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Un point de vue édifiant pour choisir à qui confier la présidence de la république

Publie le mardi 1er mai 2007 par Open-Publishing

Dans la société de l’information, la désinformation est une stratégie obsolète, un contresens

Dans l’élection présidentielle en cours, les attentes majeures des français sont dépendantes de l’économie et plus particulièrement de sa capacité à générer des emplois : c’est en effet l’exclusion qui est à l’origine de l’augmentation sensible des incivilités et de la petite délinquance, tout comme du rejet de l’immigration, accusée d’en être la cause majeure. Quel changement radical faut-il pour en sortir ?

La rupture essentielle pour remédier à l’exclusion a déjà eu lieu

Elle s’est produite vers le milieu des années 60, avec l’entrée dans ce qu’il est convenu d’appeler la société de l’information ou société de la connaissance : l’économie (production et échange) des biens matériels pèse désormais moins dans le PNB que celle des biens immatériels. Autrement dit, la principale source de richesse, c’est l’information au sens large(1), la connaissance.

Certaines règles de l’économie sont alors bouleversées :

> le partage n’est plus un facteur d’appauvrissement (on dispose toujours des connaissances que l’on a données) mais plutôt d’enrichissement (la mise en commun de connaissances – la coopération – génère souvent de nouvelles connaissances) ;

> les possibilités de reproduction et de transmission de la connaissance qu’offrent les technologies numériques permettent de partager cette richesse de façon instantanée et quasi gratuite.

Or savoir, c’est pouvoir... On voit ainsi la portée de ce changement.

Et on comprend pourquoi le rôle de l’enseignement est primordial – pour que chacun apprenne à produire et utiliser la connaissance – de même que celui des secteurs qui visent à en créer : recherche, innovation, création...

Et aussi pourquoi l’informatique et internet connaissent un tel engouement : comme l’automobile autrefois, ces outils répondent à une attente sociale d’autonomie, de liberté, permettant à chacun de disposer de moyens de production d’information, de connaissance, donc de richesse. Ils favorisent considérablement l’égalité des chances.

Ainsi, par rapport à la situation antérieure où la richesse provenait avant tout de biens matériels, dans la société de l’information, on passe d’une ère de rareté à une ère d’abondance : la connaissance, source de richesse, n’est plus en quantité limitée, mais au contraire (sur)abondante.

Alors pourquoi y a-t-il encore autant d’exclusion ?

Parce que trop peu de gens ont compris que la logique de compétition, qui prévalait dans une époque de rareté, doit laisser la place à celle de la coopération, même si de plus en plus d’entreprises y viennent. D’ailleurs la réussite du logiciel libre donne la preuve éclatante que c’est possible et que l’on peut ainsi obtenir de meilleurs produits. Ce qui n’est pas incompatible avec une économie de marché.

À condition toutefois de respecter la transparence et la libre circulation de l’information, principe fondamental de cette économie. Dans la société de l’information, cela paraît pour le moins logique.

Or c’est là que la bât blesse : pour favoriser l’accumulation de richesses, qui semblait aux individus la meilleure façon de s’assurer un avenir à une époque caractérisée par la rareté, la règle a été de pratiquer la désinformation. Dans une économie de l’information, cela devient globalement contreproductif. Mais cela sert les intérêts de ceux qui veulent s’approprier le pouvoir.

Quelques façons classiques de pratiquer la désinformation

> Par le mensonge, la dissimulation ;

> Par le contrôle de l’information :

– dans les médias, en s’alliant à leurs dirigeants ou en soumettant leurs journalistes à des pressions ;

– avec la propriété intellectuelle, comme ces brevets qui empêchent les pays du tiers monde de produire à un coût abordable les médicaments pour leurs sidéens, ou imposent aux agriculteurs d’acheter les semences d’OGM alors qu’ils disposent librement de celles des autres plantes...

> En exploitant le « temps de cerveau disponible » des individus, par des techniques de conditionnement qui visent à exacerber leurs pulsions jusqu’au réflexe pavlovien, au détriment de leur raison.

En conclusion...

Les technologies numériques peuvent être utilisées pour mettre en place une démocratie participative, associant à l’exercice du pouvoir les simples citoyens et non plus seulement des représentants élus, pour garantir un meilleur respect des principes démocratiques.

Elles peuvent aussi servir à instaurer le régime totalitaire qu’évoquait Orwell avec son Big Brother.

En regard de ce qui précède, de ce que l’on sait des habitudes des deux personnes candidates à la magistrature suprême, et de leurs options sur l’économie numérique(2), il n’est pas difficile de voir laquelle est la mieux à même de faire de la France un pays d’avenir.

(1) données brutes (par ex. l’annuaire du téléphone), savoirs (la géographie de l’Europe), savoir-faire (une méthode et donc un logiciel de comptabilité) ou encore tout ce qui fait la matière quotidienne des médias (actualités, musique...)

(2) www.candidats.fr/index.php/2007/04/23/72-election-presidentielle-les-reponses-des-deux-candidats

Les positions révèlent deux volontés diamétralement opposées : d’un côté contrôle accru, de l’autre plus grande ouverture pour tirer profit du potentiel qu’apporte le numérique. Ce qui, dans ce dernier cas, se traduirait notamment par l’abrogation de la loi DADVSI votée par le gouvernement sortant, l’une des plus répressives au monde en matière de propriété intellectuelle.

Alain GUILLO
Blog : http://deslivresetmoi.blog.20minutes.fr/