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Une Palestine en état de choc. (reportage photo de la manif à Paris le 26 juin)

Publie le jeudi 28 juin 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Un rassemblement a été organisée le mardi 26 à 18h30 au ministère des Affaires étrangères (métro Invalides). Avec Bellaciao...

de Hassane Zerrouky

Cisjordanie . De Bethléem à Naplouse, en passant par Beit Hanine, Ram et Ramallah, les événements de Gaza ont eu l’effet d’un coup de massue sur les populations. Récit.

Cisjordanie, envoyé spécial.

À Jérusalem, où la crainte et la méfiance entre Palestiniens et Israéliens structure la réalité de la ville sainte, la crise de Gaza a été un véritable coup de massue. Ces images d’hommes défenestrés, de membres du Fatah exécutés de sang-froid sur leur lit d’hôpital ou après s’être rendus aux islamistes contre la promesse d’une vie sauve, le piétinement de l’emblème palestinien et des portraits d’Arafat ont choqué les Palestiniens.

En contrebas du Saint-Sépulcre, sous une chaleur de plomb, Bessam, Palestinien de confession chrétienne, attend désespérément le touriste. Bessam, en arabe, veut dire sourire. « Mais je ne souris plus depuis quelque temps », dit-il. Peu de clients dans son fast-food. « La faute au Hamas », lance-t-il. « Depuis la mort d’Abou Amar (Yasser Arafat), il a pris du poids. Vous avez vu ce qu’ils ont fait aux gens du Fatah, aux institutions et écoles chrétiennes à Gaza » ? Bessam, comme la majorité des Palestiniens chrétiens, soutient Mahmoud Abbas dans son refus de dialoguer avec le Hamas.

Les plus jeunes espèrent, sans trop y croire, que, si Israël libérait Marwan Barghouti, cela changerait la situation. « Mais ils ne vont pas le faire », dit cette jeune étudiante de l’université de Bethléem. « Le Hamas fait leur jeu. Pourquoi les Israéliens se priveraient-ils d’un tel allié pour poursuivre leur politique de colonisation ? ». Les élections anticipées ? « Les islamistes laisseront-ils les habitants de Gaza y participer ? », se demande-t-elle.

De l’autre côté du « mur de la honte »

Changement de décor. De l’autre coté du mur dit de « sécurité », cette hideuse barrière de béton, longue de 700 km, qualifié de « mur de séparation raciale », de « la honte » par les Palestiniens, on entre dans un autre monde. Des pans entiers de terres cultivables, des habitations, parfois des quartiers, des établissements scolaires, des puits d’eau se sont trouvés du jour au lendemain de l’autre côté du mur. Des familles ont été séparées de leurs voisins et de leurs proches, changeant de statut juridique, devenant des « résidents temporaires » à la merci d’une expulsion. Aux barrages de contrôle, des check points de l’armée israélienne installés près du mur filtrent les sorties, et rendent du coup le bouclage des territoires plus efficace : il suffit de fermer ces immenses portes métalliques qui permettent aux voitures et aux transports publics de passer de lcôté !

Pour Assad Meslaoui, président de l’association des commerçants de Ram, au nord de Jérusalem, « déjà, avant la construction du mur, c’était très difficile. Maintenant c’est pire : plus de 50 % des commerces et des petites et moyennes entreprises ont fermé. Moi, qui gagnais 5 000 dollars par mois, j’en fais à peine 500 aujourd’hui. Alors au lieu de s’unir pour faire face à la situation, le Hamas a choisi la force parce que sa politique n’obéit pas à l’intérêt national palestinien. Elle est commanditée de l’extérieur. » Son collègue, Ahmed Nadchi, sympathisant du Parti populaire palestinien (communiste) est catégorique. « Le mur est une violation des droits de l’homme. Quant au Hamas, il a commis l’irréparable. Maintenant la parole est au peuple : c’est à lui de trancher par la voie des urnes. Hamas a déjà perdu la partie, c’est pour ça qu’il rejette les élections anticipées. » À Ram, le parti islamiste est peu présent. La ville est dirigée par une coalition formée entre le Fatah, les communistes et le FPLP.

Ramallah si loin et si proche de Gaza

Dans la capitale politique palestinienne, sous haute surveillance policière, après que Mahmoud Abbas a décrété le Hamas hors la loi, le Fatah n’a pas fait dans le détail : arrestations, fermetures des locaux des islamistes et saisies de leur matériel informatique et de documents. Mais selon le colonel Mazen Abou Hassan, responsable de la sécurité de la région de Ram mais aussi de Jenine, « il n’y a plus aucun membre du Hamas en prison : ils ont tous été libérés ».

À Ramallah, tout paraît normal. Gaza, qui semble si loin, est en même temps si proche. Ici, à de rares exceptions, toute la population est derrière Mahmoud Abbas. Avec ses rues embouteillées par la circulation, ses cafés bondés, ses boutiques de mode, Ramallah donne l’impression d’une capitale peu touchée par l’embargo décrété par l’Occident depuis l’arrivée du Hamas au pouvoir.

