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Parti de la gauche européenne : les enjeux du 2ème congrès du PGE

Publie le mercredi 19 septembre 2007 par Open-Publishing
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Le deuxième Congrès du Parti de la gauche européenne va avoir lieu les 23, 24 et 25 novembre, à Prague.

de GAU Jean-François

Notre parti est un des membres fondateurs de ce parti européen encore tout jeune (qui a été créé, rappelons-le, il n’y a que trois ans et demi) et il participe activement à tous les aspects de sa vie. Mais ce n’est pas d’abord par “ obligation ”, pourrait-on dire, tenant à notre statut au sein du PGE, que nous allons apporter notre contribution à la préparation et à la tenue de son congrès : cette échéance est à nos yeux une date importante, pour nous et pour la gauche en Europe.

Un enjeu pour le PCF

D’abord pour notre propre parti. Ce Congrès du PGE va se tenir quinze jours avant notre congrès extraordinaire. Ce pourrait être ressenti comme une complication ; nous avons toutes les raisons au contraire de considérer cela comme un atout.

Nous sommes toutes et tous conscients que les enjeux européens ont pris et vont continuer à prendre une dimension essentielle en tout domaine. Nous ne le découvrons pas, ni n’avons tout à inventer : nous avons collectivement construit un socle solide et à bien des égards nouveau à notre réflexion et à notre action au moment de la bataille pour le “ non ” au référendum de 2005. Mais c’est un socle, une base et il est évident qu’il nous faut beaucoup construire, progresser pour répondre aux questions cruciales posées. Par exemple :

Comment les forces capitalistes travaillent-elles à l’échelle de l’Union européenne et dans chaque pays membre les réalités, les contradictions nées de leurs politiques libérales et militaristes ? et comment les travaillons-nous nous-mêmes ? Par quelles actions d’explication, quelles mobilisations allons-nous faire monter l’exigence d’un débat et d’une consultation populaires sur le nouveau traité que les dirigeants européens veulent imposer dans la précipitation et dans le secret ?

Comment, pour quels objectifs, par quelles actions faire prévaloir la solidarité contre la mise en concurrence des peuples, ceux de l’Est contre ceux de l’Ouest, les peuples européens contre ceux d’Afrique ou d’Asie ?

Comment faire reculer le doute croissant sur la possibilité même d’alternatives politiques réelles dans nos pays européens : quel projet et quel combat transformateurs correspondant au changement d’époque que nous vivons (que vivent la société, l’Europe, le monde) ?

Ces questions, qui sont au cœur de la réflexion que le congrès extraordinaire nous invite à mener, sont celles que le Congrès du PGE se propose de traiter. Son premier congrès, à Athènes, il y a deux ans, avait adopté de grandes propositions pour changer l’Europe et des axes d’action. Ce deuxième congrès se fixe pour objectif d’examiner les obstacles, les atouts et donc les actes politiques à produire pour que la Gauche européenne soit “ capable de façonner et d’influencer la réalité ”.

Un projet de thèses politiques, auquel nous avons bien sûr contribué et dont le texte finalisé (mais en anglais…) doit nous parvenir aujourd’hui, va être soumis à l’appréciation des partis membres. Ce texte s’efforce d’abord de partir des réalités : des crises nées des politiques libérales et de la stratégie de guerre préventive, crises qui affectent tout le corps social, le projet européen en tant que tel et les perspectives de changement ; des potentiels mais aussi des limites des luttes et des mouvements sociaux ; de la volonté des dirigeants européens, illustrée par le nouveau traité, de poursuivre dans la même voie et de la nécessité d’une refondation de l’Union européenne. Il traite ensuite de ce que doit être l’intervention du PGE “ pour contribuer activement à changer ” au travers de deux grands dossiers : “ La mondialisation capitaliste et l’Europe ” et “ La guerre permanente et le mouvement pour la paix ”. Enfin, ce projet de texte décrit les grands axes de propositions de ce que pourrait être “ un nouveau modèle social, démocratique et écologique ”.

J’ai parlé d’atout pour notre propre réflexion, pour nos débats et notre travail. Cela en est un, je le pense, le fait que vingt-neuf partis de vingt et un pays (associés au sein du seul parti européen qui se soit prononcé pour un non de gauche au traité constitutionnel et qui agit pour que l’Union européenne soit refondée en rupture avec ses politiques et institutions libérales) apportent dans une élaboration commune leur point de vue et leur expérience à la construction de réponses à ces questions cruciales auxquelles nous sommes, comme eux, confrontés.

