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Rachida Dati : La cinquième zouave

Publie le vendredi 4 mai 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

De Mohamed Afifi

Pour nous, Maghrébins, l’élection présidentielle française a offert certaines indications, notamment en qui concerne le comportement de certains Français issue de la colonisation. Il apparaît que, souvent, il est difficile d’être français quand on a connu la colonisation, directement ou indirectement, selon les générations.

Pour cette catégorie de Français, la droite et son extrême, représentée désormais par le toujours inquiétant M. Sarkozy, le choix semble tranché entre une repentance refusée – concédant l’esclavagisme et le colonialisme – et une solidarité culturelle arabe gommée. En fait, les Français maghrébins étaient sommés d’assumer tous les héritages et de reconnaître, en outre, implicitement, les « bienfaits » de la colonisation. Si les intellectuels se sont préservés, d’autres, les plus bruyants, se sont inclinés sans état d’âme.

Cela a été particulièrement perceptible au soir du premier tour, sur le plateau d’une chaîne du service public. Parmi les invités étaient présents l’une des porte-parole du vainqueur du moment, d’origine maghrébine – père algérien et mère marocaine -, un représentant de l’extrême gauche et un lieutenant du vicomte Philippe de Villiers – « les mosquées de Roissy ». Quand le jeune facteur a fait allusion aux rafles opérées parmi les SDF réfugiés dans un gymnase, sur ordre du ministre Sarkozy, la dame, maghrébine rappelons-le, a réagi violemment et a interdit au trotskyste d’employer le mot « rafle » parce qu’il ne sait pas ce qu’il signifie. Les yeux exorbités, la mégère déchaînée ne voulait plus rendre la parole à son contradicteur. A l’évidence, cette porte-parole manipulée ignore que le père spirituel du jeune facteur est Alain Krivine et que l’idéologue anti-stalinien avait pour nom Léon Davidovitch Trotsky.

Dans l’esprit de cette dame qui n’a connu ni l’occupation de la France, ni celle de son pays d’origine, une rafle ne peut concerner que les juifs. Ce qui lui a été inculqué, c’est que rafle = Vel d’Hiv = déportation vers les camps d’extermination. Il faut d’abord rappeler à cette dame, ou plutôt lui apprendre, que le Maroc s’était honoré en refusant de stigmatiser les juifs marocains, malgré les directives du pouvoir pétainiste. Elle devrait savoir qu’Adolf Hitler était allemand et Pétain français. Que des soldats maghrébins avaient mêlé leur sang à celui des Français pour éliminer le dictateur et son pantin. Cette dame considère que son intégration passe par la traque de l’antisémitisme là où il n’y en a pas.

Que le nazisme et le génocide juif ne fassent pas la fierté de l’humanité entière, c’est une évidence, mais la responsabilité historique en incombe à l’Europe qui a enfanté Hitler. L’intégration qui consiste à endosser toutes les turpitudes passées de la France et à se vêtir de mauvaise conscience est mal venue, car c’est d’assimilation qu’il s’agit. Ce n’est pas le couscous du vendredi qui prouvera son attachement à sa culture. En réalité, ses maîtres ont réussi à lui masquer sa propre culture et son histoire, sinon elle saurait que, dans ses pays d’origine, sous la colonisation, les rafles d’« indigènes » étaient chose ordinaire. Cette dame a été « retournée ». En un mot, elle a été refaite, dans toute l’acception du terme. Elle doit satisfaite, cependant. Aide-soignante à 16 ans, puis magistrate, et enfin haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur. Si l’inquiétant M. Sarkozy l’emporte, cette dame a toutes les qualités de renoncement pour occuper un secrétariat d’Etat. A l’Identité nationale, par exemple. Au cours de cette même émission, on a noté un aparté pacifique de cette dame avec le lieutenant de Villiers.

Plus pittoresque et beaucoup plus divertissant est le cas de cette Maghrébine qui préfère être considérée comme une Auvergnate parce qu’elle est née à Clermont-Ferrand. La générosité des Auvergnats étant légendaire, elle préside l’association « Ni putes, ni soumises ». Son combat étant un féminisme réservé aux Maghrébines, elle n’a pas pris part aux joutes électorales. Elle se veut seulement « bougnate ». Bien qu’elle n’en ait pas la corpulence, on l’imagine en blouse grise devant sa boutique, où l’on peut quérir charbon et rouge qui tache. On se souvient de la chanson de Georges Brassens, « A L’Auvergnat », qui lui « avait donné un bout de pain ». Peut-être qu’un jour, Bigg rappera pour elle « A l’Auvergnate ».

Il ne faut pas croire qu’il n’y a que les femmes qui se fassent « retourner ».