« Le Hamas ne remettra plus les pieds ici », assure ce jeune officier de la garde présidentielle. Mais sorti de la capitale politique palestinienne, la réalité rattrape le visiteur, rues défoncées et poussiéreuses et le mur inévitable qui vous accompagne, masquant le paysage.

Plus au nord, Naplouse que l’on rejoint par la « route des colons », voie rapide que seuls les Israéliens empruntent, serpente à travers une vallée entourée de petits monts, au sommet desquels se trouvent les implantations coloniales. Pour parer aux attaques des colons, certains villages palestiniens ont barré l’accès de leurs localités à l’aide de gros rochers, de cubes de béton et de fils barbelés. Ici, le face-à-face est quotidien. Les colons n’hésitent pas à ouvrir le feu sur les bergers palestiniens si par malheur leur troupeau s’approchait des colonies. « Il y a un mois, deux enfants ont été tués par balles », m’assure Yahia, un des rares Palestiniens autorisés à emprunter cette voie. Toujours près de Naplouse, à Amirad, des colons armés, d’origine russe et brésilienne, ont arraché 300 oliviers appartenant à des paysans palestiniens, pour ensuite les replanter dans leur colonie « illégale » de Shavot Rachel, implantée sur un terrain confisqué par la force. Dans cette région d’oliviers, on a l’impression d’être au Far West, avec des colons volant la terre aux indiens sous la protection de l’armée.

Naplouse, un climat tendu

Naplouse, dominé par le Mont Gourizim, ancien fief de la gauche palestinienne, est un vrai camp retranché. Le check point a des allures de poste frontière : les taxis collectifs venant de Ramallah déposent leurs clients sur un parking : ils n’ont pas le droit d’y pénétrer. Pour y entrer, pas de contrôle. Mais pour sortir, c’est une autre affaire : faire la queue, montrer ses papiers, se justifier, avant de recevoir le sésame. Naplouse détient le triste record du plus grand nombre de prisonniers palestiniens détenus en Israël : près de 30 %, et du plus grand nombre de Palestiniens tués lors des deux Intifada. L’armée israélienne a établi un cordon sécuritaire tout autour de la ville. Les jeunes sont, sauf exception express, interdits de quitter la ville.

Depuis le 14 juin, le Fatah règne en maître. L’éviction des islamistes, qui géraient la ville, a été brutale : locaux saccagés et incendiés, membres du Hamas, dont l’ancien ministre de la Justice, Ahmed Al Khaldi, arrêtés avant d’être relâchés. Les islamistes se terrent, évitent de parler aux étrangers. Khaled Jendakgy, patron de la « librairie populaire », à l’entrée de la vieille ville, n’est pas très optimiste. « Si aucune solution n’intervient, je crains pour l’avenir des Palestiniens. Le Hamas doit se plier à la légalité, accepter de retourner aux élections. Il a franchi la ligne rouge. Les Palestiniens n’accepteront pas un émirat islamiste à Gaza. » À Naplouse, où la tension est permanente, une partie de la population reste fidèle au Hamas. Le pire est à craindre. Un responsable du Hamas, cité dans un quotidien, menace d’étendre le conflit à la Cisjordanie où son parti disposerait de 4 000 hommes armés à Naplouse et Hebron !

http://www.humanite.fr/journal/2007-06-27/2007-06-27-853791

Messages

  • "Cisjordanie . De Bethléem à Naplouse, en passant par Beit Hanine, Ram et Ramallah, les événements de Gaza ont eu l’effet d’un coup de massue sur les populations."

    L’Huma aurait pu prendre la précaution du recul nécessaire dans une situation ds plus piégeuses.

    La véritable St Barthélémy qui s’est déclenchée en Cisjordanie est dûe à une manipulation médiatique des plus criminelles a laquelle se sont prétés les organes controlés par le Fatah et l’AP.
    Voyez ce que dit Raji Sourani, président du PCHR ( que tous les correspondants de presse connaissent trés bien, et qui ne peut être souçonné d’être un islamiste) également vice-président d la FIDH le déclare solennellement :

    "Gaza n’avait pas vécu un tel calme depuis plus de dix ans" Raji Sourani, président du PCHR. 22 07 2007

    Dans une déclaration récente (22/6/07), Raji Sourani, président du PCHR (Centre Palestinien des Droits de l’Homme) affirme que Gaza n’avait pas vécu un tel calme depuis plus de dix ans, réfutant la propagande des éradicateurs à propos des poursuites par le Hamas des militants du Fatah. Il a rappelé que le Hamas est l’Autorité, non pas depuis une semaine, comme cherchent à le faire croire les autres, mais depuis un an et demi. Et depuis cette date, les organisations des droits de l’homme n’ont enregistré aucune violation par le Hamas des droits civiques des citoyens. Il a de plus nié l’information selon laquelle les militants du Hamas auraient investi et saccagé la maison de Yasser Arafat, propagande mensongère de certains médias palestiniens, ayant conduit à une « St Barthélémy » en Cisjordanie, contre le Hamas.

