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Pourquoi je vote Ségolène Royal

Publie le jeudi 3 mai 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

Vidéo témoignage sur : http://www.dailymotion.com/hern/video/x1vxd9_pourquoi-je-vote-segolene-royal/1

Par Arnaud Mouillard - moniteur éducateur

Le 6 mai je vais voter pour Ségolène Royal.

Elle n’a certes pas le charisme de Mitterrand, elle n’est aussi bonne oratrice que Sarkozy mais au moins elle incarne une fermeté qui a longtemps manqué au parti socialiste. Je ne suis pas forcément d’accord avec tout ce qu’elle peut dire mais je ne doute pas qu’elle fera une bonne Présidente de la République.

Je ne vais pas vous décrire son projet points par points mais je vais argumenter sur le pourquoi de mon vote.

Tout d’abord, est-ce un hazard si la ligue des Droits de l’homme ou le collectif sauvons le recherche appel à voter pour elle ?

La ligue des Droits de l’homme appelle les électeurs à voter pour Ségolène Royal et ainsi à choisir la solidarité et non la peur, le respect et non les menaces, l’égalité et non les discriminations. Pour la Ligue des droits de l’Homme, l’élection de Nicolas Sarkozy constituerait "un cauchemar" et une régression démocratique.

Le collectif sauvons le recherche a appelé à voter pour Ségolène Royal.
Pour eux, la candidate socialiste, même si elle ne reprend pas toutes leurs propositions, avance un certain nombre de mesures qui montrent clairement qu’une partie importante de leurs arguments en faveur de la recherche a été entendue et que ses propositions dessine une ambition renouvelée pour la recherche et l’enseignement supérieur, alors que Nicolas Sarkozy programme leur déclin par des mesures qu’ils jugent profondément déstabilisatrices en mettant en avant la priorité à une recherche à court terme sur des thématiques que le gouvernement croit les plus rentables, au risque de passer à côté des grandes avancées scientifiques.

Concernant l’écologie, rappelons que l’Alliance pour la Planète (collectif indépendant) a évalué les programmes des candidats à la présidentielles d’après les 24 mesures environnementales qu’elle juge indispensables, ainsi le projet de Ségolène Royal a obtenu 16/ 20 tandis que celui de Sarkozy obtenait 8/20.
Pour eux, les engagements de Ségolène Royal rejoignent les propositions de l’Alliance en termes d’objectifs tout comme de moyens sur la rénovation des logements anciens, la réglementation thermique, le financement des transports en commun et de développement des énergies primaires, tandis que pour Sarkozy, l’absence de demande de moratoire sur la construction des autoroutes et des incinérateurs, sur la culture des OGM ainsi que le soutien au projet de réacteur nucléaire EPR contribuent à réduire fortement sa note.

Si je voterai pour Ségolène Royal, c’est aussi car elle respecte et incarne beaucoup mieux que Nicolas Sarkozy les trois principes majeurs de la république française : LIBERTE - EGALITE - FRATERNITE.

LIBERTE :

Ségolène Royal veut conserver et préserver nos libertés : liberté d’opinion, liberté de d’expression, liberté de pratiquer sa religion, pour peu que l’on respecte les lois de la république et la laïcité, liberté de la presse, liberté de n’être pas d’accord avec elle et de pouvoir le dire …
Nicolas Sarkozy veut brider certaines libertés. Il vient de le démontrer en intervenant ou en faisant intervenir continuellement ses collaborateurs, auprès des médias et des éditeurs afin d’éviter autant que possible toute pensée ou toute publication critique à son égard ou à l’égard de sa politique. De plus, les relations qu’il entretient avec Martin Bouygues, Arnaud Lagardère ou Serge Dassault sont la marque d’un contrôle potentielle des médias qui appelle à une vigilance de tous les instants.

