Accueil > Le tourisme en France et la question des chiottes (zaz)

Le tourisme en France et la question des chiottes (zaz)

Publie le mercredi 29 août 2007 par Open-Publishing
13 commentaires

Avertissement : Comme le lecteur le sait en principe déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière de faire spécifique, disons délibérément décalée : mais afin d’être plus perspicace et juste dans le traitement politique des questions relatives à ce pays. Zaz est, oui oui, zaz est une philosophie.

...........................................

Savoir que le tourisme est notre première industrie nationale constitue toujours un élément de fierté et de grande satisfaction, savoir que nous sommes les premiers au monde en ce domaine, et ce malgré nos chiottes, constitue en second un élément de grande honte crasse et de stupéfaction.

On laissera à chacun la définition des raisons exactes expliquant l’intérêt des étrangers pour notre pays. Est-ce la modicité des prix, la beauté des paysages, des monuments, la qualité de l’accueil ? Mystère ! On peut douter que l’accueil soit déterminant malgré d’incontestables progrès depuis un rapport officiel meurtrier des années 80, dont sans doute certains se souviennent. Les Français faisaient la gueule, et principalement dans l’hôtellerie-restauration, cela filait l’impression désagréable dès le débarquement que ces gens natifs pas souriants crachaient dans la soupe à tout instant.

Le ministère du tourisme, sur la distance, a peut-être servi à quelque chose. On aurait aimé qu’il travaille encore : sur la pizza italienne au feu de bois, qui fait beaucoup de tort à l’Italie, et sur la moule marinière qui, cuisinée, pourrait gagner en qualité, on dit ça surtout pour l’honneur de la mytiliculture hexagonale qui mérite la sympathie.

Mais enfin, les chiottes ! OK, Paris est crade, ça ne se prouve pas, ça se voit de visu, ça nous a valu l’heureuse dispense des Olympiades de 2012, ça nous vaudra d’être dépassé touristiquement en 2020 par la Chine (si si ! c’est prévu) et les Etats-Unis ? Mais les chiottes ! les chiottes !

Au Ritz, ça peut aller, au Meurice aussi et quelques happy few encore, c’est assez acceptable (sans plus) dans un nombre circonscrit des établissements, mais partout c’est tout simplement abominable ou à la limite de ce presque abominable. On pourrait vous faire sur leurs toilettes un Go et Millau des cafetiers, tauliers et autres bougnats français, ce ne serait à coup sûr pas l’excellence. Tu vois ça sitôt que tu pisses à Roissy, tu frémis Gare du Nord en descendant de l’eurostar, tu te pinces à Saint-Lazare, Deauville, au Parc paysagé de la Villette où l’autre jour à midi, un samedi pourtant, deux hollandaises faisaient douloureusement tapisserie parce la porte des gogues étaient incompréhensiblement fermée.

Si nous étions vraiment salauds, on donnerait ici quelques adresses précises à Paris où l’entrée de la cuisine à réchauffer les plats jouxte l’entrée du pissoir à refroidir la pression. Bien sûr le prix du mètre carré étant ce qu’il est, on comprend les contraintes des pauvres cabaretiers qui ne demanderaient sans doute qu’à bien faire.

Encore ce point reste-t-il à examiner de près, il y a peut-être, mine de rien, un problème grave de culture : Comment attendre des professionnels français un effort significatif si personne en haut lieu n’appelle leur attention. On sait maintenant mesurer l’alcoolémie ambiante dans les voitures aussitôt qu’on tourne la clé de contact, on ne sait pas graduer exactement l’odeur de merde dans les waters.

Notons que ça s’améliore pour les chiens, ça se dégrade pour les humains. Les sanisettes Decaux sont des catas depuis les quelques mois qu’elles sont gratos, la sanisette lavée pue à trois mètres, la sanisette "en retard" pue à plus de trente mètres, ok on exagère ! mais la vérité c’est qu’il devient mariole de pouvoir ou vouloir s’asseoir sur la lunette. "Faire", à Paris est dans tous les cas une question de volonté.

Le chiotte, la chiotte si vous êtes grammaticalement puriste, entre, selon nous, dans la sphère du para-touristique. On devrait foutre le paquet. Y a de l’emploi, modeste en terme de revenu, mais en grand nombre possible dans le métier de dame pipi. L’idée de Ségolène d’instaurer un service civil ou militaire sur une base volontaire était une excellent affaire à condition de bien valoriser. Si tous les étudiants passant du théorique à la pratique dans le service civil avait eu la promesse d’un bonus de 3 à 10% de leur notes en faculté en fonction de leur activité et de la pénibilité de cette activité, on aurait sans doute comblé une part non-négligeable du besoin en grutiers, terrassiers au marteau-piqueur, et bien sûr en dames pipi.

Le problème du chiotte c’est qu’il n’y a peut-être pas encore eu de drame explicite, comme il s’est produit dans le manège, l’ascenseur, l’incendie, l’épidémie de vache folle, la fièvre du canard ou la pédophilie. Sinon nous sommes sûr que le gouvernement aurait pris les mesures appropriées. La Présidence elle-même, très battante, serait montée au filet.