    De plus, la mainmise du Hamas sur ces locaux a dévoilé quantité de documents sécuritaires qui dénoncent la collaboration de certains appareils avec l’État sioniste, qui se montre d’ailleurs très inquiet à leur sujet. Il vient de réclamer à L’Égypte un rôle d’intermédiaire pour les récupérer, avant qu’ils ne tombent entre les mains de « pays de la région » évoqués par ces documents.

    La riposte de Hamas a déjoué un coup d’État. Si cette riposte est considérée illégale et anticonstitutionnelle, elle l’est beaucoup moins que le coup d’État qui se préparait, qui aurait encore affaibli le pouvoir du président au détriment de ses conseillers éradicateurs.

    Si la mainmise du Hamas sur les appareils sécuritaires fut entachée d’actes violents, la répression qui s’est abattue sur les militants et les cadres du Hamas, dont beaucoup étaient recherchés par les sionistes, en Cisjordanie, constitue des actes de trahison.

    Qui a incendié la maison de Abdul ‘Aziz Dweik, président du conseil législatif, enlevé et détenu par les sionistes depuis plus d’un an ? Et saccagé la maison de Hassan Youssef, député détenu dans les prisons de l’occupation, le même jour où les sionistes le transféraient de Ofer à Haddarim ?

    Ceux qui accusent le Hamas d’avoir violé la constitution en s’emparant des bâtiments des appareils sécuritaires dans la bande de Gaza, comment qualifient-ils les décrets présidentiels instaurant l’état d’urgence, mais surtout la formation d’un nouveau gouvernement sans avoir l’aval du conseil législatif ? Plusieurs associations et institutions juridiques palestiniennes (dont le PCHR qui est loin d’être dominé par le Hamas) ont qualifié la formation du gouvernement d’anticonstitutionnelle. Mais les forces éradicatrices, modernistes et obscures, soumises aux Américains, n’en finissent pas de piétiner leurs propres idoles.

    lire l’article en entier http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1994

    Et c’est pas fini : les révélations sur l’entreprise de déstabilisation du gouvernement issu du suffrage populaire palestinien arrivent tous les jours.
    renseignez vous ; vérifiez toutes vos sources ; rec oupez ;
    A noter : le hamas , depuis le début demande une commission d’enquête indépendante sur les évènements à Gaza.
    Avez-vous entendu parler d’une suite ?
    A la prochaine
    Soyez utiles
    embarquez vous avec Free Gaza : avec Hedy Epstein -rescapée de la Shoah, 82 ans-,
    Faite quelque chose, mais ne laissons pas les palestiniens seuls
    RB

    • Ne pas confondre"chape de plomb" et calme ; les tensions ne se sont pas taries en une seule journée et la chape de plomb que fait peser le Hamas sur Gaza ne demande qu’à se fissurer.
      Il y a suffisamment de groupuscules antagonistes prêts à faire péter ce semblant de quiétude sans compter Israël...

    • J’en vois bien une grosse de chape de plomb.
      Mais c’est pas tout à fait la même !
      Elle occuppe certains cerveaux qui préfèrent répéter les slogans ressasés sur l’islamisme radical qui menacerait tous horizons.
      Allez-y !
      En 24 heures vous verez peut-être les choses autrement !

      voici quelques lignes d’une palestinienne qui officie dans les territoires. Qui connait son pays
      et se confronte au quotidien à la souffrance humaine :

      ../.."Alors que les Palestiniens commémoraient leurs pertes avec l’occupant israélien durant la Nakba et la Naksa, notre sang coulait à flot dans Gaza ; mais cette fois, nous étions les victimes et aussi les assassins.

      Le Hamas a gagné une élection libre et juste, en dépit d’un report et de manœuvres visant à réduire ses résultats ;

      il a survécu à 17 mois de boycott alors que des syndicats contrôlés par le Fatah ont forcé des gens à se mettre en grève contre le gouvernement ;

      il a accepté l’initiative des prisonniers et fait des compromis pour rendre possible un gouvernement d’union, et malgré tout, il n’a pas été accepté par l’OLP.

      Israël a volé ses ressources fiscales, arrêté le tiers de ses élus au parlement pour le mettre en minorité ;
      pendant longtemps, il a été patient aussi avec les tourments et les assassinats perpétrés à son encontre par la contra palestinienne ;

      quand finalement il a compris qu’il existait un plan visant à le faire liquider par des forces équipées et entraînées avec l’argent américain dans deux pays arabes voisins, il a pris la douloureuse décision d’éliminer les dirigeants qui travaillaient activement à sa perte."../..
      ...

      Samah Jabr est psychiatre en Palestine occupée. Après la Norvège où elle a participé début mai à une conférence sur la santé mentale dans les situations humanitaires, elle est allée en tournée en Afrique du Sud parler de la situation en Palestine. De retour à Jérusalem, elle travaille à une pièce de théâtre. On peut la contacter à l’adresse : samahjabr@hotmail.com

  • Il faut saluer cette initiative du PCF. Mais hélas nous étions vraiment très peu nombreux.
    C’est dommage -espérons être plsu en nombre la prochaine fois.
    LA Louve