EGALITE :

Ségolène Royal veut améliorer l’égalité de tous les citoyens devant la loi et la justice en doublant le budget de la justice.
Elle souhaite et veut que les écarts de revenus entre les plus élevés et les plus faibles soient réduits d’une manière significative. Elle veut aussi que les jeunes des milieux dits "défavorisés" puissent avoir les mêmes chances, les mêmes conditions d’études et de formation que les jeunes des "beaux quartiers" et fait dans ce sens des propositions concrètent.
Nicolas Sarkozy, en ramenant le bouclier fiscale à 50 %, favorise ainsi uniquement les gros revenus et comme il faudra bien remplir les caisses de l’Etat, qui paiera sinon les classes moyennes, les ouvriers et les employés ?
Nicolas Sarkozy veut faire travailler plus : semaines rallongées, retraite à 65 ou 70 ans, le tout avec des contrats de travail dévalorisés. Les chômeurs seront contraints d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, sinon leurs allocations seront supprimées.

FRATERNITE :

Ségolène Royal souhaite que les aides sociales aux plus démunis soient mieux réparties. Cela n’est pas de l’assistance, comme le dit avec mépris Nicolas Sarkozy, mais tout simplement de la solidarité. Elle veut aussi augmenter les pensions de retraites les plus basses, ceci en demandant aux plus riches d’y participer.
Nicolas Sarkozy ne veut régler les problèmes de pauvreté et de chômage en opposant les chômeurs aux salariés. L’élu de Neuilly, la commune la plus riche de France avec sa politique d’immigration, faite de la criminalisation des immigrés, traqués jusque dans les écoles et les hôpitaux, mais aussi de leurs soutiens, je n’appel pas cela la fraternité.

En conclusion :

On entend trop souvent dire qu’il n’y aurait pas de différence entre la Droite et la Gauche, après avoir suivis la campagne, on peut se rendre compte que Sarkozy et Royal proposent un projet très différents l’un de l’autre pour la France.
Voter Royal, c’est marquer non seulement son opposition à Sarkozy mais aussi revendiquer l’idée de mettre un frein aux excès du capitalisme et d’une politique en faveur des personnes des plus aisé et des grands patrons.
C’est aussi voter pour une personne capable de discuter et d’écouter des personnalités politique très différentes comme Marie-George Buffet ou François Bayrou.
Pour les personnes encore indécise, je leur conseil de voter pour le moins pire des deux, de mon côté, j’aurais voté sans hésitation pour François Bayrou s’il avait été opposé à Sarkozy au second tour.

La France Présidente le 6 mai ? moi je dit un grand OUI.

Arnaud Mouillard - http://hern.over-blog.com/

Messages

  • Si tu pouvais être entendu ! Si on ne réagit pas, on est mal lundi 7 mai ! Rien que de penser que je vais revoir la clique sortante, genre Fillon, Robien, Coppé, j’en ai les boyaux qui se font des noeuds !

  • Idem pour moi
    Editorial de Jean Marie Colombani dans le Monde de ce jour
    IL s’est enfin mouillé, mais les journalistes de gauche et ceux au sein du PC qui ont crétinisé Ségolène seront aussi responsables de ce qui nous attend si le petit nain de Neuilly passe !

    Editorial
    Deux France, par Jean-Marie Colombani
    LE MONDE | 03.05.07 | 11h23 • Mis à jour le 03.05.07 | 11h23
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    l n’est un secret pour personne que Nicolas Sarkozy aborde le second tour de l’élection présidentielle en position de force. Les sondages le donnent invariablement vainqueur, et le face-à-face télévisé tant attendu n’a pas été de nature à renverser, à lui seul, le cours de la campagne.

    La tentation peut être grande, dans ces conditions, de se projeter au-delà, de considérer que nous sommes déjà entrés dans l’ère Sarkozy. Au contraire, l’importance de l’enjeu – l’amorce d’une phase nouvelle de notre histoire politique, le choix d’un modèle de société – incite à réaffirmer que chaque voix compte.

    Les sondages ne sont pas l’élection. Et celle-ci, quel qu’en soit le résultat, crée à son tour un rapport de forces dans le pays qui influencera l’attitude de l’heureux(se) élu(e) dans son mode de gouvernement comme dans son appréhension de la diversité des aspirations de la société française.

