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Le jour d’après

Publie le dimanche 6 mai 2007 par Open-Publishing
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Le jour d’après.

« Dans tout homme sommeille un prophète, et quand il s’éveille il y a un peu plus de mal dans le monde…. » écrivait Cioran dans « Précis de décomposition ».

Le candidat de la droite se présente en prophète, prêchant « sa parole de vérité » à un peuple apeuré, incrédule, dans l’attente de son sauveur.

Les « déclinologues « à son service, ont balisé le terrain depuis longtemps, pour préparer sa venue. Nous ressassant à longueur d’articles, d’émissions radio et télévisées que la France est en décadence, qu’elle va mal, qu’elle est fichue, que rien ne marche et qu’il faut tout « reformater ».

Il nous faut brûler notre « veau d’or », le détruire, entendez par là « mai 68 et toute la chienlit qui va avec, le progrès social, le déverrouillèrent, de la société, la liberté donnée aux femmes de disposer de leur présent de leur avenir et de leurs corps.

« Un vent d’hiver souffle sur la vie intellectuelle française depuis quelques années. Il vient de loin, mais porte à de nouveaux combats : contre la culture de masse, contre les droits de l’homme, contre 68, contre le féminisme, contre l’antiracisme, contre l’islam. Au cœur de cette nouvelle synthèse idéologique de combat, flotte le fantôme d’une politique héroïque qui menace la démocratie. »

Cet extrait est tiré d’un livre publié en 2002 et prémonitoire à plus d’un titre, « Le rappel à l’ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires » de Daniel Lindenberg et qu’il faudrait lire ou relire avant d’aller glisser son bulletin dans l’urne.

Lindenberg posait à la fin de son essai la question essentielle d’un débouché politique pour cette idéologie réactionnaire.

Nous y sommes car il s’agit véritablement d’un choix entre deux visions antagonistes de la société, entre deux France inconciliables. Le projet porté par le candidat de la droite trouvera t’il son débouché dans le paysage politique français dimanche 6 mai ?

C’est là que se situe l’enjeu.

Le choix entre une société ouverte, à l’écoute de ceux qui souffrent, alliant pragmatisme, efficacité économique et justice sociale ou une société du chacun pour soi ou le plus fort écrase le plus faible ou l’alpha et l’oméga du verbe politique se résume à une violence sémantique pleine de tous les dangers.

La vision d’une France en accord avec son histoire particulière, avec ses valeurs propres, sans renier ses idéaux, ses principes, son histoire intime, opposée à une rupture réactionnaire, néo conservatisme qui partout ou elle s’est imposé a débouché sur des sociétés déstructurées, habitées par le népotisme la peur et le repli frileux sur soi.

Au-delà de la volonté de revenir sur les acquis de mai 68 c’est sur toute la philosophie héritée de la révolution française que ce conservatisme réactionnaire veut revenir.

« Le sarkozysme n’est pas que Sarkozy, ni tout Sarkozy. Courant politique largement importé, il est la version française de la contre révolution néo conservatisme qui a déjà triomphé dans d’autres pays……Le sarkozysme n’est pas seulement une « droite décomplexée » mais une droite qui n’aime pas la France telle qu’elle résulte de son histoire. Véritable machine de guerre contre nos valeurs, il n’aurait de cesse, au pouvoir, de virtualiser encore davantage la Liberté, l’Egalité et la Fraternité pour les remplacer par sa propre devise : Travail, Respect, Patrie. Le Sarkozysme emportera tout sur son passage : notre modèle social, la République née de 1789, et l’histoire presque millénaire de notre état-nation. » Paul Ariès dans » Misère du sarkozysme » Ed Parangon

Serions-nous aveugle pour ne pas nous inspirer des dégats causés dans d’autres pays européens où cette réaction s’est imposée : regardons en Italie avec Berlusconi, l’Espagne avec Aznar et Bush aux Etats unis. Dans tous ces pays les libertés individuelles et sociales ont été bridées, la démocratie limitée, l’individu mis sous surveillance.

Oui de façon claire et forte nous devons le 6 mai dans le secret des urnes, faire ce choix crucial pour notre pays .Le choix de l’égalité contre l’équité, le choix de la laïcité contre les communautarismes religieux, le choix d’une égalité réelle contre la discrimination positive, le choix de la Fraternité et de la solidarité contre la charité, le choix de la prévention contre la répression aveugle et brutale, le choix du respect contre la stigmatisation et l’insulte, le choix de la Paix contre celui de la guerre, le choix du dialogue entre les cultures contre le choc des civilisations.
Le choix d’une certaine personnalité de la France comme l’écrivait si lucidement Jacques le Goff dans un article de Reforme en mars 2007, et pour qui le concept « d’identité nationale » résonne en terme policiers et aboutit au rejet de l’Autre.

Alors « aux armes citoyens » pour que le 06 mai nous ne soyons pas dépossédés des idéaux de notre République, et que vive ce qui fait la singularité de notre pays.

Aissaoui Ali.

Médecin.

Messages

  • Pour toute personne sensée il ne fait pas de doute qu’il faut voter Royal aujourd’hui ,mais je suis loin d’avoir la certitude que ceci évitera à coup sur le bipartisme mortifère que vous dénoncez avec raison ,car il faudrait en outre pour que ce but primordial soit atteint que la partie ,trop importante ,des travailleurs de condition modeste qui ont voté à DROITE lors du premier tour se REVEILLENT DE LEUR TORPEUR , et en cas de succés s’organisent pour l’avenir . Je l’espère mais rien n’est moins sur ,et soit dit en passant CIORAN était convaincu du déclin de la France ,comme de tout l’OCCIDENT d’ailleurs .