Cela ne peut que nous enrichir.

La Fête de L’Humanité va permettre un avant-goût de cet apport avec la tenue, samedi après-midi, au stand du Conseil national, du débat sur “ Le nouveau traité européen : quel contenu, quels enjeux ? ” et, dimanche après-midi, à l’agora, de celui sur “ Les défis de la gauche en Europe ”, tous deux avec la participation de dirigeants européens.

Un enjeu pour la gauche européenne

Bien évidemment, ce congrès n’est pas seulement un enjeu pour le PCF ! Il l’est aussi, il l’est d’abord pour le PGE et plus généralement pour toutes les forces de gauche en Europe.

Le texte de thèses politiques que je viens d’évoquer n’est pas le texte qui sera adopté par le Congrès. C’est un projet destiné à être complété, modifié par les propositions que feront les partis membres. Ceux-ci ont des traditions, des expériences, des choix politiques divers. Des opinions, des propositions différentes, voire divergentes s’expriment au sein du PGE quant à la conception de l’Union européenne et de son avenir. Cela tient aux réalités et aux histoires différentes qui sont les leurs, je pense notamment aux partis des pays de l’Ouest et de l’Est.

Cela tient aussi à des choix différents, par exemple sur la question de l’union politique de l’Europe : plusieurs partis demeurent fortement attachés à la perspective d’une Constitution européenne et en font même la critique principale qu’ils portent sur le nouveau traité.

Tel qu’il est, le projet de thèses politiques (il suffira d’en prendre connaissance pour le constater) n’est pas un texte du PCF et il n’est pas destiné à le devenir. Ce sera nécessairement un texte ayant reçu l’assentiment de tous les partis membres. Cela ne signifie pas que notre parti n’ait pas une contribution utile à y apporter, qu’il s’agisse de l’analyse de la nature des contradictions actuelles en Europe et des initiatives politiques porteuses d’alternative ou qu’il s’agisse des propositions avancées pour définir un “ nouveau modèle ”, notamment, sans doute (je n’en fais pas une liste exhaustive) de l’éradication du chômage et de la précarité, de la profondeur de la crise sociale, économique et financière, de la paix, des droits et libertés ou du problème décisif d’un nouveau mode de développement.

De plus, ce 2e Congrès sera saisi d’autres questions. Le 1er Congrès avait effectué une évaluation de l’activité du PGE soulignant notamment une insuffisance d’actions communes réelles et débouchant sur une déclaration d’engagement sur de grands axes de luttes et de coopérations. Il faut le constater : cet engagement n’a été que partiellement respecté. La concertation s’est améliorée quant à l’apport du PGE aux mouvements altermondialistes et aux luttes féministes. Un plan de travail a été adopté en juin concernant le nouveau traité européen : il permettra notamment la réunion (sur proposition de Marie-George) du Conseil des présidents à Lisbonne au lendemain du Conseil européen. L’université d’été du PGE, début juillet, en Autriche, avec la collaboration de Transform, a permis des approfondissements et des échanges réellement intéressants. Certains groupes de travail portant sur des questions spécifiques se sont réunis. Mais, à notre avis, il demeure un véritable manque à gagner. L’espace inédit de travail et d’action en commun des forces de gauche à l’échelle européenne que constitue le PGE, qui en est la raison d’être, est très loin d’avoir manifesté tous ses potentiels. Un des principaux apports de notre parti dans la préparation et jusqu’à la tenue de ce congrès pourrait être de formuler des propositions audacieuses de coopération et d’action qui sont un besoin pour la Gauche européenne et pour nous – ce qui doit nous conduire à nous interroger sur la place que nous donnons nous-mêmes à cette action et à cette coopération.. Par parenthèse, c’est particulièrement nécessaire dans la perspective des élections européennes de 2009.

Un autre manque à gagner nous semble concerner l’élargissement du PGE à de nouvelles forces. Cet élargissement est réel : il y avait quatorze partis membres et quatre partis observateurs lors du Congrès fondateur de Rome en 2004 ; ils sont aujourd’hui dix-neuf à être membres et huit à être observateurs. Mais (c’est le sens de nos interventions à chaque fois que cette question est évoquée) des efforts renouvelés sont à faire pour surmonter les réticences, souvent de nature différente, qui font que les partis observateurs ne deviennent pas membres à part entière, que des forces de gauche qui comptent et dont les députés européens sont membres du groupe GUE-NGL (je pense au Parti socialiste des Pays-Bas ou au Parti communiste portugais) demeurent à l’écart du PGE, de même que les partis regroupés au sein de l’Alliance gauche-verte nordique.

