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Cesare Battisti : initiative conjointe de la Mairie et de la Section de la LDH de Billom

Publie le mardi 2 mars 2004 par Open-Publishing

Mercredi 25 février 2004, salle du Moulin de l’Etang, à l’initiative conjointe de la Mairie de Billom et de la Section de la Ligue des Droits de l’Homme de Billom et alentours était réunie une centaine de personnes venues s’informer de la situation et soutenir l’écrivain et réfugié politique italien Cesare Battisti, ( Conférence de presse-19h30 suivie de la projection du film de Pierre-André Sauvageot « Cesare BATTISTI, résistances »-20h30).

A la tribune sont intervenus :

Pierre GUILLON, Maire de Billom et conseiller général du canton de Billom

Rose-Marie RYAN, Maire-Adjointe chargée de la culture à Billom

Mohanad AL-ABBAS, Président de la Fédération départementale de la LDH

Saad TRANCHE, Président de la Section de Clermont-Fd de la LDH

Annette GUILLAUMIN, Présidente de la Section de Billom et alentours de la LDH

Alain NÉRI, député, conseiller général du canton de Vertaizon et maire de
Beauregard-l’Évêque

Jacques FOURNIER, Directeur du Parc Naturel Régional Livradois-Forez

Les intervenants ont rappelé les données de « l’Affaire Cesare BATTISTI » :

C. BATTISTI, 49 ans, fut dans les années 70 en Italie un militant actif de l’extrême-gauche révolutionnaire italienne. C’était ce qu’on a appelé « les années de plomb ». Poursuivi par la justice, il fut condamné à la prison à vie : une peine définitive prononcée en son absence et sur la foi de déclarations de « collaborateurs de justice », de « repentis ». Une justice expéditive et partiale, qui ne s’est pas embarrassée de vérité, puisque le tribunal italien a réussi à le condamner pour sa participation à deux meurtres commis le même jour à la même heure, l’un à Milan, l’autre à Venise.

Après son évasion d’une prison italienne, Battisti a vécu 10 ans en exil au Mexique puis s’est installé en 1990 en France.
Comme d’autres exilés italiens il a mis sa confiance dans les promesses de la République française. En efet, en 1985, le président F. MITTERRAND s’était engagé à ne pas extrader les anciens militants italiens qui avaient rompu avec la lutte armée.

Le 30 novembre C. BATTISTI est arrêté à Paris à la demande de la justice italienne et placé sous écrou extraditionnel. Le 29 Mai 1991, les juges émettent un avis défavorable à toutes les requêtes présentées par les autorités italiennes.

A partir de là, il est désormais protégé par la promesse de la République et par une décision judiciaire.

Il s’est marié , a deux enfants, et est devenu écrivain avec 11 romans à son actif. En 1997 la Préfecture de police de Paris lui délivre une carte de résident d’une validité de 10 ans. Il gagne sa vie comme gardien d’immeuble.
Partout en France il participe à des Festivals littéraires, anime des ateliers d’écriture. Il est reçu en « résidence d’écrivain par des municipalités, ce qui fut le cas l’année dernière d’avril à septembre 2003 à Billom.

Or, mardi 10 février 2004, il est arrêté à Paris par les policiers de la Direction nationale anti-terroriste (DNAT) et emprisonné à la prison de la Santé.

Cette arrestation constitue une trahison de la parole donnée par la France et une mesure qui bafoue toutes les règles du droit français qui exige en particulier qu’on ne rejuge jamais quelqu’un deux fois pour les mêles motifs.

Cette arrestation intervient donc dans le cadre d’un changement d’attitude de la France assumé par le ministre de la justice D. PERBEN. En septembre 2002, il l’a dit à son homologue italien Roberto CASTELLI (membre de la Ligue du Nord). Selon la presse italienne, ce dernier remet discrètement une liste, qui comprend 14 noms dont celui de C. BATTISTI) à D. PERBEN. Celui-ci a annoncé que désormais les dossiers seraient examinés au cas par cas.

Dès 1997, le gouvernement italien avait repris le chemin de la revanche : il a imaginé de réactiver d’anciennes procédures en délivrant des nouveaux mandats d’arrêt… pour des faits anciens dans l’espoir de nourrir le fichier Schengen. Alerté sur les conséquences d’un tel vice de procédure, Lionel JOSPIN, à l’époque Premier Ministre de J. CHIRAC avait garanti par écrit en 98 que « des dispositions vont être recherchées afin que les signalements introduits dans le dispositif d’information de Schengen n’emportent plus de conséquences à l’égard de ces personnes ».

Le 24 août 2002, l’universitaire Paolo PERSICHETTI est arrêté à Paris et incarcéré en Italie le lendemain, il doit purger une peine de prison de 22 ans.

Le 10 février, c’est au tour de Cesare BATTISTI et selon le cabinet de D. PERBEN cette arrestation serait fortuite, aurait fait suite à de simples problèmes de voisinage !

Comment croire cette version pitoyable, quand on sait qu’une fiche concernant C . BATTISTI a été établie par les services du ministère de l’Intérieur, comportant d’ailleurs 3 informations inexactes : BATTISTI serait « recherché », lui qui avait une vie publique importante !, il y est dit que lorsqu’il fut arrêté en 90 « il procédait à des repérages d’établissements bancaires » ce qui est totalement faux, enfin il est mentionné que « la cour d’appel de Paris a émis un avis favorable à son extradition » ce qui est, comme nous l’avons vu faux également.

Il est donc fort à craindre que C. BATTISTI soit l’un des objets de ces « tractations » entre l’Etat italien et l’Etat français dont a parlé le ministre de la justice italienne le 12 février.

Tous les intervenants de la soirée de Billom ont exprimé avec gravité leur inquiétude et manifesté leur réprobation devant cette grave atteinte aux libertés et à l’Etat de Droit. Ils ont dénoncé cette déshonorante remise en cause du droit d’asile (qui met, au-delà du cas Battisti, tous les réfugiés politiques en état de danger permanent). Enfin ils ont dénoncé cette trahison de la parole donnée par la République. Ils appellent à la vigilance et à la mobilisation. Ils feront tout pour que la légalité commande et que la cour d’appel de Paris prononce la mise en liberté inconditionnelle de Cesare BATTISTI le 3 mars prochain.

Ce soir-là de nombreuses personnes ont pu prendre connaissance des articles de presse affichés, du soutien de nombreux élus dont les textes avaient été exposés et des différentes actions locales mises en œuvre par la LDH et la mairie de BILLOM. Par dizaines, elles ont signé la pétition qui circule sur Internet (qui a déjà recueilli des milliers de signatures), et ont décidé d’envoyer une carte ( à l’initiative de la maison d’édition du Poisson Soluble et de 2 autres maisons éditions) adressée directement au Président de la République exigeant la libération de C. BATTISTI.

Une collecte a permis d’envoyer un peu d’argent au prisonnier BATTISTI.

L’assemblée d’une centaine de personnes n’a pu que s’étonner de l’absence de tout représentant de la presse régionale qui avait pourtant été largement informée.
Nous espérons, par ce courrier, vous sensibiliser à cette question d’importance.