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Greenpeace : Occupation du Ministère de l’Agriculture par la Confédération Paysanne

Publie le samedi 28 février 2004 par Open-Publishing

Greenpeace dénonce l’irresponsabilité du lobby chimique et du Gouvernement.

Greenpeace soutient les revendications des militants de la Confédération Paysanne qui ont investi, ce jeudi 26 février 2004, vers 14h, les locaux de la Direction Générale de l’Alimentation, rue de Vaugirard, en réaction à la décision du Ministère de "suspendre les autorisations de commercialisation" des produits à base de Fipronil -en particulier de l’insecticide Régent- tout en permettant l’usage des semences traitées pour l’année en cours. L’association écologiste rappelle les autorités publiques à leur devoir de défense des intérêts publics face aux lobbies chimiques et agrochimiques.

Pour Greenpeace, la décision du ministère est incohérente et fait fi du principe de précaution. D’un côté, Hervé Gaymard suspend, sur l’avis des experts de la Commission des Toxiques, une autorisation provisoire dont il reste encore à élucider comment elle a pu être accordée et renouvelée. De l’autre, il utilise le code rural pour autoriser de nouvelles disséminations. "C’est un déni du principe de précaution qui exigerait de procéder immédiatement à la destruction des semences traitées au Fipronil ou à l’Imidaclopride. Le gouvernement fuit ses responsabilités et donne une fois de plus des gages aux lobbies agro-industriels et agrochimiques au mépris de l’intérêt général" déclare Michèle Rivasi, directrice de Greenpeace France. L’instruction en cours au tribunal de Saint-Gaudens contre les sociétés Bayer et BASF Agro fondée sur la mise en vente de produits toxiques nuisibles à la santé de l’homme et de l’animal justifie l’application du principe de précaution.

Pour Greenpeace, le procès du Régent doit devenir celui d’un système d’expertise de la sûreté chimique à la française où règnent la cogestion avec les firmes privées et la confusion des rôles. Lors d’un débat organisé par l’UIPP (Union des Industries de la Protection des Plantes) en 2001, André Rico, actuel président d’honneur de la Commission des Toxiques, envoyait un signe clair à l’industrie en se déclarant "convaincu de l’innocuité des faibles doses de produits chimiques pour la santé humaine". Pourtant, les observateurs scientifiques les plus sérieux tendent à montrer le contraire, c’est-à-dire que le rôle des pesticides dans la recrudescence des maladies chroniques pourrait bien être particulièrement significatif en France. "Le Plan Cancer ou le Plan National de Santé Environnementale ne seront pas crédibles tant qu’ils n’aborderont pas la question de l’utilisation intensive des intrants chimiques dans l’agriculture française" commente Michèle Rivasi. "Pourra-t-on nous expliquer comment notre petit pays peut sans risque pour la population, l’environnement et la biodiversité être le deuxième consommateur mondial de pesticides ?".

Le 20 septembre dernier, Jacques Chirac s’est opposé personnellement à la réforme REACH de la politique chimique européenne, concernant les règles de commercialisation des substances chimiques à usage non agricole. Cette prise de position donnait suite à une campagne de lobbying et de désinformation très agressive de la part de l’industrie chimique. "Les carences de l’homologation des pesticides ne sont que l’arbre qui cache la forêt" rappelle Yannick Vicaire, responsable de la campagne Toxiques à Greenpeace France ; "les usages non agricoles de substances chimiques sont encore moins bien réglementés. On ignore tout des propriétés toxiques des 100 000 molécules commercialisées en Europe, mais c’est une ignorance que les pouvoirs publics semblent peu résolus à combattre" a-t-il ajouté.