matins et de participer à ce monde ultra libéral qui
    nous gangrenne de l’intérieur et qui en plus nous demande toujours plus.
    Construire des bagnoles qui détruisent la planète et nous permettent quoi
    en échange ? : se rendre à son lieu de travail !! Quelle tristesse.
    Lire ou relire l’an 01 de Gébé, rejoindre la décroissance ou les alter-mondialistes
    et ne pas avoir peur du lendemain en brisant ces chaines que l’on se met souvent
    soi meme aux pieds.

    • la révolte et la colère sont des sentiments qui peuvent préserver l’individu du suicide , le désespoir et ses corolaires peuvent conduire un individu a se suicider Les mauvaises conditions de travail affectent tout le monde que l’on soit cade , employé ou ouvrier et effectivement on peut se battre Quelquun qui se suicide cesse de se battre en mettant fin à ses tourments

      dès l’école on nous dit qu’il faut bien trvailler pour devenir quelqun , se battre pour etre le premier on se bat ,on devient le premier . Le savoir en poche ,on vous dit qu’il faut etre un tueur , savoir se vendre , affronter les coupeurs de tetes et le directeur des ressources humaines On fait tout cela pour s’apercevoir que l’intéret n’est pas toi , tu n’es qu’une ressource que l’on exploite . Toi tu voulais simplement devenir quelqun , devenir un homme

      l’es tu devenus ? on t’a dit de te remettre en question ???? ET SI JE N’ETAIS RIEN DU TOUT !

      André Hervé

  • Bonjour Genica,

    Dans les entreprises automobiles, le secteur le plus orgueilleux est celui du moteur.
    Mais alors que des moteurs non polluants peuvent être fabriqués en série, les constructeurs de voitures prefèrent continuer d’utiliser ces moteurs qui utilisent du pétrole et mettre la pression pour relancer les ventes de véhicule en produisant plus de modèles qu’avant.
    Où est le problème ? On évite de se remettre en cause par tout les moyens.
    On évite de voir la vérité en face : la planète a besoin de véhicules qui ne polluent pas mais on évite de le faire pour éviter de faire évoluer le marché financier produit par le pétrôle.
    Est-ce que ces suicides permettront à ces entreprises de se remettre en cause ?

    pensee-unique.over-blog.com
    pensee-unique.net
    80 pages pour recréer la solidarité.

    Jérôme