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Chomeurs canadiens recherchés : les forces armées recrutent.

Publie le mardi 21 août 2007 par Open-Publishing

Les Forces armées canadiennes, qui ont lancé leur plus grande campagne de recrutement depuis la Deuxième Guerre mondiale, devraient axer leur publicité vers les jeunes chômeurs en leur faisant miroiter des possibilités d’emplois, et non des voyages, constate un sondage commandé par le ministère de la Défense nationale.

Les Forces armées canadiennes, qui ont lancé leur plus grande campagne de recrutement depuis la Deuxième Guerre mondiale, devraient axer leur publicité vers les jeunes chômeurs en leur faisant miroiter des possibilités d’emplois, et non des voyages, constate un sondage commandé par le ministère de la Défense nationale.

Ce sont les jeunes de milieux défavorisés, notamment les autochtones, qui sont les plus susceptibles de s’enrôler. Pas parce qu’ils ont particulièrement envie de se battre, mais parce que leurs perspectives d’emploi et de carrière sont limitées dans la vie civile.

« Un chèque de paye, un emploi et une carrière sont autant de stimulants pour s’enrôler, particulièrement pour ceux qui sont sans emploi ou sous-employés », indique le document remis à la Défense nationale en mars et intitulé Recrues potentielles pour les Forces canadiennes : profil 2007.

« En effet, une bonne moitié (50 %) de ceux qui sont susceptibles de s’enrôler dans les Forces affirment qu’ils sont à la recherche d’un emploi et que, par conséquent, ils sont plus réceptifs aux messages de communication qui parlent d’emploi. »

Plus les jeunes sont instruits, plus ils proviennent d’un milieu aisé, moins ils ont envie de s’enrôler, souligne le rapport, qui s’appuie sur un sondage mené cet hiver auprès de 1504 Canadiens âgés de 16 à 34 ans. À l’inverse, les recruteurs ont plus de chances de succès auprès de très jeunes gens peu instruits provenant d’un milieu moins favorisé.

« Les cibles clés pour le recrutement sont les 18 à 19 ans et les 20 à 24 ans. Avec l’âge, la probabilité de s’enrôler dans les Forces à temps plein diminue... La probabilité de s’enrôler diminue aussi selon le niveau d’éducation et le revenu du foyer. L’enrôlement à temps plein est plus attrayant pour les autochtones ; près d’un quart (23 %) des autochtones sont intéressés à s’enrôler à temps plein. »

Pendant longtemps, les campagnes de recrutement insistaient sur les voyages à l’étranger. C’était la belle époque où les soldats canadiens participaient en grand nombre aux missions de paix des Nations unies un peu partout sur la planète. Aujourd’hui, seulement 0,08 % des 66 000 Casques bleus sont canadiens, contre 11 % il y a 15 ans. Le Canada est plutôt en guerre en Afghanistan, où il a perdu 67 soldats.

« Bien que l’idée de voyager avec les Forces canadiennes soit attrayante, elle sous-entend qu’il faudrait servir en Afghanistan et, par conséquent, le fait de mentionner l’opportunité de voyager n’est peut-être pas de mise à ce moment-ci pour promouvoir les Forces », indique le rapport, produit par la firme TNS Canadian Facts. « Les communications des Forces canadiennes devraient plutôt refléter l’aspect pratique d’un chèque de paye régulier et l’occasion de parfaire son éducation. »

L’armée a tout un défi à relever. Chaque année, 5000 militaires sur 60 000 prennent leur retraite. Elle doit les remplacer, alors que la population vieillit. En plus, le gouvernement lui a ordonné d’augmenter l’effectif de la Force régulière de 13 000 hommes et femmes, et celui de la Force de réserve de 10 000.

Or, les jeunes sont très réticents. « Malgré l’image positive, la probabilité de s’enrôler dans les Forces est très basse », notent les auteurs du rapport. Seulement un pour cent des jeunes Canadiens ont dit qu’il était « très probable » qu’ils s’enrôlent. L’immense majorité ont répondu que ce n’est « pas du tout probable ». Parmi toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec que les jeunes sont le moins intéressés. « Après les obligations familiales, d’autres entraves à l’enrôlement dans les Forces pour les Canadiens admissibles comprennent : le refus de se battre et la répugnance face à la violence, le manque d’intérêt, les engagements face à la carrière... Pour contrer l’obstacle des obligations familiales, les communications des Forces canadiennes devraient démontrer qu’une carrière au sein des Forces permet aussi de pourvoir financièrement aux besoins de leur famille. »

Où mener les campagnes de recrutement ? Les sondeurs constatent que les jeunes passent trois heures par jour à naviguer sur Internet, d’où l’importance du site web des Forces canadiennes. La page d’accueil de ce dernier s’ouvre d’ailleurs sur ces mots : « Enrôlez-vous ». Ensuite vient la radio, en particulier les stations qui diffusent du pop et du rock. Le rapport note que les jeunes qui sont susceptibles de s’enrôler passent plus de temps que la moyenne dans les transports en commun, d’où l’intérêt de placer des affiches dans les autobus, les abribus et les métros.

Il semble que les recruteurs vont de plus en plus dans les cégeps, affirment des collégiens. « Certaines associations étudiantes me disent que les Forces armées prévoient trois visites par session dans leur cégep », affirme Alexandre Vidal, de l’association étudiante du cégep de Lévis-Lauzon. Mais, selon lui, elles ne sont pas toujours les bienvenues : des étudiants ont fait fermer des kiosques de recrutement.

http://www.cyberpresse.ca/article/2...