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La Ville de Frontignan fait de Cesare Battisti un citoyen d’honneur et interpelle Jacques Chirac

Publie le samedi 21 février 2004 par Open-Publishing

Pétition Battisti à la Bibliothèque de Frontignan

Bonjour,
En relais de notre initiative d’élire Battisti citoyen d’honneur de la Ville
de Frontignan et afin de permettre à tous ceux qui n’ont pas accès à
internet, la pétition demandant la libération de Cesare Battisti sera mise à
disposition du public dès samedi 21 février 2004 à la Bibliothèque
Municipale de Frontignan (rue Député Lucien Salette 34110 Frontignan - Tel :
04 67 18 50 06). Une affiche spécifique est réalisée pour l’occasion et
l’ensemble de ses livres seront présentés.


La Ville de Frontignan fait de Cesare Battisti un citoyen d’honneur et interpelle Jacques Chirac

Ce jeudi 18 février 2004, Pierre Bouldoire, Maire, a décidé d’attribuer le titre de citoyen d’honneur de la Ville de Frontignan à l’écrivain Cesare Battisti. Cette action symbolique s’accompagne d’une lettre ouverte à Jacques Chirac demandant la libération immédiate de l’auteur arrêté le 10 février dernier à son domicile par la brigade anti-terroriste.
L’auteur de romans noirs est menacé depuis d’extradition vers l’Italie où il a été condamné il y a 25 ans dans le cadre de lois d’exceptions concernant les « tentatives d’insurrection contre l’Etat ».

Cette arrestation intervient alors que Cesare Battisti avait obtenu depuis 1990, l’assurance de pouvoir vivre dans notre pays s’il s’engageait à « sortir de la spirale de la violence ». Une grande partie de son œuvre a d’ailleurs été consacrée à décrypter cette période sombre de l’histoire politique de l’Italie dont il fut témoin et acteur. Depuis il a été régulièrement l’invité de salons ou de festivals littéraires, et la Ville de Frontignan et l’Association Soleil Noir ont eu par deux fois le plaisir de l’accueillir, dans le cadre du Festival International du Roman Noir qu’elles organisent.

Cette mise en détention de l’écrivain Cesare Battisti a provoqué une vague d’indignation et de colère partout en France, à laquelle la Ville de Frontignan a souhaité s’associer par ce geste symbolique de son premier magistrat.

Pierre Bouldoire a également écrit au Président de la République pour lui demander d’user de toute urgence de toute son influence pour que Cesare Battisti retrouve immédiatement une liberté qu’il n’aurait jamais dû perdre au regard d’engagements réciproques et respectés jusqu’alors.

Souhaitant vivement que la mobilisation et le rappel du droit permette une libération rapide de Cesare Battisti, la Ville de Frontignan et l’association Soleil Noir l’invitent d’ores et déjà le 4 juin dans le cadre du Festival International du Roman Noir pour lui remettre la médaille de la Ville témoignage de son élection au titre de citoyen d’honneur.

Vous trouverez ci-après le texte du courrier adressé par Pierre Bouldoire, Maire de Frontignan, à Jacques Chirac, Président de la République.

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Monsieur le Président,

Je me permets de vous faire part de mon indignation et de ma colère quant à l’arrestation et au maintien en détention de l’écrivain Cesare Battisti.

Celui a été arrêté le 10 février dernier à son domicile par la brigade anti-terroriste. Il est depuis placé sous écrou à la prison de la Santé à Paris et est menacé de se voir extradé vers l’Italie où il est sous le coup d’une condamnation prononcée il y a 25 ans dans le cadre des lois d’exception mises en place à l’époque pour les délits relevant de « tentative d’insurrection contre l’Etat ».

Réfugié en France depuis 1990, Cesare Battisti avait obtenu de votre prédécesseur l’assurance de pouvoir vivre dans notre pays s’il s’engageait à « sortir de la spirale de la violence ». Cette parole donnée par la France faisait suite à une procédure du même ordre que celle qui aujourd’hui frappe Cesare Battisti. A l’époque, la chambre d’accusation de Paris avait donné un avis défavorable, considérant que la procédure italienne n’était pas conforme au droit français.

Depuis, Cesare Battisti a respecté sa part du « contrat moral » passé avec les plus hautes instances républicaines de notre pays. Il vit et travaille en France où il a fondé une famille. Il est l’auteur d’une dizaine de romans noirs qui lui ont valu la reconnaissance de ses pairs, de la critique littéraire et d’un public de plus en plus large. Une grande partie de son œuvre est d’ailleurs consacrée à décrypter avec humanité et honnêteté cette période sombre de l’histoire politique de l’Italie dont il a été témoin et acteur. Homme public, Cesare Battisti participe à des ateliers d’écriture, rencontre ses lecteurs, parle de son travail d’auteur à l’occasion de débats et de tables-rondes. Il est régulièrement l’invité de salons ou de festivals littéraires, en France et ailleurs, et nous avons eu par deux fois le plaisir et l’honneur de l’accueillir à Frontignan, dans le cadre du Festival international du roman noir.

Son arrestation et la menace d’extradition qui pèse à nouveau sur lui interviennent donc au mépris de plusieurs principes et valeurs qui engagent chaque citoyen de ce pays.

Mépris, dans un premier temps, de la parole donnée par un Président de la République élu au suffrage universel.

Mépris, ensuite, d’un principe essentiel du droit qui stipule que nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits.

Mépris, également, de l’avis des magistrats de la chambre d’accusation de Paris.

Mépris, enfin, de la personne même de Cesare Battisti et de sa famille, brutalement réveillés au matin du 10 février par la police comme s’ils étaient de dangereux terroristes vivant dans la clandestinité.

En conséquence, je me permets de vous demander d’user de toute urgence de toute votre influence pour que Cesare Battisti retrouve immédiatement une liberté qu’il n’aurait jamais dû perdre au regard d’engagements réciproques respectés jusqu’ici. Je vous demande également de tout mettre en œuvre pour arrêter l’ensemble des procédures qui empêchent aujourd’hui Cesare Battisti et sa famille de vivre dans la dignité et dans le respect normalement dus à toute femme et à tout homme que l’on a un jour officiellement accepté d’accueillir sur notre territoire national.

Chaque jour supplémentaire passé en prison par Cesare Battisti oblige chaque citoyen de cette Nation à devoir continuer de vivre avec la honte de l’affront fait à l’un des siens, et contribue grandement à ternir l’image de notre pays dans le monde. Je fais partie de ces citoyens. Vous également, Monsieur le Président, qui en êtes le premier.

Certain que vous comprendrez le sens de ma démarche et dans l’attente de la libération de Cesare Battisti, citoyen d’honneur de la Ville de Frontignan la Peyrade depuis aujourd’hui, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Pierre Bouldoire
Maire de Frontignan la Peyrade