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Travailler aux convergences des alternatives au capitalisme néolibéral

Publie le lundi 17 septembre 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

TRAVAILLER AUX CONVERGENCES DES ALTERNATIVES AU CAPITALISME NEOLIBERAL

Mon propos altermondialiste concerne non seulement ATTAC et toutes les organisations syndicales de salariés et associations se réclamant de la Charte des Forum sociaux mais aussi les forces politiques ayant dans leur programme un corpus sérieux d’une réelle transformation sociale, attesté par des mises en application pratiques donc une histoire . Autant dire d’emblée que cela ne concerne que marginalement le PS mais que la plupart des autres organisations politiques à la gauche du PS ont vocation à se dire altermondialiste et à agir pour travailler aux convergences des alternatives.

Le mouvement altermondialiste global (au-delà d’ATTAC) s’il est bien et s’il veut toujours être antisystémique se doit de répondre à la triple crise qui frappe les peuples de la planète, à défaut il ne fera que de participer à la reconduction du capitalisme sous une autre forme que l’actuelle. Nous avons nommé ailleurs une telle participation correctrice comme "altermondialisation", un processus réel différent de l’altermondialisme.

 I - LE MOUVEMENT ALTERMONDIALISTE COMME MOUVEMENT ANTISYSTEMIQUE

 L’ALTERMONDIALISME n’est pas L’ALTERMONDIALISATION. L’altermondialisation comme processus reste dans le flou théorique et pratique qui caractérise un mouvement sans but ou un mouvement vers plusieurs mondes aux marges du système capitaliste. L’exemple en est donné par le néosolidarisme de l’Economie sociale et solidaire (ESS) ou celui du « commerce équitable ». Ces pratiques sociales dans la mesure où elle refuse la perspective d’un « autre monde » (par non affiliation à ATTAC organisation « globale ») s’inscrivent dans une nouvelle version du solidarisme du début du XX ème siècle qui à l’époque refusait d’aller vers le socialisme.

 LE DEFAITISME de l’altermondialisation abandonne, tel le dernier Miguel BENSSAYAG, la pensée d’un « autre monde » possible, car l’hégémonie des dominants est trop forte. Cet abandon se traduit par la seule participation aux luttes circonscrites, sectorielles visant la promotion d’un monde moins injuste, un peu meilleur. Ce défaitisme n’est que conjoncturel. Le sparadrap n’est pas à la hauteur de l’ampleur de la blessure sociale et écologique. Laissant opérer les tendances lourdes destructrices l’altermondialisation se borne à améliorer le système dans ses marges. C’est un choix qui n’est pas explicitement que je sache celui d’ATTAC .

 NOS TACHES : En fait, le mouvement altertermondialiste (dont ATTAC) comme force antisystémique se doit donc de comprendre la crise globale actuelle dans toutes ses dimensions pour y répondre, y répondre non seulement en s’opposant, en « contre », ce qui est bien souvent le premier pas des mobilisations nécessaires mais aussi "en pour", par des propositions dégageant des alternatives réelles, des "ruptures franches" (Manifeste d’ATTAC) et non de simples aménagements du système. Il travaille aussi aux convergences des mouvements sectoriels, à objet statutaire limité mais qui ont conscience que ce qu’ils veulent – le non racisme, le non sexisme, etc…- ne se réalisera pleinement que dans une autre société.

 AUTRE CHOSE TOUJOURS ! Le mouvement altermondialiste n’est donc pas sur sa fin puisqu’il est parti prenante du mouvement réel, composé (outre les forces institutionnelles françaises citées en introduction) pour l’essentiel du salariat mondial (en expansion), qui veut non pas un "altercapitalisme" qui reconduise sous des formes nouvelles la domination du capital mais "un autre monde" ou la financiarisation, la marchandisation et la "discipline d’usine" seront très marginalisées au profit d’autres logiques fondées sur la pleine démocratie (l’alterdémocratie), la solidarité, l’appropriation publique et sociale, l’alterdéveloppement (celui des valeurs d’usage et non des valeurs d’échange).

