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A quelles conditions existe-t-on vraiment ? (zaz)

Publie le mercredi 22 août 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Sous-titre : La turpitude médiatique

1° Introductif : Suis-je ? qui suis-je ?

"Cogito ergo sum : je pense donc je suis". Cette formule n’est sans doute en soi pas fausse, elle se révèle dans la sphère privée, par les nuits insomniaques, quand tu te retrouves seul avec toi-même dans ta tête. En fait, la grande, très grande solitude qui fait bobo-pas-rigolo est plutôt ordinairement celle du terrible vide de l’amour absent, inexistant. Pour preuve, on donnera que cette solitude-là se transforme instantanément en plénitude sitôt qu’on est enfin aimé : "Je suis aimé donc je suis", voilà une non moins puissante vérité, au fond beaucoup plus chérie que le cogito cartésien.

Dans cet ordre de pensée de la dialectique vécue avec soi-même ou avec les autres, la démocratie dans laquelle on trempe mérite encore cependant d’être examinée en propre. La véritable démocratie serait premièrement d’être reconnu, toi, vous, moi, comme une personne à plein temps et en totalité. Bon ben, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a, dans ce domaine, loin de la coupe d’hydromel attendue aux lèvres attendantes, mêmes les jours voués aux élections.

"Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi" proclamait dans son article 2 la Constitution du 24 juin 1793, on n’en a retenu positivement que la fin sur la Loi (comment pouvait-on faire autrement ?), le premier membre sur notre nature supposément commune est resté quasiment inconnu, il est resté lettre morte et on n’en parle plus depuis la vénérable date indiquée, on l’a supprimé faut-il le préciser de toutes les constitutions venant après. Egaux devant la Justice, ok, les hommes sont tenus pour irrémédiablement inégaux dans la réalité quotidienne, là-dessus, je pense, on ne vous dévoile rien.

C’est que chacun se trouve une supériorité sur son voisin ou sa voisine ne serait-ce que 5 centimètres de plus en taille ou en tour de nibards. Tout dans la société entretient ce culte de l’inégalité, le pousse à son extrémité : école, sport, consommation, institutions, etc. Malgré tout ce qu’on peut vous raconter, un pongiste laissera toujours la priorité pour passer une porte à un rugbyman qui le surpasse de 60 kilos de beefsteaks entraînés. Un énarque l’emporte sur un quidam, un polytechnicien sur un simple manar ou un plombier-zingueur. Parfait ! Il n’est pas malin de comprendre que les hommes ont droit à des distinctions statutaires en fonction de leurs talents et leurs mérites. Sciences-po qui pratique l’économie vous expliquerait sans difficulté que les hommes génèrent de la valeur ajoutée de façon très contrastée, vous comprenez pourquoi il sort de cette considération des hiérarchies indubitables. D’où il advient encore, seconde conséquence, que les uns ont droit au caviar et les autres à la boite de sardines. Très bien comme ça, on sombre pas dans l’utopie ! Sans compter qu’on a fait, notez-le, de gros progrès dans le social, il fut un temps où les quidam, manars, plombiers-zingueurs n’avaient tout simplement pas de quoi bouffer, Ils ont maintenant le SMIC ou le RMI pour faire leur gras à l’huile d’olive.

Ce système radieux donc, chiadé, économiquement inattaquable n’appelle scientifiquement plus la moindre contestation. Il y a encore quelques difficultés mais faut pas pinailler : L’argent du député que vous avez élu (x fois le vôtre, en vérité son montant vrai est maquillé) et qui est censé vous représenter, bin quoi, ça vous fait un peu râler ! : ces bonnards, hein ! ils s’emmerdent pas, c’est vous qui les payez avec vos impôts dont ils fixent le montant. Les énarques aussi vous payez leurs études, etc. mais, disais-je, ne critiquons pas le système, ce serait puéril, en plus c’est complètement dépassé comme attitude.