Un agent maghrébin qui s’était infiltré en Afghanistan du temps du commandant Massoud, était revenu en France en hurlant qu’il y avait du terrorisme là-bas. Maintenant qu’il est connu, il est devenu « spécialiste du terrorisme ». Il était allé jusqu’à brandir devant des tribunaux français des drapeaux officiels de pays arabes membres de l’Onu, portant des inscriptions connues, pour démontrer que ces Etats ne sont pas, par essence, « terroristes ».

Décidément, de l’intégration à l’assimilation il n’y a qu’un pas et on se demande à qui peuvent penser l’inquiétant M. Sarkozy et ces trois recrus quand ils chantent en même temps « La Marseillaise », surtout le passage « qu’un sang impur abreuve nos sillons ».

Mohamed Afifi
 http://www.lagazettedumaroc.com/art...

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Messages

  • Trés beau texte tres éloquent merci
    JL Y

    • La conclusion est déplorable.
      La Révolution Française a uni tous les travailleurs et la République Jacobine a donné le Droit de vote aux étrangers en 1793 !!!!

      Et le sang "impur", cétait le sang bleu des aristos, rien d’autres !!!!!!!

      Léo

    • Avant Thermidor la République naissante a même élu des députés étrangers (Payne, Clootz...). Mais la République bananière Française n’a décidémment plus rien à voir avec ce bref intermède (1789-1974) que pas mal "d’intellectuels" considèrent comme la source de tous les maux de la France (avec Mai 68 évidemment)....

      Valère

    • nous sommes en 2007, alors la revolution... de plus je suis gauchiste et contre la peine de mort, pour la personne qui parle de "bougnoule" -respecter son adversaire politique, SANS RESPECT il n´y a rien pas de famille ni d´amis ni de collegues, la guerre ne resoud rien, je n´ai pas envie de tuer mon ami parce qu´il vote a droite, je prefere donner des arguments-au lieu de vendre des armes. salut a tous , a mes collegues de gauche et a mes adversaires de droite , et bonjour au milieu= ps , jean francois dieux stuttgart

  • Je conçois, Monsieur, que vous soyez fier de votre pays et du Maghreb. J’apprécie votre engagement et la ferveur déployée. Mais l’exaltation, des amalgames nombreux, voire un soupçon de machisme déservent votre propos.

    Vous diffamez des femmes (Fadela Amara, Présidente de Ni Putes Ni Soumises, et Rachida Dati) en raison de leurs origines -à laquelle vous voudriez les circonscrire- mais pas sur leurs idées et leur identité véritable. J’entends par identité véritable, une identité ressentie, vécue ou de droit et non simplement héritée. Une française -dont il importe peu, sauf pour elle, que les parents soient nés à l’étranger- ne peut elle "se sentir de Clermont-Ferrant’, où elle a vécu et grandi, sans trahir les siens ? Appartient t’elle davantage à sa communauté d’origine qu’à sa communauté d’expérience ?

    En déplorant chez les français d’origine maghrebine l’absence d’une cause commune, d’une "solidarité culturelle arabe", vous semblez nous dire qu’elle serait non seulement naturelle. mais peut être même, morale ? Légitime ? Obligatoire ? Comme si tous les migrants des Etats ayant accédé à l’indépendance et leurs enfants, devaient revivre en France, république néocoloniale, un statut néoindigène permanent. La culture vivante est en constante évolution. Elle subit l’air du temps, agite des idées, bouleverse les modes, n’en déplaise aux tenants de l’immobilisme, aux partisans de la pensée unique et aux traditionnalistes. En jouant ce jeu, vous faites involontairement le lit du conservatisme, de la xénophobie et du repli communautaire. Vous encouragez les électeurs de Nicolas Sarkozi les plus réactionnaires. Je pense, au contraire, que les français méritent un débat politique mené et porté par des hommes et des femmes qui leur ressemblent, toutes opinions confondues.

    JM

    PS : le terme de ’rafle’ est un des rares mots français d’origine allemande. Cela s’entend encore à l’oreille. Et même s’il est employé à propos pour désigner des arrestations massives et subreptices par la Fore Publique, il est difficile aujourd’hui de le dissocier de l’histoire de la déportation des juifs, ou de tout type d’incarcération conduisant à une mort presque certaine. Je suggère qu’on attende encore 50 ans avant de le réutiliser sans précaution et à tous propos. Alors son sens aura t’il certainement pris une autre tournure.

    • que de de raffut ! Je prends date avec vous pour vous demander de vérifier que les femmes ne sont que des hommes politiques comme les autres. L’obsession de la Dati de ne pas conforter les préjugés et de tordre le coup aux déterminismes ne cachent pas son attirance pour le pouvoir et ceux qui l’incarne. Sans ironie, c’est la Steevie de la boulitic sauf que son pygmalion était Albin et non Laurent. Autant pour moi.