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Francis Wurtz : Le sens de ma participation à l’appel

Publie le mercredi 13 juin 2007 par Open-Publishing
14 commentaires

Lettre de Francis Wurtz à Marie-Noëlle Lienemann à l’occasion de la première rencontre des signataires de l’appel Gauche Avenir le 12 juin 2007.

Chère Marie-Noëlle, [...]

J’ai signé votre appel - sans même en connaitre alors la plupart des autres signataires - d’abord parce qu’il émanait de personnes comme toi, André, Paul... que j’estime et dont j’ai notamment apprécié l’engagement dans la magnifique bataille contre le projet de traité constitutionnel européen ; ensuite parce que le but assigné à cet appel était d’ouvrir un espace de dialogue et de réflexion sur les valeurs que doit faire vivre et les objectifs que doit se fixer, dans la société et le monde d’aujourd’hui, une gauche clairement ancrée à gauche. Il me parait essentiel que l’on s’en tienne bien à cette conception des choses.

Je souligne cette exigence de clarté parce qu’à l’évidence, dans la prochaine période, nous allons assister à une effervescence d’initiatives, à gauche, dans lesquelles il y aura "à boire et à manger". Et, dans ce contexte, le risque de confusion des genres n’épargnera pas notre appel. Toute forme de structuration, voire d’institutionnalisation de l’initiative accroîtrait ce risque. Je n’y suis donc pas favorable.

Les formes que prendra la confrontation d’idées que nous appelons de nos vœux compteront beaucoup. Elles doivent, à mes yeux, éviter plusieurs écueils. D’abord, bien évidemment, il faut proscrire l’idée que nous serions en train d’ébaucher la construction d’un nouveau parti ! Tu as été très claire à ce propos dans "l’Humanité" de vendredi dernier. Ensuite, il ne faut pas laisser penser que l’espace de débat que nous ouvrons aurait pour vocation de se substituer aux autres lieux de réflexion sur l’avenir de la gauche. En ce qui me concerne, je veux, en particulier, redire, à cet égard, l’importance essentielle que j’attache à la réflexion collective approfondie et aux initiatives politiques annoncées par Marie-George Buffet dans la perspective d’un congrès extraordinaire du PCF.

Enfin, évitons tout ce qui pourrait donner à penser que nous voudrions conduire un dialogue "au sommet" se substituant à la réflexion libre et souveraine des nombreux militants et militantes de gauche qui viennent précisément de faire la preuve, malgré les vents contraires, de leur détermination à défendre les valeurs dont notre appel se réclame à juste titre. "Nous voulons réfléchir en nous plaçant volontairement loin des enjeux de pouvoir" a écrit Paul Quilès. Cela me va bien. Je participerai à tout ce qui se fera dans cet esprit. Je me départirai de toute déclaration ou initiative qui s’en éloignerait.

Tu reconnaitras aisément dans ces remarques les principes sur lesquels nous nous sommes mis d’accord. Pour la réussite de nos efforts respectifs, il m’a semblé utile, à ce stade, de les rappeler et de les rendre publiques.

Bien à toi, amicalement

Francis Wurtz

Messages

  • Cette mise au clair s’imposait en effet, ou, à tout le moins , était très attendue.
    C’est vraiment une bonne chose de l’avoir faite suite à cette rencontre.
    La Louve

  • Pour moi qui ait signé l’appel,il n’y a jamais eu de doute sur la nature et la portée de l’initiative.

    C’est, pour moi, une démarche de construction culturelle progressiste très large que ne permet

    pas ou plus ( dans l’immédiat) les structures partisanes actuelles où on va passer par des

    phases de "décompressions" idéologiques, des conflits de personnes, des structurations

    d’intérêts.

    Il faut un endroit, un espace où l’on garde la tête froide, dans une perspective historique de

    cohésion idéologique des fondamentaux d’une gauche de progrès et de transformation sociale.

    Ca va tanguer sévèrement partout, mais c’est un grand bazar très créateur, un nouveau matin

    du monde pour toute la gauche.

    J.NICOLAS

  • Merci Francis pour cette clarification, je n’ai pas été tendre avec toi sur ce site devant le flou de cet appel.

    De plus certains (y compris membres, candidats ou élus) rèvent tellement fort d’enterrer le PCF, ses militants, son idéal et de se repaître de sa charogne qu’on les entend ses temps-ci à longueur d’antenne.

    Oui, le PCF existe et ne pas en être membre n’est pas une garantie d’augmenter les voix, le premier tour des législatives le confirme, dans l’Allier ou ailleurs...

    Par contre une circonscription conquise à un poil plus de 20% en 2002 peut, avec un travail communiste, être portée à plus de 40% au premier tour, à Thiers, dans le Puy de Dôme. Et cela, par un communiste qui a déjà construit pour d’autres échéances une logique de liste autonôme du PCF gagnante...

    Salut fraternel.

    Le Renard Rouge

  • Ouf ! Tu m’as fait peur Francis.

    Nous n’avons pas à nous enfermer dans des trucs et des machins.

    Les citoyens sont demandeurs de politique. C’est aux organisations politiques d’organiser ces débats. Alors allons-y.

    Les débats contradictoires, les analyses, les réflexions, les informations tout cela il nous faut le développer partout, dans les quartiers, les entreprises, et dans les villages. Cette effervescence politique permettra au plus grand nombre de s’armer politiquement, pour battre définitivement la droite et réussir enfin à gauche.
    Rendre ces lettres de noblesse à la politique voilà l’enjeu à gauche. Faire de la politique participative, la rendre audible, visible, lui donner du sens pour qu’elle devienne réellement efficace c’est cela la démocratie non ? A chaque organisation politique d’en tirer les conclusions et de construire un projet radicalement de gauche.
    C’est aussi une façon de préparer un beau congrès.

