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Le CADTM juge consternantes les proclamations du G8

Publie le samedi 9 juin 2007 par Open-Publishing

Le CADTM juge consternantes les proclamations du G8 et dénonce la répression féroce contre des manifestants pacifiques

Année après année, le G8 n’en finit plus de se contenter de proclamations creuses qu’il n’a nullement l’intention de tenir, sur fond de répressions féroces contre des manifestants pacifiques. Neuf membres du CADTM France et du CADTM Belgique ont été détenus pendant plus de 48 heures, sans la moindre raison valable.

A propos de l’aide à l’Afrique, le G8 se fend une fois de plus d’une promesse qui ne coûte pas grand-chose. Le doublement de l’aide d’ici 2010, promis à Gleneagles en 2005, a été répété, mais les derniers chiffres publiés sont catastrophiques : selon l’OCDE et la Banque mondiale, l’aide à l’Afrique hors remises de dettes a baissé en 2006. D’autre part, les 60 milliards de dollars promis à terme, sans échéancier précis, afin de lutter contre le sida, la tuberculose et la malaria, ont pour partie déjà été annoncés au cours des derniers mois, il n’y a donc là pas grand-chose de nouveau. Dans le même temps, le secteur de la santé se détériore gravement en Afrique et le nombre de personnes qui y souffrent de la faim s’accroît. Souvenons-nous également que dès 1970, les pays riches s’étaient engagés à consacrer 0,70% de leur revenu national brut à l’aide au développement. Près de 40 ans plus tard, le chiffre exact pour les pays du G7 est de seulement 0,26%.

A propos du climat, le G8 s’est contenté de sauver la face, mais sans prendre le moins du monde la mesure de l’enjeu environnemental pour les décennies à venir. Reconnaître la nécessité de réduire substantiellement les émissions de gaz à effet de serre est bien la moindre des choses, mais cela n’a aucune chance d’être crédible et efficace sans objectif chiffré commun aux huit pays. Pourtant, ce sont les pays du G8 qui en sont les principaux émetteurs et les populations des pays en développement en subissent de plus en plus durement les conséquences.

Ce sommet du G8 a aussi nettement marqué la reprise de la course aux armements, sous l’impulsion des Etats-Unis. Estimées à 1000 milliards de dollars en 1990 et 1200 milliards de dollars en 2006, les dépenses militaires mondiales devraient atteindre 1500 milliards de dollars en 2007. Les Etats-Unis y consacrent plus de 500 milliards de dollars à eux seuls. Pour le CADTM, la revendication du désarmement généralisé n’est pas négociable.

A propos de la reprise du cycle de Doha au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le G8 prend prétexte de sa nécessité pour les pays pauvres, alors que la logique de ces négociations, dans la droite ligne des politiques d’ajustement structurel imposées depuis les années 1980, est profondément néfaste pour les populations pauvres des pays en développement.

Quant aux autres sujets abordés, le G8 s’est contenté du strict minimum qui ne sera évidemment pas atteint, voire d’effets d’annonce qui ne trompent personne.

Pour le CADTM, huit chefs d’Etat, reclus dans un lieu surprotégé par d’imposantes forces armées qui ont bafoué sur ordre la liberté de circulation et de protestation pacifique, font mine de se réjouir d’avancées qui n’existent pas.

Le CADTM ne reconnaît aucune légitimité au G8, qui comme la Banque mondiale, le FMI ou l’OMC, traverse une crise de légitimité absolument gravissime. Pour le CADTM, il faut construire au plus vite une alternative basée sur un fonds de développement des Nations unies relié à un réseau de Banques du Sud, dont la priorité absolue serait la garantie des droits humains fondamentaux.

www.cadtm.org/article.php3?id_article=2708