    De ce point de vue – et même si le duel télévisé, beaucoup trop technique et manquant d’ampleur, ne l’a pas fait apparaître avec suffisamment de clarté et l’a même, à certains égards, masqué –, il y a bel et bien en présence deux France, deux visions de la société.

    Elles étaient parfaitement visibles lors des deux grands meetings parisiens des candidats : le public de Bercy montrait une société homogène ; celui de Charléty une société plus diverse, plus colorée. Dans le premier cas, beaucoup d’inclus ; dans le second, beaucoup d’aspirants à l’intégration, de candidats à intégrer cette classe moyenne dont le sort reste une des clés de l’avenir.

    La mondialisation, on le sait, si elle donne du travail à des centaines de millions d’êtres humains, comporte un risque : la distribution des bénéfices n’est pas égale. Entre les pays. Mais aussi au sein même de chaque pays, en brisant les équilibres sociaux, en remettant en route la machine à inégalités qu’un demi-siècle d’Etat-providence avait inversée.

    Ascenseur social en panne

    La question posée dans toutes nos sociétés développées est donc celle de la classe moyenne qui, hier, voyait ses revenus grossir avec l’âge et était assurée que ses enfants auraient une vie meilleure, et qui voit aujourd’hui sa feuille de paie bloquée et ses enfants passer de stage en stage malgré les sacrifices faits pour leur éducation. L’ascenseur social est en panne non seulement pour ceux qui sont au bas de l’échelle, mais pour une partie toujours croissante de cette classe moyenne.

    Malgré une lisibilité insuffisante, le projet de Ségolène Royal est tout entier centré sur cette problématique. Et c’est avec raison qu’elle fait de la refonte du dialogue social la clé du retour de la confiance. Les relations de méfiance, en France, entre les entreprises, l’Etat et les salariés ont non seulement un coût, mais sont aussi un obstacle au retour de la croissance.

    La crise de la valeur travail, selon Ségolène Royal, n’est pas celle du désir individuel de travailler, mais celle de la capacité à travailler ensemble. Son dispositif tend tout entier à remettre en confiance les classes moyennes, à leur redonner une mobilité qui fait défaut, en même temps que la réassurance que donne, à celles-ci, des services publics puissants et modernisés.

    Nicolas Sarkozy, au fond, a une vision plus "américaine", en ce sens que les dispositifs qu’il imagine (notamment fiscaux : le bouclier fiscal à 50 % n’est jamais qu’une façon d’éliminer de fait l’ISF) favorisent le haut de la pyramide sociale. Ses accents industrialistes, mais aussi protectionnistes, lui permettent, dans le même temps, d’être entendu des milieux ouvriers. Il défend donc le haut et le bas de la société, au nom d’une vision qui évoque le "conservatisme compassionnel" des conservateurs américains : il faut encourager les "riches" à investir, de façon à redonner du travail au plus grand nombre.

    Conception revancharde de l’histoire

    Ce sont là deux modèles – encore qu’à les écouter il n’y en aurait plus qu’un seul : la social-démocratie du nord de l’Europe ! – parfaitement cohérents et défendables. D’autant plus qu’ils ont en commun de vouloir réformer le pays. A ceci près que l’addition des propositions concrètes de Nicolas Sarkozy (une certaine idée de la fiscalité, des déductions diverses, notamment pour faire une France de propriétaires, des primes pour les heures supplémentaires) peut être source de nouvelles inégalités et aboutit à favoriser les plus favorisés. Au reste, le vote des beaux quartiers (comme, à l’inverse, celui des cités en faveur de Mme Royal) montre que l’opinion a parfaitement compris le message.

