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Yves Cochet "Nous essayons d’obtenir que Battisti ne soit pas extradé"

Publie le mercredi 21 mars 2007 par Open-Publishing

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Le député Yves Cochet revient sur son soutien à Cesare Battisti, arrêté au Brésil :
"Nous essayons d’obtenir que Battisti ne soit pas extradé"

de Fabrice TASSEL

Député (Verts) de Paris et ancien ministre de l’Environnement, Yves Cochet, revient pour Libération sur l’arrestation de Cesare Battisti, dont il a été un actif soutien, notamment en 2004.

Craignez-vous des conséquences judiciaires pour avoir soutenu Cesare Battisti ? Hier Il Corriere della Serra affirmait que vous aviez sollicité une aide politique auprès de parlementaires brésiliens et que vous seriez allé au Brésil ?

Sur ce point, à savoir les informations parues dans la presse étrangère, nous apporterons d’autres informations en fin de semaine. Nous ne nous exprimons pas sur ce sujet pour ne pas entraver le travail de nos avocats au Brésil.

Pensez-vous que cette arrestation soit un coup électoral monté par Nicolas Sarkozy ?
Je le crois, notamment parce que quelques personnes, membres du comité de soutien à Cesare Battisti, ont été plus ou moins activement surveillées depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Nous avons eu des indices selon lesquels nous étions surveillés et nous avons été assez prudents. Mais le moment choisi par le ministre de l’Intérieur, président de l’UMP et candidat à la présidentielle est tout sauf fortuit, c’est un coup politique qui rappelle l’arrestation d’Yvan Colonna.

Depuis quand la surveillance a-t-elle été accentuée ?

En fait, ça a commencé dès le départ de Cesare Battisti, il y a deux ans et demi. Les soutiens à Battisti n’avançaient pas masqués, à l’image de ce qu’a fait Fred Vargas, ou Lucie Abadia. Et tous ont été suivis de façon plus ou moins active. Il y a quelques semaines, une brève dans le Canard enchaîné affirmait d’ailleurs que Nicolas Sarkozy souhaitait que la recherche soit accélérée. C’est ce qui s’est passé.

Sur le plan judiciaire, pensez-vous qu’il existe des voies de recours pour Cesare Battisti ?

Sur le fond, il existe trois éléments essentiels. D’abord, la doctrine Mitterrand, d’ailleurs suivie par plusieurs gouvernements de droite, selon laquelle la France offre l’asile aux réfugiés italiens qui ont rompu avec la stratégie de la violence. Puis il y a le fait que Battisti a été jugé en Italie en son absence et sans recours possible, ce qui est contraire aux règles morales. Enfin, les procès qui se sont tenus en Italie ont eu lieu en présence d’avocats que Battisti n’avait pas du tout choisis. Les lettres sur lesquelles s’est fondé le gouvernement français pour demander son extradition sont des faux. Maintenant le pouvoir brésilien a toute autonomie pour décider de son sort. Nous essayons d’obtenir que Battisti ne soit pas extradé.

Sur le plan intérieur, que vous inspirent les réactions des autres partis ?

D’abord, je rends hommage à François Bayrou qui, dès dimanche, a été le premier à formuler une position proche de la nôtre. Les Verts aussi, bien sûr. En revanche, nous avons été déçus par le premier communiqué du Parti socialiste affirmant que Battisti devait être extradé. D’autant qu’en 2004, François Hollande avait rendu visite à Cesare Battisti en prison. Il existait une vraie solidarité. Mais le tir semble avoir été rectifié depuis, notamment par Dominique Strauss-Kahn.

Pensez-vous que la mobilisation peut reprendre ?

Oui, cette affaire n’est pas finie. Nous allons remettre en cause la stratégie planifiée de Nicolas Sarkozy en tant que ministre. Il a volontairement tardé à agir pour organiser un coup électoral

Mais n’estimez-vous pas normal que la police ait recherché Battisti et transmis ses informations aux enquêteurs brésiliens ?

Oui, c’est le boulot normal de la police, c’est le timing qui est contestable.

http://www.liberation.fr/actualite/societe/242318.FR.php