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"C’est votre guerre, ce sont nos victimes"

Publie le jeudi 18 mars 2004 par Open-Publishing

De Checchino Antonini

Tout est prêt pour le cortège du 20 mars en faveur du retrait des troupes
de l’Irak
Ce sont les petits cars des caravanes qui ouvriront le cortège de samedi prochain à Rome à l’occasion de la journée mondiale fixée par les pacifistes Usa pour le retrait des troupes d’occupation de l’Iraq. Cousus ensemble, défileront les milliers de drapeaux arc-en-ciel avec les signatures recueillies durant ces trois semaines de voyage en Italie, à la recherche des trois millions du 15 février de l’année dernière, des autres millions qui ont mis aux balcons les couleurs de la paix, symbole de la réconciliation de la terre avec le ciel. Comme l’arc-en-ciel, justement, qui apparaît après les grandes pluies.


Jusqu’à tard le soir dans l’entresol de corso Italia, siège de la Cgil, le comité Fermiamolaguerra (=arrêtons la guerre, Ndt) s’est affairé à l’installation de l’estrade (où prendront la parole, entre autres, une proche des militaires Usa, la mère d’un refuznik israélien et un palestinien, une femme du Congo, une Kurde et les représentants des Caravanes) et des parties du cortège le long du parcours (de Piazza Barberini au Circo Massimo, en passant par l’Esedra et piazza Venezia), avec les inscriptions sur les trois banderoles du début, dont l’une sera en castillan, identique à celle
qui défilera à Madrid : "No a la guerra y al terror". Et, bien sûr, avec le document unitaire qui sera lu à la fin du cortège du 20 mars, un an après le début de la guerre. Sur les banderoles d’ouverture, on rappellera le mot d’ordre - "Les troupes dehors, l’Irak aux Irakiens" - et, encore, "C’est votre guerre, ce sont nos victimes de Bagdad à Madrid et dans le monde". Pour les détails, il faudra attendre la conférence de presse de jeudi où interviendront (comme ils le feront également le 20 mars, sur l’estrade) Milagros Hernandez du Forum Social madrilène et Phyllis Bennis de la coalition pacifiste Usa. "Il convient de multiplier les efforts pour amener à Rome le plus grand nombre de personnes - signale Alfio Nicotra,
responsable Paix de Refondation communiste - Berlusconi craint le mouvement et se doute que la réussite de la manifestation minerait à la base sa politique de sujétion à la doctrine Bush. Nous demandions le retrait des troupes avant le massacre de Madrid, nous le demandons aujourd’hui avec plus de force, non pas parce que nous cédons à la terreur mais pour qu’il lui soit répondu par quelque chose qui puisse évacuer les gisements de haine".

Comme en Espagne, d’ailleurs, où l’imposante mobilisation populaire a manifesté en criant "Ce sont nos morts, c’est votre guerre. La même inscription que sur la banderole brandie, hier après-midi à Rome, face à l’ambassade espagnole de Piazza di Spagna. Une manifestation, celle-ci aussi, en prévision du 20 contre "l’intoxication de l’information" et les magouilles bipartisanes, convoquée aux côtés du peuple de Madrid. Ils sont là à protester avec des drapeaux arc-en-ciel et basques :
militants verts, représentations syndicales, Cobas, Désobéissants et Prc tandis
que, sur le trottoir, des fleurs et des messages signalent l’implication de milliers
de Romains et d’Espagnols de Rome pour la tragédie de la gare d’Atocha. Un feuillet
vert, posé avec soin pour ne pas être trempé explique en castillan qu’aucune
patrie ni aucune religion ne méritent le tribut d’une seule vie. Dans la petite
foule, Mayo, activiste de Barcelone de 28 ans, raconte à Liberazione l’expérience
de la mobilisation contre la guerre dans sa ville où, déjà dans la manifestation
officielle promue vendredi dernier par le gouvernement, le représentant du parti
de Aznar a été éloigné parce qu’il a voulu faire la guerre aux côtés de Bush.
Samedi, veille des élections, théoriquement on n’aurait pas pu manifester mais
par une chaîne de mails et de sms, nous sommes arrivés à organiser un cacerolazo,
partis à 500 et arrivés à 10000 sous le siège local du Pp", dit Mayo qui défilera à Rome
le 20 mars pour témoigner de comment la réaction à la guerre peut s’étendre bien
au-delà de toutes les forces les plus radicales.

En attendant, les Caravanes continuent à circuler à travers l’Italie. Hier, l’une
d’elles est arrivée dans les Abruzzes où, aujourd’hui, les pacifistes contesteront
Hulliberton, multinationale compromise dans le business de guerre, dont le siège
est à Ortona.

Du côté de la polémique déclenchée par la proposition d’une manifestation bipartisane
au Capitole exclusivement contre le terrorisme, on enregistre que le milieu des
girotondi se démarque du rendez-vous convoqué au Capitole par le maire de Florence.
Tabucchi, Pancho Pardi, Gianfranco Mascia, Lidia Ravera, Vattimo et Flores d’Arcais
mais aussi Patta de la minorité Cgil ont fait connaître leur opposition à manifester
avec le gouvernement de guerre tandis que se multiplient en Italie les réservations
pour les trains spéciaux, les adhésions institutionnelles (pour n’en citer qu’une,
celle du gouvernement municipal de Crémone) et les initiatives (aujourd’hui à Rome,
Termoli, Naples, Foligno, Turin, Milan, Livourne) de préparation du 20 mars.

Liberazione
traduit de l’italien par karl et rosa.

18.03.2004
Collectif Bellaciao