L’ennui sérieux en vérité n’est pas le fric, ou ne l’est plus , il n’est pas dans la possibilité pour certains de manger fin, et vous pas. Le danger dans la société est certainement dans les médias. "Je suis médiatisé donc j’existe, je ne le suis pas je n’existe pas", c’est de ça ci-après qu’on va tenter de vous parler.

2. Pas vu, pas célébré, tu n’existes tout simplement pas

Tu n’as pas la naïveté de croire être quelque chose au motif banal que tu as notoirement une identité officielle ou un numéro de Sécu. Hier, Libé, journal redevenu de gauche, dissertait savamment sur la carte d’identité et son histoire fouareuse. La carte d’identité en tant que carte policière est là pour faire être l’Etat, pas toi. Nous le croyons volontiers ! Du point de vue de Libé, nous a-t-il paru, la faute en est à Pasqua d’abord et à Sarkozy après bien sûr. Nous le croyons moins quoique étant de gauche, mais laissons médire, il en restera toujours quelque chose. Sarko, après tout c’est Attila. Aetius et ses confédérés vont le rencontrer aux Champs catalauniques sans tarder pour lui fiche la dragée, l’université d’été du PS à la Rochelle prépare le combat final.

Et bien ça n’a aucune importance ! Sarko-Attila éliminé, les choses resteront exactement comme avant ! : vous n’existerez pas plus, au max serez-vous une ombre, un ectoplasme, une formelle virtualité. Tout le système est finalisé pour ça. Les médias, la presse, la télé sont là, gate keepers, pour filtrer et canaliser. La police, la DGST, n’en peuvent mais., comparativement ils constituent une sorte de rigolade.

Donc comment fonctionne le truc ? Depuis toujours tu as eu des princes et des fées, mais dans le temps jadis c’était en nombre limité. On avait alors des livres d’images, pas des tapées de chaînes de télé privées, des journaux à la chthon et des magazines fortement fessiers sur papier glacé. Deux choses importantes, trois peut-être, expliquent le processus gate keepers, bref en français le truc des chiens de garde comme dirait Serge Halimi.
 1° Les journaux (les télés) sont tous (toutes) la propriété de groupes financiers qui n’y gagnent pas un rond, tu vois déjà si c’est suspect.
 2° De plus en plus de journalistes ont fait Sciences-po, garantie soi-disant de leur niveau, ça c’est pas non plus a priori du pot.
 3° Un journaliste enfin reflète ses convictions, ses illusions, ses préjugés, c’est donc dans le fond un possible brave type maladroit qui ne fait pas forcément du mal, du moins sciemment et volontairement, ... Mais le drame du journaliste fondamentalement, c’est qu’une fois parti tu peux pas l’arrêter, il est obligé de parler sans arrêt, son métier exclut les trous. Il a besoin d’un sujet. Intéressant forcément, il doit donc le surdéterminer, il a besoin d’un porteur du sujet, idem il doit le couvrir d’or (plus exceptionnellement de merde, mais il serait évidemment absurde de couvrir les pédophiles d’or.)
 4°Enfin il y a nous les récepteurs, les auditeurs, et là force est de dire que l’esclavage admiratif est volontaire et que ce fait massif est un mystère. Là, on en revient nous les péquins aux princes, princesses et fées des temps premiers. Sauf que dans les temps premiers ils connaissaient très bien la chanson. A l’Assemblée grecque on exilait une fois par an les gens les plus célèbres. A Rome, on nommait dix tribuns de la plèbe qui étaient sacro-saints et défendaient le peuple. Leur autorité supérieure à celle des magistrats et même des consuls leur permettait de sortir les pauvres mecs coincés à tort dans des prisons, de conspuer les salauds prévaricateurs et à l’occasion de les pousser dans le vide de très haut. Bon ben manque de chance on n’en est pas là aujourd’hui à ce degré d’avancement de la démocratie.

En fait nous ne sommes pas dans une démocratie nous sommes dans une aristocratie extrêmement travaillée. Les vedettes qui nous dépassent de plusieurs têtes et nous infligent leur vérité sont de plusieurs catégories, il y a les membres de l’Institut mais eux on les voit pas, ce sont au plus des faire valoir pour les autres, les autres sont top model, acteurs-actrices de cinéma, députés, ministres, chanteurs, poutes de service males, females, shemales, il y en a même produits directement pas la télé, c’est te dire dans quelle merde globalement on est !

