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Genica BACZYNSKI : DISCOURS NÎMES

Publie le lundi 16 avril 2007 par Open-Publishing
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de Genica BACZYNSKI

Chers amis, camarades,

Je suis écrivain, donc naturellement concernée par les questions de culture et de création.

La gauche populaire et antilibérale, appuyée par le Parti communiste français, porte un projet d’ensemble, un projet qui unit les travailleurs et les artistes, les intellectuels et le peuple et ce projet ne nous pas été inspiré par une circonstance, un calcul électoral, il est notre raison de vivre. Il s’agit, toujours, pour nous de quitter la préhistoire où l’on veut nous cantonner. Nous sommes hostiles au libéralisme, non pour des motifs doctrinaires, mais pour des raisons d’humanisme pratique. S’éloigner du libéralisme, lui tourner le dos, le renvoyer dans les cordes, c’est gagner en civilisation.

Qu’il s’agisse des intermittents du spectacle dont le statut remonte au Front populaire ou des ouvriers grévistes de PSA ou des dockers de Fos, nous sommes confrontés à une même logique, celle de la mesquinerie érigée en système.

Harpagon est au pouvoir. On se croirait revenu en 1905, avec en arrière-plan, les marins mutinés du cuirassé Potemkine qui se sont insurgés pour que la soupe soit bonne. Nous vivons dans un pays riche où la prospérité est refusée à un nombre de plus en plus élevé d’habitants. Et c’est pour contrarier l’atomisation sociale, les idéologies répressives, la fabrication des peurs, que nous défendons la culture et l’art, que nous protégeons ses acteurs. Pour nous, soit dit en passant, un autre monde n’est pas seulement possible, il est indispensable.

La culture, la création appellent une politique conséquente, une politique soucieuse de garantir les conditions de son existence et d’impulser les innovations. Elle suppose une audace permanente de la part des pouvoirs publics. Elle se doit de contester et contrarier une logique marchande qui restreint, limite et contrôle les libertés, en laissant jouer les prétendues « lois » de la rentabilité financière. En matière d’art et de culture, le syndrome du tiroir-caisse est un argument de boutiquier borné. Il ne vient à l’esprit de personne de chiffrer la rentabilité d’un vers d’Aragon, d’évaluer l’émotion provoquée à la vue d’un tableau de Picasso, de mesurer l’intelligence sensible apportée par l’observation d’une séquence d’un film de Renoir, de calculer la stupéfaction ou l’excitation suscitées par l’écoute de Mozart ou de Schoenberg, ou de coter les plaisirs résultant d’une scène de Brecht ou de Molière, voire d’estimer en « devises fortes » l’attraction et les bouleversements occasionnés par la lecture de grands romans.

Nous le savons, la culture et l’art sont toujours des objets plus quelque chose, un quelque chose qui nous déborde et nous grandit. Avec l’art et la culture, la vie, en quelque sorte, augmente.

C’est pourquoi, le plus banalement du monde, nous aspirons à étendre leurs effets et à conforter leur audience, à assurer la défense de leurs acteurs et à favoriser leurs destinataires, avant que les uns et les autres ne se confondent, obéissant ainsi au souhait résolu de Lautréamont, La poésie sera faite pour tous et par tous. Rien n’est trop beau pour une humanité menacée, plus que jamais, par les marchands du temple. L’art et la culture, faut-il le souligner, forment un bien public, ce qui suppose les soutiens concrets et actifs d’une collectivité raisonnable et convaincue de leur exception. Pour nous, l’art et la culture ne jouent pas les utilités d’une société en vacance. Ils s’avèrent indispensables.

Les résumer à une industrie consiste à les réprimer. S’ils ne peuvent ignorer l’industrie ce sont toujours les fonds publics qui conditionnent leur liberté. Abandonner l’art et la culture aux spéculateurs et aux affairistes, aux boursicoteurs de l’absolu, c’est encourir le risque d’une dépossession et, au mieux, d’une privatisation des imaginaires, c’est les livrer, sous couvert de « licence », à l’arbitraire de la médiocrité, c’est entériner, sans mot dire, leur transfert vers les zones, intéressées, des passe-temps rudimentaires qui affadissent le goût et paralysent le sens.

