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Dis, papa, raconte-nous une fois encore…

Publie le samedi 5 mai 2007 par Open-Publishing
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« Je conduisais des cars. Si nous restions sur place avec nos véhicules immobilisés sur la route, nous étions tués comme des lapins, ou pire encore, pris comme des rats dans une souricière.

C’est alors que nous décidions de reculer. Il faisait nuit noire, il fallait en profiter. J’ai la chance d’avoir une excellente vue ; que j’ai toujours gardée, surtout de loin et même la nuit, grâce aux quelques ombres et lueurs qu’elle donne, y compris la plus sombre. Le mot d’ordre ou plutôt la conviction partagée fut : aucune lumière, aucun bruit, à part ceux des moteurs qu’il fallait bien sûr rendre le plus silencieux possible. Nous eurent une confiance aveugle à celui qui se trouva en tête, ainsi qu’à celui qui ferma la marche, le plus discret de tous. Nous avons tous gardé la vie sauve.

C’était en 40. On appela cela du vilain mot de débandade.

Mais moi, dans mon for intérieur, un véritable déclic se fit. Moi qui étais un pur, un idéaliste, je me suis promis de faire « désormais de la politique dès mon retour à la maison, si j’ai la chance de garder la vie, et par suite tout le restant de mes jours… Comment était-il possible qu’un seul homme (Hitler en l’occurrence) puisse faire autant de mal à des populations entières ?… J’avais souffert dans mon enfance, mais là, j’avais trente ans, la force de l’âge, la plénitude de la jeunesse, et il m’était insupportable que l’on puisse atteindre à ce point l’humanité. »

Un homme ordinaire raconté par ses enfants et petits-enfants

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