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Manifestation devant la Santé pour la libération de Battisti

Publie le lundi 16 février 2004 par Open-Publishing

PARIS - Une centaine d’auteurs de romans policiers, d’élus de gauche et de proches de Cesare Battisti ont manifesté lundi devant la prison de la Santé à Paris pour réclamer la libération de l’ancien militant d’extrême gauche italien arrêté mardi dernier.

Les manifestants, tenus à distance de la maison d’arrêt par les CRS, ont déployé plusieurs banderoles proclamant : "Libérez Battisti" et "toutes les prisons sont des couloirs de la mort".

"Il ne s’agit pas de justice, il s’agit d’esprit de vengeance, c’est un chef d’Etat escroc qui essaie de se venger de la violence révolutionnaire", a déclaré l’écrivain Philippe Sollers, au premier rang des manifestants.

Le député Vert Noël Mamère a estimé que le cas Battisti était "l’illustration d’un formidable retour en arrière dans notre pays des libertés et du droit. C’est une berlusconisation rampante", a-t-il dit.

Cesare Battisti, ancien activiste de l’ultra-gauche dans l’Italie des années soixante-dix, devenu auteur de romans policiers en France, est menacé d’extradition pour purger une condamnation à perpétuité prononcée en 1987 en son absence pour quatre meurtres.

Il a été placé sous écrou extraditionnel à la prison de la Santé.

Tous les partis de gauche ont demandé sa libération, reprochant au gouvernement de revenir sur la parole donnée et d’envisager d’extrader un homme à qui la France a offert l’asile de longue date en vertu de la "jurisprudence Mitterrand".

DES ECRIVAINS SE MOBILISENT

Le garde des Sceaux Dominique Perben a affirmé que la procédure d’extradition allait "reprendre son cours" à la suite d’une nouvelle requête italienne fondée sur la condamnation du militant à quatre reprises pour homicide.

En 1991, un an après l’arrivée en France de Cesare Battisti de retour d’exil au Mexique, la cour d’appel de Paris avait rejeté une demande italienne d’extradition de l’ancien membre du "Mouvement des prolétaires armés pour le communisme".

La "jurisprudence Mitterrand", qui permettait depuis 1985 aux anciens brigadistes de rester en France sans être inquiétés s’ils avaient renoncé à toute activité terroriste, a été battue en brèche en août 2002 par l’extradition de Paolo Persichetti.

Dominique Perben avait alors parlé d’un "changement d’attitude" de la France.

Cesare Battisti, marié et père de deux enfants, est l’auteur d’une dizaine de romans policiers et vit en France depuis 1990.

Ses avocats, Irène Terrel et Jean-Jacques de Felice, ont déposé une demande de mise en liberté qui sera examinée le 3 mars par la cour d’appel de Paris.

Parallèlement, une mobilisation se développe chez les écrivains. Plus de 3.000 personnes ont signé une pétition en faveur de sa libération immédiate, dont les éditeurs ou écrivains Gilles Perrault, Jean-Marie Laclavetine, Joëlle Losfeld, François Guérif, Olivier Rubinstein, Sabine Wespieser, Dan Franck, Michel Quint ou Didier Daeninckx.

"L’arrestation de Cesare Battisti n’est justifiée par aucun fait nouveau et elle apparaît comme une intimidation, un coup de force qui fait peser une nouvelle menace sur toute une communauté qui s’est réinsérée en France. Le gouvernement français ne peut que reconnaître l’erreur que constitue cette arrestation et y mettre fin immédiatement", proclame le texte.

http://www.liberation.com/page.php?Article=179182