C’est vrai, nos conceptions de l’art et la culture réfutent un air du temps. En l’occurrence, elles réclament des mesures politiques, économiques et sociales et avec elles un mouvement d’ensemble.

Le programme de la gauche populaire et antilibérale, avancé par Marie-George Buffet et soutenu par le Parti communiste français, y répond mieux que les plans ou l’absence de plans agités par les autres candidats à la présidence de la République, ces plans qui se caractérisent par la carence ou le mutisme en la matière, quand ils ne reposent pas sur l’outrance du négoce et la régulation illusoire du marché.

Oui ! il faut de l’école et de l’école gratuite jusqu’à l’université, Oui ! il faut des services publics, Oui ! il faut de meilleures conditions de vie, Oui, il faut des améliorations de salaires, Oui ! il faut investir sur des projets et miser sur les talents, Oui ! il faut de nouvelles allocations d’étude, Oui ! il faut du temps et du temps où les sommeils engendrent la rêverie et génèrent des créatrions, Oui ! il faut un budget de la culture à 1 % du PIB, Oui il faut de l’apprentissage pour que le cercle des connaisseurs s’élargissent, Oui, il faut étendre les droits plutôt que concéder des chances, Nous ne sommes pas à Las Vegas ni commandité par la Française des jeux ! Oui ! il faut des moyens et de la transcendance, afin de dynamiser l’avenir et matérialiser l’espoir. Il nous faut une grande politique culturelle.

À la différence de bien d’autre, les rayons de notre bibliothèque ne sont pas vides et nous n’improvisons pas notre démarche. En 1935, déjà, le Parti communiste français créait la première maison de la culture. Pour nous, le Ministère de la Culture ne doit ni ne peut être un rendez-vous courtisan, la succursale d’une foire aux vanités, ou le cabinet pastel des caprices d’un prince. Il doit servir sans asservir.

Nous nous prononçons en faveur de Marie-George Buffet, parce que nous croyons au vote utile, et plus qu’utile « nécessaire ». Il s’agit de notre idéal, de l’idéal communiste, de notre vocation populaire et antilibérale, du futur immédiat de notre peuple, pas d’un vieux truc encombrant à brader à n’importe quel prix comme on nous y invite pour pallier une insuffisance dont nous ne sommes pas responsables. Nous voulons peser, de tout notre poids, sur l’issue de ce scrutin et restaurer une confiance en la gauche.

Voter pour Marie-George Buffet, « Voter pour vous », c’est ne pas se résoudre à l’exercice d’un régime carencé, c’est combattre Nicolas Sarkozy, sa vision policière et kafkaïenne de la société, c’est rejeter les pensées minimales de Le Pen et Villiers, c’est récuser la démagogie fade de Bayrou, qui s’emploie à se moderniser au gré des sondages. Hier, il murmurait à l’oreille des chevaux, maintenant il susurre à l’oreille des tracteurs. Quant à Sarkozy, il croit poser des questions, il ne fait que poser problème. Bientôt, afin de rouvrir le débat avec Copernic et Galilée, il déclarera que la terre est plate. Et il veut diriger un État ? Et il veut gouverner la France, le pays des Lumières et des révolutions, le territoire de la République ?

Oui, nous nous prononçons en faveur de Marie-George Buffet parce qu’elle répond à des attentes particulières, sans céder aux égoïsmes, mais surtout parce qu’elle adosse l’art et la culture à des questions plus générales.

En votant pour Marie-George Buffet, nous sommes persuadés d’appuyer un projet transformateur qui vise, entre autres, à émanciper une société où l’art et la culture tiendront une place d’autant plus prépondérante qu’ils deviendront l’affaire de tous. « La poésie sera en avant », disait Rimbaud, « C’est une arme chargée de futur » ajoutait Gabriel Celaya et pour nous, après tout, il ne s’agit que d’inventer un monde.

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