Enfin, nous attachons évidemment beaucoup d’importance à ce que ce congrès, qui va se tenir à Prague, donc dans un pays de l’Est, soit perçu comme une main tendue aux forces progressistes de ces pays.

Ce congrès aura également à son ordre du jour des propositions de modification des statuts, adoptés lors du congrès fondateur. Nous ne pouvons évidemment pas être opposés à des ajustements ou actualisations qui peuvent sembler nécessaires, même si, de notre point de vue, les statuts actuels conviennent. Notre position en la matière est déterminée par notre attachement à la définition du Parti de la gauche européenne comme “ association flexible et décentralisée de partis et organisations politiques de gauche européens, indépendants et souverains, qui travaillent sur la base du consensus ”. Il va de soi que nous ne saurions approuver quelque disposition qui, d’une manière ou d’une autre, limiterait cette indépendance de chaque parti.

Enfin, le Congrès aura à élire les instances du PGE : le Bureau exécutif (avec deux représentants, à parité, de chaque parti, désignés par ces partis) ; un président ou une présidente et un vice-président ou une vice-présidente, également à parité (cette dernière fonction n’étant pas exercée actuellement) ; et, si les statuts étaient modifiés en ce sens, ce qui n’est sans doute pas indispensable, un chef du secrétariat ou un secrétaire général. Bien entendu, notre parti aura son avis et son accord à donner sur ces points.

La préparation du 2e Congrès

La préparation de ce congrès est évidemment fonction de cette nature du PGE : une association de partis souverains. Ce sont ces partis qui, chacun pour leur part, vont décider de leur position et qui, ensemble, vont faire les choix politiques. À chacun de décider comment il détermine son opinion. Il ne leur est évidemment pas interdit de consulter leurs propres adhérentes et adhérents. C’est ce que nous proposons pour notre parti.

Le calendrier est le suivant :
 Comme je l’ai indiqué, le projet de thèses politiques doit être rendu public aujourd’hui, 10 septembre.
 Le Bureau exécutif et le Conseil des présidents se réuniront à Lisbonne les 19, 20 et 21 octobre à Lisbonne pour enregistrer les premières remarques des partis membres et opérer les modifications nécessaires qui en découleront.
 Une dernière réunion du groupe de travail sur les thèses (qui réunit des représentants de chaque parti) aura lieu le 10 novembre pour établir, par consensus, le texte définitif qui sera adopté par le Congrès.
 Une réunion de même nature aura lieu sur les statuts.

Pour ce qui est de la contribution de notre parti, nous pourrions procéder ainsi :

 Dès réception du projet de thèses politiques, nous le traduirons en français. Nous n’aurons pas le temps d’en discuter lors de la réunion du CN de jeudi, mais nous pourrons le communiquer, ainsi peut-être que cette information qui précise le mode d’emploi. Ce projet de texte ainsi que le projet de modifications des statuts seront mis à la disposition des communistes dès que possible, par publication sur le site du PCF et dans Info hebdo.

 La préparation du Congrès du PGE par le PCF (c’est-à-dire nos remarques sur ces textes et la désignation de nos délégués à Prague et de nos représentants au Bureau exécutif) pourrait être mise à l’ordre du jour de la réunion du Conseil national des 6 et 7 octobre. Peut-être pourrait-on prévoir une réunion du Comité exécutif, mandaté par le CN, pour formaliser les propositions de notre parti en vue de la réunion finale du 10 novembre ?

 Dans l’intervalle, c’est-à-dire entre aujourd’hui et le 10 novembre, tous les adhérents de notre parti qui le souhaiteront doivent avoir la possibilité de donner leur avis – étant entendu qu’il ne s’agit pas de s’engager dans une bataille d’amendements, ce qui n’aurait pas de sens, mais de porter appréciation sur les questions soulevées et sur le rôle et le développement du PGE. Des dispositions doivent être prises pour que les réunions du CN et du CEN envisagées sur ce point puissent avoir connaissance de ces remarques afin de donner une opinion motivée du PCF. Les réunions régionales en vue du Congrès extraordinaire et toute initiative spécifique pourront être l’occasion d’exprimer ces avis.

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