 II - LES DEGATS SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX PROVIENNENT D’UNE TRIPLE CRISE DU CAPITALISME NEOLIBERAL

Je ne fais ici que de donner en quelques lignes l’accroche de l’analyse de Gus Massiah sur la situation internationale évidemment complexe. Les liens suivent…

 1 LA CRISE DU MODELE NEOLIBERAL : le néolibéralisme est une des phases de la mondialisation capitaliste. La mondialisation n’est pas nouvelle, elle débute au 13 / 14 ème siècle (F Braudel ) mais dans son déploiement historique elle n’est pas figée, identique. Elle est marquée par des phases différentes. Le capitalisme se déploie sous forme de cycles courts et de périodes longues séculaires. La période néolibérale succède en 1980 à la période keynésienne ou fordiste. Ce n’est pas le même capitalisme que nous devons combattre. La crise financière actuelle ne ressemble pas aux crises financières du XX ème siècle, elle a des spécificités qui sont caractéristiques du capitalisme néolibéral actuel (voir par exemple la vidéo de Gérard DUMENIL sur le site d’ATTAC France).

 2 LA CRISE DU SYSTEME GEOPOLITIQUE MONDIAL essentiellement celle de l’hégémonie américaine. Voir le monde capitaliste sous forme de croissance avec des crises ponctuelles revient à se masquer la longue durée des crises, la durée des dictatures et des guerres. La crise n’est pas un accident mais elle fait partie du système tout comme le militarisme. Sous l’angle de la domination militaire nous assistons à la crise de l’hégémonie des Etats-Unis, une crise qui a connue plusieurs phases depuis la fin du système soviétique en 1989/91. Peser sur les derniers avatars de cette crise est essentiel.

 3 LA CRISE ECOLOGIQUE, celle du caractère extensif à l’infini, sans limite, du mode de production, d’échange et de consommation marchande ayant des effets très nuisibles pour la planète.

Outre le nécessaire travail d’éducation populaire à assurer il y aussi à construire ensemble malgré les désaccords une opposition aux attaques du néolibéralisme en France avec N. Sarkozy comme en Europe et dans le monde.

Christian DELARUE
Membre du Conseil d’Administration d’ATTAC France
Secrétaire national du MRAP
Syndicaliste CGT aux Finances

Pour aller plus loin sur cette crise consultez les interventions filmées lors de l’Université d’été d’ATTAC à Toulouse
Introduction : situation internationale, crise de l’hégémonisme Etats-unien et mouvement altermondialiste
Par Gustave Massiah et Pascal Boniface

Voir les deux vidéos via les liens ci-dessous :
 Celle de Gustave Massiah
http://www.france.attac.org/spip.php?article7370
 Celle de Pascal Boniface
http://www.france.attac.org/spip.php?article7360

Messages

  • la revolution avec un petit "r" commence à l’echelle de l’individu en changeant son mode vie, tout en etant solidaire en partageant le savoir, l’experience et bien entendu les richesses, mais commençons par le debut...changeons nos modes de vies, faites vous à manger, prenez le temps,plus se reapproprier son temps,marcher, prendre son velo, mais surtout arretons la course cela conduit droit dans le mur...on le voit tous les jours

  • Attac est précieux actuellement car cette association par certains aspects de son activité remplit une partie des tâches que ne remplissent plus ou pas encore à nouveau, les partis de la gauche réelle (faute de forces), c’est tout le travail d’élaboration sociale, d’éducation sociale et de lieux de rassemblement .

    Le travail de constitution d’un espace social de réflexion, la bataille pour en maintenir le périmètre et le ré-agrandir est indispensable actuellement. ATTAC s’essaye à ce travail.

    C’est bien.

    Copas

    • Il y a besoin d’articuler l’éduc pop d’ ATTAC et la convergence des luttes et des alternatives et de le faire « jusqu’au bout ».

      La « gauche » - au sens des militants des partis et les élus politiques qui portent le combat démocratique, solidaire social, écologique, laïc, féministe - est en crise, une crise de représentation profonde. Aucun parti de gauche à lui seul ne peut offrir « la » solution. Je vous épargne le tour d’horizon des différentes forces de gauche. Le salariat et le peuple en général ne se retrouve ni dans l’abandon de perspectives de transformations sociales conséquentes de la part de l’ex gauche plurielle et surtout du PS ni dans la radicalité protestaire des partis antisystème. Face à la droite ils sont dramatiquement piégés.

      Que faire pour débloquer la situation ? Travailler ensemble aux convergences des alternatives me semble un premier pas. Les luttes et les résistances sont nécessaires et même indispensables mais régulièrement on remarque qu’à elles seules elles ne sauraient offrir une perspective. Il faut articuler les démarches de changement celles du mouvement social et celle des partis. Le mouvement social altermondialiste doit pousser les partis candidats au pouvoir politique à travailler ensemble pour représenter le peuple et satisfaire les besoins de la population, le tout en réduisant tant que faire se peut la démarche délégataire.

      Christian Delarue