    Aline Pinault

  • Je crois que la présence de Paul QUILES dans ce groupe est pour moi révélateur des confusions et des grands risques que nous courrons. C’est lui, comme ministre des télécommunications et de la poste, qui, dans la confusion de 83 et du tournant de la soit disante rigueur, a privatisé France Télécom. Il n’a fait cet acte et a fondé un mythe en renforçant le dogme que la privatisation devait engendrer la baisse des prix alors que la baisse des prix est engendrée par la révolution technologique. EDF est un contre exemple révèlateur de la fausseté de ce dogme et de ce mythe... mais le mal est fait et il est difficile de convaincre même avec ce contre exemple. La baisse des prix pour un meilleur service aurait été plus grande en laissant France Télécom sous le capital communautaire. Je rappelle que les profits sont très importants dans ce secteur aussi et qu’il aurait mieux valu que l’équivalent de ces profits alimente le budget de l’état plutôt que d’aller dans les poches des porteurs d’action en sur-accumulant leur capital et le gaspiller dans des transactions boursières.

    Je pense que Francis a tort de s’embringuer dans un truc comme ça, il serait plus précieux de l’avoir à plein temps au congrès du PCF.

  • Mes chers camarades,
    Il y a quelque chose de pitoyable, mais surtout d’indécent, dans cet appel de "Gauche à venir" qui réside dans le fait que ceux qui souhaitent "un débat ouvert" sont les mêmes que ceux qui au PS tuent le débat au nom de l’impératif : "Attention, élections !"
    Tout d’un coup, ils souhaitent s’acheter une conduite de penseurs patentés. Tiens donc !
    Mais quelque chose m’intrigue plus encore, qui consiste à croire, à faire croire, à se faire croire, que nos organisations réciproques ne puissent douter un seul instant de leurs responsabilités dans la situation dramatique de la Gauche française.
    Ce ne sont pas les scores exsangues des dernières élections qui sont à même de me faire penser différemment.
    Alors restons bien au chaud dans nos petites maisons, et dans un voisinage supportable de nos petits narcissismes de l’exemplaire différence, et c’est cela cher Francis Wurtz qui va continuer à faire souffrir la France toute entière.
    Michel Gros

  • Etre dans une "structure" comme certains ici l’établissent n’empêche absolument pas de rester

    convaincu de l’utilité et de la nécessité d’un parti communiste qui s’affirme fortement sur ses

    valeurs.

    Il n’y a aucun renoncement pour ce qui me concerne.

    Travailler à élargir et à créer les bases d’une nouvelle unité à gauche passe par un travail de

    rencontres, de débats, de constructions communes.

    Si les questions peuvent se poser différemment d’un endoit à un autre selon les sociologies des

    populations, les questions du militantisme et de la disponibilité sont preignantes, surtout en

    milieu rural.Cela passe par un état des lieux des valeurs et leviers progressistes qu’il nous faut

    nous réapproprier pour mieux les faire partager et les faire reconnaître autour de nous, surtout

    aux jeunes générations.Enclancher des dynamiques de reconstruction et de transformations

    sociales progressistes, cela passe par un temps de réflexion avec celles et ceux des plus

    volontaires et des plus conscients.Le poids de l’histoire des différents mouvements et partis qui

    ont travaillés depuis trente ans ensemble dans des conditions diverses est très importants, et

    aujourd’hui, les héros sont un peu vieillissants et un peu fatigués.La lutte des classes quand elle

    est intense, c’est passionnant, mais ça use beaucoup.

    J.NICOLAS

  • Une grave question est posée depuis longtemps aux militants ("..de base , quoi !") :

    Comment se fait-il que les congrés succesifs (des partis "de gauche") aient permis à "la pensée" (de gauche...) de prendre tant de "retards historiques", (par rapport aux "leçons du XXèCongrés du PC soviétique"...!) et tant de "décalages sociologiques"(par rapport aux "couches populaires").

    Il est temps "qu’en dehors des enjeux de pouvoir", justement , on réfléchisse à "l’enjeu de pouvoir" pour le peuple dont la "souveraineté" a été confisquée par les institutions, y compris les "partis politiques du peuple" !

    Il faut réfléchir à la fois à une "souveraineté européenne des citoyens" (par quels mécanismes , quelles techniques institutionnelles à inventer ?), et à la souveraineté comme valeur revendiquée par chacun, (souveraineté sur mon corps, sur mes conditions de travail, sur "ma condition humaine").

    le vote n’est plus suffisant, il faut inventer des systèmes complémentaires pour assurer à la fois une juste "représentation", et une moindre délégation de pouvoirs, et cela partout, à tous les niveaux, y compris lorsque l’on envisage "une structure en dehors des enjeux de pouvoir" :

    méditons sur les tristes péripéties d’une association comme ATTAC, dont l’esprit demeure bien "la réflexion et l’éducation populaire", soi-disant "hors des enjeux de pouvoir"...

    On attend des partis "de gauche" leur propre renouvellement autonome, mais aussi, d’une "structure horizontale" la non reproduction des "sommets pour éléphants " !

  • Clair, net, précis, calme ...

    Mise au point qui valorise celui qui l ecrit et celles et ceux qui sont cités. De bon augure.

    L Agneau