Nous tenons à leur montrer les dangers potentiels qui sont liés à la tenue des chiottes. Il y a une trentaine d’années quand il y avait encore l’armée, la bonne manière pour se faire reformer, on peut le dire maintenant, consistait à passer deux fois sa langue dans une cuvette publique. Il est vrai que certains en sont morts mais ça ne s’est pas su. "L’Association Terres d’union entre les hommes" prévoit un colloque du plus grand sérieux en mars 2008 à Paris sur le thème "Fèces dans le Monde, la pollution himalayenne". Vous étiez informés de la pollution des nappes phréatiques par les lisiers porcins, vous ignoriez le problème spécifiquement humain de la question (voir dans les deux cas, "féces" et "phréatique", dans l’inestimable wikipedia.)

Autour des treks himalayens, malgré toute la prudence des agences de voyages, notamment les françaises, il y a trop de solutions maintenant insuffisantes, sachez que vos fèces, mises dans un trou, recouvertes de cailloux, descendent massivement à la saison des pluies ou la mousson vers le Gange, le Fleuve jaune, le Mékong, et vous savez ce qu’on y élève dans le Mékong ? on y élève des poissons. Je vous dis pas les autres nuisances.

Amis, pour la défense de la planète, pour le climat, pour la santé, la gestion sanitaire, olfactive et visuelle des chiottes de France est devenu un vrai problème. Nous demandons, après la musique, la Nuit blanche, la Gay pride, la visite gratuite des monuments historiques, après bien d’autres manif. si utiles et percutantes, que soit inauguré en France bien que tardivement une grande journée française des chiottes de chez nous. On pourrait l’appeler, on dit ça au hasard, la "Journée des chiottes fleuries qui sentent bon".

..................................

Les pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
 http://ocsena.ouvaton.org
 ocsena.org@wanadoo.fr

Messages

  • J’apprécie beaucoup votre ton humoristique, néanmoins, il y a un sacré problème.... Paris est l’une des villes les plus touristiques du monde, et proposer des toilettes propres devrait quand même être possible. Je suis toujours étonnée de ce que l’on trouve dans des sites publics ou privés à l’étranger, en particulier en Allemagne, en Italie et en Espagne, et à ce que nous proposons en France. J’avoue que j’ai souvent regretté de ne pas porter de couche-culotte dans les toilettes dégueulasses de certains musées ou simplement de certaines brasseries parisiennes !

  • BESOIN URGENT , ?

    Franchement, y en a qui ont le Pif délicat : question de " milieu " ?

    On peut certainement améliorer ces " lieux d’ aisance " : mais à force d’aseptiser l’on devient hyperallergique et moins résistant aux microbes : d’ailleurs, qui attrappe "l la Tourista " ?

    Neutraliser " l’odeur " ? : les déodorants sont toxiques et polluants ! et ces " parfums "de synthèse sont des trompe-couillons....

    Puisque ça ne freine pas l’afflux des touristes, qui apprécient par ailleurs d’autres centres d’intérêt,, franchement , il y a des besoins plus urgents Non ?

  • il y a un bien plus grand scandale que les nuisances olfactives : n’est-il pas dingue à notre epoque de chier dans l’eau potable comme nous le faisons tout les jours ? (à part les copains ecolos ayant installé des chiottes seches)
    le pire, c’est qu’en plus d’y faire nos besoins, nous y rajoutons des produits chimiques "contre les odeurs".
    on peut en rire. mais il faut bien se rendre compte de ce luxe incroyable : nous chions dans de l’eau potable alors qu’une grande partie de l’humanité n’y a pas accés pour se desaltérer.

    • Beaucoup d’entre nous, moi le premier, se sont follement amusés avec le film cartoon américain "Ra tatouille". Mais au second degré, quelle critique implicite de l’hygiène française dans les grands restaurants les plus cotés !

    • Et c’est un journaliste anglo-saxon qui a pu écrire sur Paris, "A Year in the merde" sans qu’il y ait rien rien à redire.

    • Le tourisme en France a battu tous les records cet été !

      Apparemment les agences de voyage n’exposent pas le désagrément des toilettes en France au point de dissuader les touristes ...

      " mais la classe politique n’en a pas conscience "

      Bigre ! : comment font nos ministres, député-e-s et Président, lorsqu’ils se déplacent, vont aux inaugurations, visitent nos institutions ... pour " se soulager " - ?

      Ont-ils des toilettes portatives et individuelles ?

      Pourquoi nos élues et candidates - plus sensibles et concernées par ce problème n’en évoquent jamais l’urgence ?

      Voilà un cheval de bataille fédérateur pour les prochaines élections municipales : Des toilettes propres et parfumées pour tous !

      A moins que l’on suggère - comme c’est amorcé en Chine - de développer la transformation des matières fécales en méthane, et produire de l’électricité .... NC

    • Oui, ils ont des toilettes privées. Par exemple, j’ai pu assister à l’inauguration de l’Arche de la Défense (mon mari ayant travaillé sur ce chantier, son entreprise a été invitée) et bien, il y avait en effet des toilettes privées au dernier étage, réservées aux hôtes V.I.P (dont le Président de la République de l’époque, c’était en 1989).