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Colère des amis de Cesare Battisti contre le garde des sceaux

Publie le lundi 23 février 2004 par Open-Publishing

Les avocats de l’ancien activiste italien contestent la version de Dominique Perben sur l’arrestation.

La colère contre le ministre de la justice, Dominique Perben, est montée d’un cran chez les partisans de Cesare Battisti, l’ancien activiste d’extrême gauche, devenu romancier, arrêté le 10 février par des policiers de la division nationale antiterroriste et placé sous écrou extraditionnel. Jeudi 19 février, lors d’une conférence de presse organisée par la Ligue des droits de l’homme (LDH), ses avocats ont fermement démenti la version du garde des sceaux sur les circonstances de son arrestation.

Depuis le début, Mes Terrel et De Felice dénoncent une arrestation "politique" : le 29 mai 1991, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris avait rendu un avis négatif au sujet d’une première demande d’extradition de M. Battisti, condamné à vie pour divers meurtres et braquages. "Cet avis s’impose à tous les gouvernements, et le dossier ne contient aucun élément nouveau", a souligné Me Terrel. Or, M. Perben, invité du "Grand Jury RTL-Le Monde-LCI", le 15 février, avait affirmé que M. Battisti "avait été arrêté à la suite d’une menace de mort contre l’un de ses voisins". "C’est au moment où la police l’a arrêté qu’en examinant le fichier Schengen, elle s’est aperçue qu’il - faisait l’objet - d’une demande d’extradition par l’Italie". Autrement dit, l’arrestation résulterait, selon le ministre, d’une coïncidence.

Une plainte a bien été déposée contre M. Battisti le 6 février, mais pour "trouble de voisinage" (Le Monde du 19 février). Le 30 janvier, M. Battisti, qui est gardien d’immeuble, à Paris, avait en outre porté plainte contre X pour "dégradations" dans les parties communes. "Quelqu’un a pu se sentir visé et porter plainte contre M. Battisti", suggère aujourd’hui Me Terrel, tout en ajoutant que "M. Battisti n’a fait aucune menace de mort". Ironique, l’avocate a ensuite noté qu’il était rare que la division nationale antiterroriste intervienne pour des querelles de voisinage... "S’il est extradé, la France ne va pas livrer Battisti à des juges, mais à la prison à perpétuité", a alerté Me Terrel.

9 500 SIGNATURES

Les participants ont vivement critiqué le revirement du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin à l’égard des réfugiés italiens : depuis un engagement pris par François Mitterrand, en 1985, la France s’opposait à l’extradition d’anciens activistes ayant rompu avec le passé. Cette ligne avait été remise en cause le 25 août 2002, lorsque M. Perben avait accepté l’extradition de Paolo Persichetti, un ancien membre de l’Union des communistes combattants (UCC).

Le président de la LDH, Michel Tubiana, s’est élevé contre "les petits services entre amis -le ministre de la justice et son homologue italien- qui ruinent toute démocratie". Tour à tour, le généticien Albert Jacquard, la sénatrice (PCF) Nicole Borvo, Stéphane Le Fol, directeur de cabinet de François Hollande, premier secrétaire du PS, et d’autres, ont fait part de leur "indignation". Autres soutiens, le Syndicat de la magistrature (SM, gauche), le Syndicat des avocats de France et la FSU, premier syndicat dans l’éducation nationale. L’écrivain Serge Quadruppani a rendu publique une pétition italienne recueillant, pour l’instant, 1 586 signatures. La pétition française affichait, jeudi 19 février au soir, 9 500 signataires.

Clarisse Fabre