    Ce qui gêne, chez M. Sarkozy, outre un renvoi classique à la vieille lutte des classes, c’est aussi une conception revancharde de l’histoire. Avoir centré sa campagne d’entre-deux-tours sur la dénonciation de l’héritage de Mai 68 est le signe clair d’une volonté de revanche idéologique. Ce qui embarrasse, c’est cette façon d’opposer les "travailleurs" aux "tricheurs", ceux qui se lèvent tôt aux paresseux, comme s’il lui fallait toujours être à la recherche d’un ennemi. Bref, une conception qui antagonise ; et qui, à l’inverse, rend crédible la démarche de Mme Royal, laquelle refuse précisément cette dichotomie.

    N’est pas non plus raisonnable la marche arrière que M. Sarkozy nous promet dès qu’il parle de renforcer l’arsenal législatif répressif (déjà largement pourvu) en mettant en cause, par des peines planchers et le recours à l’automaticité des peines, l’un des principes mêmes d’une justice républicaine qu’est l’individualisation de la peine, et l’idée que l’appareil répressif vise aussi à réinsérer. Enfin, la qualité de la relation que Nicolas Sarkozy entretient avec Martin Bouygues, Arnaud Lagardère ou Serge Dassault est la marque d’une puissance potentielle dans les médias qui appelle une vigilance de tous les instants.

    Pourtant, le président de l’UMP a de bonnes chances de devenir le président du pays. Pour trois raisons : en premier lieu parce qu’il a largement réussi son OPA sur les électeurs du FN, ambition voulue, assumée et annoncée depuis 2002 et constamment réaffirmée depuis comme un objectif politique décisif pour la droite ; en deuxième lieu parce qu’il a su mobiliser sur l’adhésion à son programme, sa capacité à le mettre en œuvre et à engager rapidement des réformes, contrairement à Ségolène Royal, dont le vote est pour une bonne part un vote défensif, de protection ; enfin, cette adhésion forte est le fruit du travail de refondation de la droite, engagé méthodiquement depuis cinq ans et plus encore depuis la prise de l’UMP par M. Sarkozy.

    Il en est résulté un projet discutable, contestable ou irrecevable, certes, mais cohérent et maîtrisé. C’est sa force et une bonne part de son pouvoir de conviction. Et c’est pourquoi il était absurde de le diaboliser.

    Pas de mesures-phares

    A l’inverse, le PS n’a pas su engager un travail de refondation comparable. C’est la faiblesse majeure qui a affecté la campagne de Mme Royal, dont on a pu apercevoir à la télévision qu’elle est, par sa force de caractère, armée pour tous les combats. Elle a eu l’intuition de devoir bousculer l’ordre socialiste, mais elle n’a pu le faire que de façon parcellaire, expérimentale ou improvisée, faute d’un socle solide de réflexion collective préalable, mûrie puis métabolisée par la candidate.

    Il n’y a pas, dans l’arsenal qu’elle présente, de mesures-phares comparables, par leur effet, à ce que furent pour Lionel Jospin version 1997 les 35 heures ou les emplois-jeunes. Et, chemin faisant, les socialistes n’ont pas aperçu que l’idée même que les Français se font du "changement" a… changé ! C’est ce que Nicolas Sarkozy a pu récupérer (et masquer) avec son discours sur la valeur travail.

    Il faut donc d’urgence, pour la clarté et la dynamique du débat démocratique, renouveler la pensée de la gauche. La mondialisation reste vécue comme une menace et diabolisée comme la cause de tous nos maux ; seule la face négative de cette révolution planétaire est prise en compte et dénoncée. La gauche réformiste doit repenser de façon moderne le changement social. Elle doit sortir de l’impasse idéologique dans laquelle elle s’est trop longtemps enfermée. C’est pour elle la seule manière de retrouver sa vocation historique : incarner le mouvement, le changement et l’espérance, l’optimisme sur l’avenir.

    Ségolène Royal a esquissé un "désir" de changement, tracé une perspective. Sa défaite, surtout si elle était lourde, plongerait inévitablement le PS dans les règlements de comptes, le retour en force de tous les archaïsmes et de toutes les utopies négatives. Sa victoire lui donnerait l’autorité pour engager ce travail de réinvention indispensable. C’est un pari. Pour le pays, il mérite d’être tenté.

    Jean-Marie Colombani