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Cesare Battisti est livré en pâture à l’opinion publique

Publie le lundi 23 février 2004 par Open-Publishing

Martine Billard
est députée Vert
de Paris

Quel sens vouliez-vous donner à votre visite, lundi soir, à la prison de la Santé auprès de Cesare Battisti ?

 Tout parlementaire a le droit de constater l’état des lieux de détention d’un individu. Nous essayons d’user de ce droit dans certaines affaires, comme cet été lorsque nous étions allés voir José Bové. Mais il y a bien sûr un sens politique car Cesare Battisti est sous écrou pour extradition alors qu’il était en France de façon tout à fait publique, bénéficiant au nom de la France d’un engagement de son chef d’Etat d’alors. Cet accord concernait les réfugiés politiques italiens ayant abandonné toute participation à une action violente et leur attribuait une autorisation de séjourner dans notre pays. Par ailleurs le procès dont a bénéficié Cesare Battisti était loin d’être sérieux. Je vous rappelle qu’il a notamment été condamné à perpétuité pour deux faits qui s’étaient déroulés simultanément. Or l’Italie n’autorise pas la tenue d’un second procès, lorsque le premier s’est déroulé par contumace. C’est pour cela que notre mobilisation est nécessaire.

Comment expliquez-vous cette arrestation ?

 Je crois que deux éléments sont importants. Comme ce gouvernement a peu de choses à mettre en avant concernant sa politique contre le terrorisme, il s’attaque à des victimes toutes désignées pour servir de pâture à l’opinion publique.
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Par ailleurs il fait un geste envers ceux qui s’opposent à sa politique pour leur dire qu’ils ne s’arrêteront devant rien. Dans les derniers mois, un syndicaliste a été condamné pour l’usage d’un mégaphone, des militants associatifs pour leur action de protestation concernant les convois nucléaires… Nous sommes face à la criminalisation des actions politiques et syndicales.

Quelles actions peuvent être entreprises ?

 J’espère que les juges iront dans le sens dans lequel ils sont déjà allés en refusant l’extradition de Cesare Battisti, se référant aux conditions du procès et à l’absence de possibilité de le refaire. Concrètement et nous concernant, déjà la visite d’hier était un signe de notre volonté de manifester notre refus de cet emprisonnement. La Chancellerie a d’ailleurs tout fait pour nous enlever notre droit de visite puisque nous avons attendu deux heures avant de pouvoir entrer à la Santé. Face à la menace d’un scandale publique le ministère a dû céder. Mais si nous avions reculé, ce droit aussi aurait été écorné. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore décidé d’autres actions mais rien ne nous empêche de retourner à la Santé si nécessaire.

Propos recueillis par Céline Louail