3° Conclusion : Ce qu’il nous reste à faire

Bon, résumons-nous : dans cette aristocratie des médias qu’on nous fait en lieu et place de la démocratie il y a ceux qui sont dans la lumière, qui existent, et ceux qui n’y sont pas et qui n’existent pas. Après la révolution des droits, (l’initiale), après la révolution sociale (pas terminée), il y a maintenant la révolution médiatique qu’il faut envisager. Elle est un peu engagée grâce à l’internet qui a liquidé la presse traditionnelle en deux temps trois mouvements, n’empêche vous n’existez pas encore vraiment !. C’est que l’image au trait forcée passe encore de tous côtés et dans sa genèse ne vous appartient pas. On vous fait Star-academy, Koh Lanta, l’Ile de la tentation pour vous faire patientez. Peut-on espérer qu’à La Rochelle les socialos -qui veulent se réformer- viennent à y penser. Logiquement la seule conduite effective serait qu’ils se sabordent, mais bon faut pas être inhumains, on peut pas leur demander.

Nous ce qu’on pourrait faire c’est un très injuste mais efficace "club des antifans". L’opposition qui est contre tout montre le chemin, nous-même citoyens soyons contre tout ce qui brille et qui n’est pas exactement nous : Halte aux films qu’on vous vend publicitairement le mieux, halte à la musique, halte aux politiques, halte à tous les cons et connes siliconés !

Nous pronons dès à présent une Assemblée nationale nouvelle dans une constitution nouvelle : 30 000 inconnus tirés au sort comme à Athènes, payés au tarif de la médiane nationale des salaires (tu vois si c’est pas chien !). On commence par se battre là-dessus, raidement de leur propre initiative les actuels parlementaires te résolvent les trois problèmes de la démocratie : le droit, le social, l’image de soi du citoyen lambda. Mais on parie volontiers que vous avez d’autres idées à proposer sur la question.

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Les pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
 http://ocsena.ouvaton.org
 ocsena.org@wanadoo.fr

Messages

  • "30 000 inconnus tirés au sort comme à Athènes, payés au tarif de la médiane nationale des salaires"

    Mais pourquoi 30 000 inconnus ?

    Et pas 500 000 , voire 5 000 000 ?

    Et d’abord, pourquoi pas moi ?

    L’analyse n’est pas bonne selon moi, quand je regarde TF1.

    Il s’agit en fait de 60 000 000 000 de personnes tirées au sort, tous les jours.

    Le truc pourrait être efficace, tous les jours, le roi des français en direct sur TF1.

    Vous basez votre système sur une representativité restrainte, et c’est justement cela qui favorise le penchant monarchique.

    Bon sang, une bonne fédération anarchiste de communes, cela fait 36 000 communes, et cela marcherait sans tirage aléatoire.

    jyd.

    • Bonne observation, pourquoi 30 000 ? Par facilité et habitude, parce qu"’a Athènes ça devait être le chiffre, et que le stade de France doit avoir aussi des limites. En fait, grace à internet on doit pouvoir dans 10, 20, 30 ou 40 ans, établir de nouvelles bases à la représentation nationale. Il neserait d’ailleurs pas surprenant que le concept de représentaion soit alors complètement dépassé.

  • L amour , ça s’entretient : il ne se nourrit pas de rien.
    C est un cadeau .. encore faut -il être prêt à le recevoir.
    Il est unique mais pas à sens unique.
    Il ne se décline pas à l’identique à d’autre partenaire sur aucun site.

    Et puis les 60 kgs de beef supplt , je les laisserais passer ; je m’effacerais par dégoût plus que par crainte..

    Et , au caviar, je préfère ma sardine à l’huile.

    Pour le reste du discours , je suis d’accord..c’était d’ailleurs le véritable sujet.