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Un vote pour ou contre Sarkozy

Publie le dimanche 6 mai 2007 par Open-Publishing

Les Français éliront aujourd’hui leur président

Jour « J » pour les élections présidentielles en France : les quelques 44,5 millions d’électeurs sont appelés à voter aujourd’hui pour élire leur nouveau président – ou leur nouvelle présidente.

Au terme d’une campagne haletante, très éclectique et unique dans les annales ; dans le sens où, pour la première fois, un homme et une femme vont se confronter au deuxième tour, l’on s’attend à une participation importante, aussi importante que celle enregistré au premier tour qui a connu un taux record de 87%.

Ce sera donc le grand suspens, car même si les derniers sondages confortaient dans sa position le candidat de l’UMP, avec une majorité nette (variant entre 53% et 54% des voix), suite au face-à-face télévisé de mercredi dernier, rien n’est totalement acquis. Les sondages ayant déjà montré, à plus occasions, leur limites. Face au triomphalisme d’un Nicolas Sarkozy porté par une lame de fond nationaliste jusque-là insoupçonnée en France, et face aux pressions qu’exercent ces instituts de sondages, la candidate socialiste veut se montrer confiante et garde l’espoir d’arriver première et démentir, ainsi, tous ces pronostics.

Sa chance, c’est qu’elle part avec un atout majeur : celui d’une mobilisation anti-Sarkozy élargie à tous ceux qui présentent le candidat de la droite comme un « danger », « un risque ». Ce fut d’ailleurs la dernière salve qu’elle a tirée avant la clôture de la campagne. Pour cela, elle peut compter sur un large soutien de la gauche plurielle (représentée par au moins six candidats au premier tour), mais a besoin d’un transfert massif des voix des partisans de François Bayrou. Ce qui reste hypothétique, malgré l’annonce faite par ce dernier de « ne pas voter pour Sarkozy ». Et d’après certaines analyses, Ségolène Royal peut aussi bénéficier du soutien d’une frange d’électeurs du FN qui a l’habitude de voter à gauche. Autant de paramètres qui semblent impératifs pour espérer un renversement salutaire de la tendance.

Le « risque Sarkozy » dans le monde

Cette élection en France est suivie avec un intérêt particulier dans le monde ; non seulement en Europe, où la couleur du nouveau patron de l’Elysée va déterminer beaucoup de choses pour l’évolution de la construction de l’Union européenne : le traité de la constitution européenne, l’adhésion de la Turquie qui divise bien les deux candidats. Mais aussi au niveau des relations internationales ; dans le sens où l’avènement d’un « atlantiste convaincu » comme Nicolas Sarkozy va davantage arrimer la France, cinquième puissance mondiale et membre permanent du Conseil de sécurité, à l’axe anglo-saxon. En revanche, une éventuelle ascension de la gauche à Paris est susceptible de consolider la position de l’Union européenne face l’escalade militaire, notamment au Moyen-Orient, guidée par Washington ; et ce sera un appui si précieux à la nouvelle Europe qui se dessine, aujourd’hui majoritairement gouvernée par la gauche.

Cela va également avoir des conséquences sur l’avenir des relations françaises avec les pays du Sud et notamment du Maghreb, et dans tout le prolongement géopolitique de la France. En Algérie, les appréhensions sont plus apparentes, vu la spécificité des relations algéro-françaises, avec toutes les circonvolutions qui les caractérisent depuis quelques années, et qui attendent d’être redynamisées pour entrevoir des perspectives d’amitié et de coopération plus durables. Et rien dans les discours du candidat de la droite ne permet justement d’espérer une relance rapide de ces relations, sur la base d’un respect mutuel. Nicolas Sarkozy a même choisi, dans sa tactique de campagne, d’aller trop loin dans la provocation en multipliant les hommages à tout ce qui représente le passé colonial de la France.

A noter, à ce propos, que c’est bien la première fois qu’un gouvernement algérien daigne afficher ses préférences dans une élection présidentielle française. Abdelaziz Belkhadem l’a bien réaffirmé avec des mots forts au journal Le Monde paru il y a deux jours, accusant ouvertement Sarkozy de vouloir réhabiliter l’OAS, ancêtre, selon lui, d’El-Qaïda.

Il s’agit en fait du même état d’esprit que chez les Français, les premiers concernés : ce vote est beaucoup plus un vote autour d’un personnage, dont les discours - lapidaires et haineux - ne laissent guère indifférent.

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