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Cesare Battisti : Lettre ouverte à M. Perben, garde des sceaux

Publie le mercredi 17 mars 2004 par Open-Publishing

Au delà de ce qui a déjà été dit par une multitude de personnes scandalisées par l’arrestation de Cesare Battisti : respect de la parole de l’Etat (et non pas de celle de François Mitterrand), respect des décisions de justice (il a été déclaré non-extradable en 1991), respect du droit d’asile..., il me semble utile d’attirer votre attention, Monsieur Perben, sur la situation d’une petite fille de 9 ans, une des deux filles de Cesare Battisti. Si par malheur son père venait à être extradé vers l’Italie, vous imaginez facilement ce que cela signifierait pour elle de tristesse, d’angoisse et d’incompréhension. C’est une amie de ma fille, j’ai pu en mesurer l’ampleur.

Vous allez me répondre que son père a pris ses responsabilités en la concevant. Il savait ce qu’on lui reprochait en Italie, etc... Eh bien non, justement ! L’Etat français et la justice française lui ont dit : sous réserve d’abandon de toute action politique violente (ce qu’il a fait), vous ne serez pas extradé, vous n’êtes pas extradable ! Il a même fait plus. Etant écrivain, il a dans ses livres et à travers ses propos publics contribué à une analyse historique des « années de plomb » dans le but d’éviter à la jeunesse d’aujourd’hui de tomber à son tour dans le piège de la violence politique.

Il a donc décidé avec sa femme d’avoir cette petite fille en ayant l’assurance des pouvoirs publics de rester en France et d’y élever sa fille.

Alors, Monsieur Perben, cette petite fille ferait-elle partie d’éventuels « dégâts colatéraux » justifiables par la raison d’Etat ? Mais de quoi parle-t-on ? S’agit-il de prévenir une guerre, de sauver des milliers de vie, d’empêcher un nouveau génocide ou d’éviter de futurs attentats terroristes ciblant des victimes innocentes ? Non ! Alors, quel accord politique avec l’Italie peut-il justifier cela ? En démocratie, les décisions de justice s’imposent à tous, me semble-t-il. L’ignorer ne peut conduire qu’à une dérive anti-démocratique et autoritaire du pouvoir. Ce n’est pas vous, Monsieur le Ministre, qui allez me contredire sur ce point. Ou alors, ce serait le signe qu’en France nous ne sommes déjà plus en démocratie et il deviendrait nécessaire d’en tirer toutes les conséquences !

Cette petite fille française est née avec l’assurance des pouvoirs publics français d’être élevée par ses parents. C’est un problème d’éthique et un devoir démocratique. Il n’y a pas à revenir là-dessus à chaque alternance politique. Annulez cette demande d’extradition que vous avez initiée et libérez Cesare Battisti.