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Un "avis de K.-O. social" lancé par une trentaine d’associations contre la politique gouvernemental

Publie le mercredi 3 mars 2004 par Open-Publishing

Une manifestation et un concert militant étaient organisés, lundi 1er mars
à Paris, à l’initiative du groupe Têtes raides, pour dénoncer "une politique
destructrice des solidarités". Ils sont partis à près de 2 000 de la place
de la République ; quelques heures plus tard, ils étaient presque 6 000 au
Zénith à Paris, lundi 1er mars, pour répondre à l’appel : "Avis de K.-O.
social ordinaire", lancé par une trentaine d’associations et le groupe Têtes
raides. Entre manifestation festive et concert militant, l’initiative de
dénonciation de la politique gouvernementale de"casse sociale et culturelle"
a donné un écho sans précédent aux différents appels lancés ces dernières
semaines.

L’idée est née le 15 décembre 2003 à Lyon, où un premier concert avait
rassemblé toute la scène militante et alternative. La tournée des Têtes
raides et leurs "soirées militantes" au profit d’associations qu’ils
soutiennent a donné l’occasion de renouveler l’expérience à Paris, à une
plus grande échelle. En écho à l’"appel contre la guerre à l’intelligence"
lancé par l’hebdomadaire Les Inrockuptibles, les associations voulaient
dénoncer les "politiques de plus en plus répressives contre les droits
fondamentaux" : droit au logement, liberté de circulation des étrangers,
droit à la santé, droit à un revenu décent. Il s’agissait aussi de fustiger
les lois récentes "liberticides" comme la loi Perben ou la loi Sarkozy sur
l’immigration. Ou encore les mesures budgétaires touchant la recherche,
l’éducation ou les hôpitaux.

"DES GRAINES DANS LES TÊTES"

Pas moins de seize groupes, toutes tendances musicales confondues, sont
venus se joindre au groupe parisien. "Nous avons fait un constat commun dans
nos champs respectifs d’une politique destructrice des solidarités",
explique Marc Fromentin, porte-parole des associations. "Ce pays va mal et
nous avons ressenti le besoin d’une solidarité retrouvée sur des valeurs
essentielles pour que notre société ne soit pas soumise à la dictature de
l’économie", soutient Patrick Pelloux, de l’Association des médecins
urgentistes hospitaliers de France. Pour les Têtes raides, il s’agit
simplement de "ne pas se laisser faire par une droite musclée qui reprend le
pouvoir, insiste le batteur Lulu. On veut mettre des graines dans les
têtes."

Le rassemblement a commencé en fin d’après-midi par un cortège tout en blanc
et noir marchant vers la porte de Pantin. Militants associatifs, musiciens,
activistes ont défilé sous une banderole commune. Aucun sigle ni autocollant
d’organisations. Juste une marée de pancartes proclamant "on a faim", "à
l’attaque" ou "liberté de circulation". Les intermittents du spectacle
étaient venus avec quelques casseroles et bignous. Un comédien fardé errait
au-dessus de la foule sur ses échasses avec son écriteau "a été vendu".
Quelques manifestants portaient un badge "le Medef tue", tandis que d’autres
avaient griffonné dans leur dos "la vie est loin d’être belle quand on loge
à l’hôtel".

Au passage de la manifestation, une nuée de partisans du collectif
Résistance à l’agression publicitaire recouvrait tous les panneaux de
grandes feuilles de papier kraft taguées "espace libéré". Les slogans
étaient rares, hormis ceux des sans-papiers qui criaient en faveur de leur
régularisation. Les politiques - ouvertement non désirés - étaient
pratiquement absents ; seuls Patrick Braouzec, député apparenté PCF, et
Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts, étaient visibles.

L’ambiance fut plus électrique dans la grande salle du Zénith. Nathalie
Ferré a ouvert la soirée en réclamant une "autre politique d’asile et
d’immigration" : "Le droit des étrangers n’a jamais subi de telles atteintes
que celles qui sont le fait de ce gouvernement", a lancé la présidente du
Groupe d’information et de défense des immigrés. Plus tard, "Mous", un
militant de Droit au logement "à l’hôtel depuis quatre ans", venait
témoigner de la rudesse de sa vie : "Sans logement, on est dans le malheur".

La salle scandait alors : "Un toit, c’est un droit", tandis que les
dessinateurs Gros et Charb croquaient les ministres conspués. Squatteurs
d’espaces culturels, militants d’Act-up, médecins généralistes, syndicats de
chômeurs, professeurs ex-grévistes, chercheurs "en lutte", tous ont lancé
leur cri d’alarme. Accompagnés en cela par les groupes et chanteurs :
Benabar, Rodolphe Burger et Jeanne Balibar, Rachid Taha, Dominique A, les
Fabulous Trobadors, M, Sergent Garcia, Le Peuple de l’herbe ou la Rumeur.
Avant que les Têtes raides ne transforment le texte de l’appel en pétition
électronique (www.avidekosocial.org), et donnent rendez-vous au Printemps de
Bourges pour une nouvelle manifestation.

LE MONDE